DON NINO Rhapsody for the dead butterflies

don-nino-rhapsody-for-the-dead-butterflies-chronique-litzic

Sixième album de Don Nino, découvrez la chronique de Rhappsody For the dead butterflies

Ne vous fiez pas à son titre, Rhapsody for the dead butterflies n’est pas un album plombé. Par la grâce de son écriture et de ses choix musicaux, cet album terrien et onirique dégage une dose d’espoir et un regard plein d’amour sur ce qui nous entoure. Ce sixième album de Don Nino sort aujourd’hui (chez Prohibited records) mais tourne déjà en boucle sur notre platine.

Dans la nuit profonde.

Another sleepless night ouvre l’album. Une autre nuit sans dormir. Durant l’enregistrement, Don Nino s’échappait pour contempler la nature, la nuit, en Normandie (là où avait lieu les sessions d’enregistrement de Rhapsody for the dead butterflies). Il y contemplait la faune nocturne, renouant un lien que nous avons tous tendance à oublier, précipités que nous sommes par le courant tumultueux de la vie.

Ce titre donne la tonalité de l’album. Il s’agit d’un rock crépusculaire, mais pas de ce crépuscule glauque qui fait le bonheur des films d’horreur. Il s’agit plus ici d’un crépusculaire qui laisse place à une autre vie. Un peu comme ceux qui travaillent de nuit et qui y trouvent un charme que ceux qui travaillent le jour ne peuvent ni connaitre ni comprendre.

La beauté surgit. Derrière une batterie presque martiale, possédant néanmoins un petit goût tribal minimaliste, les guitares, basses et claviers (et un superbe saxophone free sur The guy from the company, sans doute notre morceau préféré de l’album) se relayent pour tisser une atmosphère pleine d’espace. Des effets sont apposés ici et là, trémolos, distorsions éthérées, réverb profondes, tout pour laisser place à une imagination multidirectionnelle (champêtre et urbaine, pleine de paradoxe). Légèrement psychédélique, la musique de Don Nino ouvre une fenêtre sur un ailleurs pas si lointain que cela.

Travail de la voix

Répétitive, comme une prière, un mantra, la musique de Rhapsody for the dead butterflies nous précède, nous indique la voie à suivre. Nous ne résistons pas, nous laissons guider, laissons nos certitudes de côté, bizarrement exempts de toutes peurs. Il y a des éléments réconfortants dans cet album, comme cette fêlure dans la voix de Don Nino.

Il n’est pas un super technicien à ce niveau (il le reconnaît). Et c’est vrai. Si vous attendez un chanteur maîtrisant ses gammes sur le bout des cordes vocales, vous n’en aurez pas pour votre argent. Mais c’est peut-être ce que nous préférons chez lui, notamment ce petit déraillement qui donne un complément d’âme à une chanson. Car des fois, la voix dérape, semble forcer pour atteindre quelques paliers qu’elle parvient difficilement à franchir, mais cela donne un souffle très personnel à un morceau comme Shining Horse par exemple.

À noter le très bon travail de production sur la voix justement. Celle-ci, captée par deux micros (l’un dénué d’effets, l’autre en étant chargé), confère à la voix de Don Nino une étrange personnalité, parfois désincarnée, comme si un fantôme d’un passé révolu attirait notre attention sur un fait commis il y a peu sur l’environnement qui nous entoure directement, parfois terriblement présente et concrète, consciente de ce qui nous arrive et tentant de nous avertir du danger.

Crépuscule

Au final, Rhapsody for the dead butterflies est un album à part, hypnotique, concret, puissant, évanescent, aux racines profondément tournées vers le ciel, plein d’un espoir qu’une voix seule ne peut contenir, en prise directe avec la vie. Et tant pis pour ces papillons de nuit venant mourir sur la lumière qui les séduit. Ils ne sont que prétexte au titre de cet album qui nous hante de la plus belle des manières.

Simple et beau comme un crépuscule de printemps.

Ajoutez un commentaire