KENNY LCT / Double Dose – Rapper La Réalité
Deuxième album
Boom Bap, Boom Bap, Boom Bap. Voilà que résonne en nous cette boucle de batterie. Le son de la grosse caisse et de la caisse claire. Boom Bap, Boom Bap, Boom Bap. Ce bon vieux son “old school” en provenance de la côte est américaine des années 80-90. Nous pensons bien sûr au Wu-Tang Clan, The Notorious BIG, Gang Starr ou A Tribe Called Quest. Dans l’hexagone, nous retrouvons Assassin, la Scred Connexion, Timide et Sans Complexe et bien sûr les maîtres incontestés du genre, IAM. Si le mouvement Hip Hop ne cesse d’évoluer et de se décliner sous différentes formes telles que Drill, Trap, Cloud rap, Emo Rap, le Boom Bap est toujours présent. Les aficionados de ce style peuvent être rassurés, la preuve avec le second album de Kenny LCT, intitulé Double Dose.
Pour nous aider à défendre, encore et toujours, la culture émergente.
Fervent défenseur de la culture de Massilia
Derrière le blaze de Kenny LCT, se cache Alexandre. Il nous vient de Marseille, il le revendique et le chante très bien. Nous sentons dans ses textes un amour profond et sans retenue pour la cité phocéenne. Sur son premier opus, L’ombre d’un premier album, avec le titre Marseille, Kenny LCT nous fait part de son inquiétude quant aux changements de sa ville. L’angoisse de la voir perdre ce qui en fait sa singularité. Si Kenny LCT s’est lancé corps et âme dans le rap, c’est qu’il a trouvé dans cette forme d’expression*le format qui s’ajuste au mieux à ses textes et à la façon de les narrer. Il ne s’enferme pas derrière cette étiquette de rappeur, et ne renie aucunement ses influences passées, que sont le rock et le reggae. D’ailleurs, ces deux genres se ressentent énormément sur les treize pistes de Double Dose.
L’intro de l’album nous accroche de suite, et nous plonge dans un univers hip hop métissé à l’image de la ville de Marseille. Le titre Ma Cançoneta démarre avec une batterie entêtante et carrée. Kenny LCT, tel un fervent défenseur de la culture de Massilia, montre sa singularité en scandant un refrain en provençal “Ma cançoneta sera pas cantat per ren / E la pauliha recobrarà lo terren”. Le rap de Kenny est loin d’être enjoué, à l’image du morceau Miroir dans lequel un rythme reggae camoufle subtilement une forme de mal être. “Je m’efforce de donner le meilleur de moi-même / Pour qu’on dise: franchement ce gars-là il est fort / Mais ça, ça cache le vrai déni.”
A la manière d’un Gandhi
Sur La Flamme, nous ressentons une tristesse profonde. Cette flamme que nous pouvons comparer à la vie, à la fois forte et chaleureuse, mais aussi très fragile, pouvant s’éteindre si brutalement. Cette notion de perte s’entrelace avec celle du temps, autre thème que Kenny LCT aborde dans ses textes à l’instar des titres Le Monde Tourne et Tant Ça Continue. Sur Les cendres, Alexandre parle de Kenny LCT ou inversement, quand ce dernier prend le dessus sur Alex. “J’suis au plus bas je peux plus descendre, j’ai côtoyé les cendres / Je fais de mon mieux pour exister mais Kenny absorbe Alexandre”. Ou comment une passion peut nous aider à sortir de son quotidien. Plus qu’une passion, un rêve! Kenny LCT nous fait danser, chanter, donner du plaisir aux autres. C’est ce qu’il cesse de construire, lentement mais sûrement comme il le conte avec Dans mes Rêves.
Des rêves qui auraient pu être brisés par un coup de poing, un Uppercut. Le morceau est aussi court que le geste en lui-même et va droit au but, sans aucun détour. Nous devinons à travers le texte, la souffrance d’une jeunesse, stigmatisée et en échec scolaire, à qui peu de chance est donné. Pour lui ou elle, et pas moi. C’est avec une douce amertume et un profond fatalisme, que la chanson Ceux évoque les contrastes, les visions de vie différentes de chacun. C’est dans l’utopique, R’evolution, funky et nostalgique à la fois, que Kenny LCT idéalise un monde meilleur à la manière d’un Gandhi. Et ce n’est pas nous qui allons le contredire.
Pari gagné
À l’instar des tauliers du rap marseillais, et plus précisément de Shurik’n du groupe Iam, nous retrouvons deux titres à la consonance japonaise. Miyazaki, en référence probable à Hayao Miyazaki, le célèbre dessinateur et réalisateur de Manga (Princesse Mononoké, Le voyage de Chihiro,…). Puis le sublime Fukuro, qui d’après nos recherches, se traduirait par la chouette, que nous pouvons retrouver sur la pochette de l’album. Au Japon, la chouette est symbole de protection et de chance qui représente le savoir, la connaissance et la bienveillance.
C’est avec un immense plaisir que nous avons écouté ce deuxième album de Kenny LCT. Nous ressentons dans son rap un côté punk, anarchiste et contestataire mais aussi une fragilité au sens positif du terme, qui le conduit à travers sa plume à nous faire ressentir remarquablement les émotions. Pari gagné. Nous ne sommes ni dans le bling bling ou ni l’egotrip, que nous pouvons entendre chez certains artistes rap. Kenny LCT dépeint un quotidien, une réalité que nous pouvons difficilement nier. En attendant la dose de rappel, nous vous invitons grandement à écouter ce dernier opus!!!
Keep rappin’
LGH
LGH (Le Gosse hélicoptère) :
Révolutionnaire en peau de lapin, guitariste de salon à mes heures perdues, amoureux des mots et féru de musique. Mes mots d’ordre sont l’éclectisme, la curiosité et le partage. Keep rockin’ !!
Relire la chronique de The great destroyer
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