UTO The night’s due
Comment parler d’un tel EP sans paraître insipide ?
Les mots parviennent difficilement, parfois, à restituer une émotion, une idée qui se retrouverait coincée quelque part au creux de l’estomac. Parce que tout cela n’est pas forcément très rationnel, parce que tout ne s’explique pas toujours.
The night’s due
UTO nous avait déjà pas mal retournés la tête avec son single Black (song of the crow), à revoir ICI. Avec ce 7 titres appelé The night’s due, qui sort le 8 mars chez Pain Surprise, le duo enfonce le clou et nous terrasse. Il réunit, sur cet EP, tous ses savoir-faire pour nous prouver que tout est possible, que nous pouvons mélanger instruments généralement audibles dans la musique classique et tessitures électro, le tout pour former une pop à la fois chatoyante, parfois légèrement angoissante, toujours vibrante.
Aucune faute de goût n’est à déceler dans ce mini-album. La cohésion y est forte, combien même les titres sont très différentes les uns des autres. Sur chacun d’eux, nous retrouvons le même souci de finesse, que ce soit dans les tessitures électro ou dans les orchestrations.
Par exemple, 22 qui ouvre le 7 titres, commencent par un clavier aux sonorités rappelant un ogre de barbarie, avant que ne surviennent quelques bidouilles électros et une flûte (probablement jouée au clavier). Ce même titre se termine par des hautbois (ou clarinettes ?), preuve du soin apporté à la composition des titres.
Voix
Les voix sont également superbement travaillées, qu’elles soient féminines, sur la majorité des titres, ou masculines sur Strange Song (reprenant, au tout début, les quelques mots There’s a strange fruit jadis chanté par Billie Holyday pour créer cette « chanson étrange »). Elles dégagent énormément de sensualité, nous couvent, nous entraînent dans l’univers du duo, nous font baisser la garde comme pour mieux nous séduire.
L’originalité d’UTO ne fait aucun doute. Le groupe se démarque du tout venant par un souci de qualité bien réelle, par un sens du détail qui tue. L’EP dégage un parfum vénéneux, une fragrance qui nous donne envie d’y retourner sans cesse, d’essayer de décortiquer ce qui ne peut l’être car The night’s due agit sur des zones inconnues de notre psyché, déclenche des avalanches de plaisir, comme autant d’interrogations sur la manière de procéder des deux acolytes pour produire une musique si viscéralement ancrée à la fois dans le passé et le présent.
Inutile dès lors de vous dire qu’il faudra absolument suivre ce groupe dont on attend désormais beaucoup.