[ ALBUM ] KRAV BOCA, City Hackers, punk rap du monde !

City hackers, nouvel album de Krav Boca (déjà disponible et en téléchargement sur le site du groupe).

Avec son nouvel album City hackers, fruit de nombreuses tournées un peu partout en Europe, Krav Boca nous propose une musique puissante, rap et punk, teintée d’accents « world » et metal. Le propos est direct, massif, mais distille quelques touches plus légères par le biais d’orchestrations originales et de voix provenant de Grèce, de Crète, du Maroc, d’Espagne aussi.

Punk rap du monde.

Krav Boca est un groupe indépendant, jusqu’au bout des Doc Marteens. Le groupe est composé de trois chanteurs, un mandoliniste, un batteur, un bassiste, un guitariste, ainsi que d’un performer qui les rejoignait sur scène (lorsque c’était encore possible). Sur l’album, des featurings viennent enrichir la formule en y intégrant des sonorités hispanisantes, Italiennes aussi.

Il faut dire qu’à la base, le groupe est déjà franco-gréco-marocain. Ici, le rejoignent des amis telle Chata Flores (en provenance de Zaragoza, bastion historique du rap underground en Espagne) sur Souterrain, Speira et Zafina (en provenance de Grèce, respectivement sur Gaz Mask et Poison), Aeon (rappeuse et musicienne de Crète) qui joue de la lyre sur Poison et pose sa voix sur City Hacker. Enfin, autres guests en les personnes de Al Nasser (de Casablanca) sur Carte Postale, et My Own Voice et Matrak Attakk sur Crust riot (le premier texte en langue Italienne du groupe). Ça fait du monde, mais la cohérence de City Hackers n’est jamais remise en cause.

Musique.

Passé ce round de présentation, qui place donc Krav Boca dans une mentalité plutôt large d’esprit, attardons-nous désormais sur la musique du groupe. Comme évoqué dans le chapitre précédent, nous avons affaire à un groupe qui mélange les influences et les identités culturelles provenant des quatre coins de l’Europe (et de l’Afrique du Nord). Ici, une mandoline, là, une lyre, ici du français, là de l’Arabe, et puis des éclairs d’espagnol, d’italien. Krav Boca, citoyen du monde ? Oui et non, nous dirions plutôt êtres humains à l’écoute de leurs coups de cœurs.

Le mélange s’effectue à merveille, qu’il s’agisse de l’aspect musical ou de celui des lyrics. Commençons donc par le premier. Musicalement, le son est pêchu, rentre dedans, demande à en découdre. Il y a là une saine agressivité, de celle qui donne envie de se défouler, d’expulser nos tensions, de se vider la tête et le corps d’idées néfastes et parasites. La paire rythmique lorgne souvent du côté du metal. Grosse distorsion sur les guitares, batterie lourde flirtant allègrement avec la double pédale, basse qui prend au creux du bide. Pas de faute de goût, pas de baisse de régime. C’est puissant.

Les apports de la mandoline et de l’aspect rap.

La mandoline apporte un contre-point à notre avis hyper intéressant. Étrangement, elle apporte des sonorités très urbaines (en opposition d’avec l’image plutôt romantique que dégage cet instrument) que l’on retrouve plus habituellement dans le domaine du rap. Mais également une certaine douceur. Un apport indéniable dans la musique du groupe qui apporte une finesse toute en dentelle grâce à cet instrument très peu utilisé dans ce style.

Si la musique est bien rentre dedans, évoque le punk de façon très éloquente, ou le metal plus hardcore (Crust Riot par exemple), nous retrouvons un aspect rap indéniable. Par le chant d’une part, même si la nuance entre scansions punk et spoken world rap est extrêmement ténue. Pour nous, c’est un vrai plus qui montre que, style vestimentaire à part, le rap et le punk peuvent avoir plus d’un atome crochu.

Le(s) chant(s).

Nous le disions également un peu plus haut, le groupe chante en plusieurs langues. Forcément, le Français nous accroche le plus l’oreille car c’est lui que l’on comprend le mieux (enfin, nous parlons pour nous qui avons eu l’idée lumineuse de choisir allemand LV2 et non espagnol). Les paroles sont véhémentes, vindicatives, chant d’amour à un certain camion également (celui du groupe, sur le titre, bien nommé, Camtar) et sur le mode de vie qui gravite autour . Le flow (punk ou rap, peu importe, les chanteurs sentent le truc, donc on parle de flow, n’en déplaise aux puristes) est lui aussi puissant, mais reste capable de nuances (on aime beaucoup Gas mask en ce sens).

Quand la langue dévie vers une autres nationalité (soit européenne, soit nord-africaine), nous en savourons, à défaut de capter le sens des mots, la musicalité et l’énergie. L’implication des featurings est absolument sans failles. Ils mettent leurs tripes sur la table. Pas de pose, juste une idée commune de ce que doit être la musique (et, nous l’imaginons, de l’amitié). Bref, ça envoie comme il faut, on aime.

Les paroles.

Nous sommes évidemment dans des paroles musclées, qui remettent en place les dérives étatiques et/ou sociétales. Une fois encore Gas Mask nous fait un gros effet puisque le titre revient sur la révolte des Gilets Jaunes et de l’usage, notamment, des LBD. Cela ne peut que nous remuer en dedans. Et Krav Boca le fait très bien.

Nous ne sentons pas dans les paroles un effet parfois moralisateur inhérent à certains groupes punk. Il s’agit plus ici d’un état des lieux, d’une photo transposée en mot. Simple constat citoyen, sans morale, le tout sur une musique qui fait tomber les inhibitions, ne toucherions-nous pas à un sans faute ? Pas loin à vrai dire.

LE titre de City Hackers.

Bon, nous l’avons déjà cité à deux reprises, donc on vous parle de notre deuxième morceau préféré de City Hackers. Il s’agit de Kravmikaz. Parce que la mandoline y glisse sa petite « comptine », un motif très rap, une boucle obsédante. Elle repose sur une rythmique très metal, sur fond de distorsions toutes griffes dehors des guitares.

Les voix sont parfaites à notre avis, et le titre s’avère relativement bref, ce qui lui donne un mordant indéniable (le titre dure 2’04, soit une seconde de moins que L’intro de l’album). Au niveau des paroles c’est simple. Le groupe dit du morceau : « On a fait référence au terme « kamikaze » car il reflète bien notre vision de la musique et du DIY. Avancer « sans filet / loin des carrières aseptisées » en soutenant les lieux alternatifs et non officiels. »

Autant dire qu’aujourd’hui, le message est des plus que d’actualité. Soutenons la culture, plus que jamais, et tous ses acteurs et actrices.

krav boca city hacker

 

Site officiel Krav Boca

FB du groupe

 

Amoureux de la mandoline (dans un style plus soft), Féloche est fait pour vous !

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