[ALBUM] 22 LONGS RIFFS, Contre-courant // fiers keupons

Troisième album du groupe briochin.

Les 22 Longs riffs viennent du 22, de Saint-Brieuc, terre punk s’il en est une. Donc on ne pouvait pas passer à côté. Bien qu’ils oeuvrent dans un punk hardcore, qui n’est pas forcément toujours notre tasse de thé, on doit avouer que ce style a au moins le mérite d’évacuer le surplus de cérumen. Mais aussi pour nous remettre un peu les yeux en face des trous. Parce que ce n’est pas parce qu’on pense quelque chose qu’il ne faut pas le dire, et sur Contre-courant, disponible en auto prod avec leur label Staff 22, leur troisième album (après A Bout Portant en 2011 et Balle Populaire en 2017), les fiers keupons bretons l’ouvrent bien grande, leur gouaille.

Forcément, c’est du punk. Donc ça dénonce. Des fois, nous avons peur quand on lit punk hardcore car certains groupes moins inspirés ont tendance à enfoncer des portes ouvertes, sans avoir pensé à frapper à celles-ci avant d’y foutre un bon coup de rangers. Autrement dit, dénoncer, c’est bien, mais encore faut-il y mettre un peu les formes, le plus souvent textuellement parlant. Parce que musicalement, même un groupe au rabais parvient à donner le change. Fort heureusement, avec Contre-courant, les paroles tiennent la déferlante saturée du combo, bien mise en forme par ses compositions il faut l’avouer, ce qui les places dans la catégorie des groupes qui ont des choses à dire, et qui les disent bien.

En 2021.

Alors, quel est le danger en 2021 ? Le virus ou le confinement ? Le vol des données sur les sites gratuits ? La surveillance à outrage qui se greffe sur le côté décérébré de certains qui ne jurent que par les applis attrapes couillons ? L’omniprésence de l’état (on devrait mettre une majsucule à état, mais on en mettra une quand il la méritera) ? Le réchauffement climatique ?Vous l’aurez compris, comme tout citoyen se respectant, les 22 sont critiques, et ils le font savoir à force de (longs) riffs forcément, d’une batterie tendance metal (avec double pédale off course), choeurs oï ultra puissants (et avec ce petit raclement d’amygdale qui va bien avec).

Bien évidemment, punk un jour punk toujours, et le mot d’ordre est la dénonciation, révolution en ligne de mire. Quand un pays part en cacahuètes, qu’un monde part en vrille, il faut bien tirer la sonnette d’alarme. La nuance n’est pas de mise, qu’il s’agisse de constats sociétaux ou environnement, l’accent doit être mis sur l’urgence. En associant grosse énergie et paroles vindicatives, certes peu nuancées (mais nous savons bien que la nuance, pour certains imbéciles, leur passe largement au-dessus de la tête), le propos de 22 Longs riffs ne laisse aucun doute possible. Ils sont vénères (mais vous l’aviez déjà compris).

Se sortir les doigts.

Alors il est presque neuneu de dire que le propos du groupe est une injonction à ouvrir les yeux et à se tirer les doigts du cul. Ça, vous l’aviez pigé. Mais combien sont encore le nez dans le guidon, parfaits abrutis à reprendre les choses là où elles s’étaient stoppées en mars 2020. Alors que nous pourrions changer toute notre façon d’être, d’agir, de réfléchir (on a quand même eu quelques semaines pour faire le point, non?), eh bien non, rebelote de la part des débiles congénitaux.

Alors c’est vrai, là c’est plus nous qui nous exprimons que les 22 longs riffs. Mais toujours est-il que si la rage de Contre-courant sert bien à quelque chose, c’est effectivement à nous faire prendre conscience, ou simplement à nous redire les choses, à la manière d’un état qui nous prend pour des demeurés, là où est l’urgence, là où se trouve le danger. Peut-être pas nuancé, mais salvateur quand on voit la connerie de certains êtres humains (on a tendance à penser aux premiers de cordée comme ça, vite fait). Enfin bref, on s’égare.

Mais toujours est-il que ce disque vous met un bon coup de pied dans le derche, et que vous n’avez aucune raison de ne pas comprendre, le propos n’est pas dilué dans de la guimauve et dans des paraboles absconses. Ici, c’est clair comme de l’eau de source.

Alors le punk hardcore ?

Bon, ce n’est toujours pas notre kiff absolu. Mais il s’avère nécessaire de mettre les points sur les i de temps à autre, chose que fait avec pertinence et une certaine classe (celle des écorchés vifs) les 22 longs riffs. Parce que musicalement, ils maîtrisent grave les gars, et ce même à toute balle ! Et c’est toujours mieux, pour envoyer des mandales en y mettant les formes. Qui plus est, le punk et son propos est toujours dicté par un sentiment d’injustice cuisante.

Bref, ne cherchez pas bien loin si vous cherchez un album rentre-dedans, qui déboîte et qui envoie valdinguer toute hypocrisie à la poubelle. L’avantage, c’est que nous savons où nous allons avec un groupe tel que 22 longs riffs, c’est-à-dire vers la liberté de penser et de s’exprimer, totalement. Tant que des groupes pareils existeront, c’est qu’il y aura des combats à mener. Et il semblerait bien qu’on ait un paquet de trucs à régler d’ici pas longtemps. Oï !

22 longs riffs contre-courant

 

NDLR : la version Lp devrait voir le jour au mois de juin en collaboration avec “Dure réalité” (label Canadien), “Général Strike” (Paris), “Piketos prods” (Rennes) et “Riot bike records” (Allemagne). Seules les versions numériques et CD sont actuellement disponible via leur label.

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