[ POÉSIE ] SANDRINE DAVIN, poésie de l’instant.
Tankas, la poésie de Sandrine Davin.
Sandrine Davin écrit de la poésie. Son dernier recueil en date, Rouillure, vient de sortir chez The Bookedition et s’inspire des tankas. Pour ceux qui l’ignorent, les tankas sont une forme de poèmes minimalistes de tradition japonaise « qui révèlent un mouvement intérieur, une sensation qui ne fait que passer » (comme nous l’explique cet article de short-edition.com à lire ICI ). Comme le haïku, son petit frère, le tanka répond à des règles bien précises, strictes, à savoir 5 vers aux métriques particulières 5,7,5,7,7.
Sandrine Davin, dans son travail de poétesse, s’affranchit de cette rigueur pesante pour exprimer sa poésie, à sa manière. Les puristes seront sans doute chagrins, mais nous sommes ravis de lire ici une poésie de l’instant qui, comme lui, ne répond à aucune règle, si ce n’est à une contrainte relative qui permet de rester dans une forme brève.
La liberté est alors de mise, tant dans le fond que dans la forme. Néanmoins, cet aspect « photographie de l’intime » est ici préservé dans des textes qui disent, en peu de mots, tout ce qui bouillonne, tout ce qui se joue en nous à un instant particulier, selon la lumière, l’humeur, le jeu des émotions.
Sensations.
La première impression qui se saisit de nous est ce rythme qui découle des écrits de la poétesse. Celui-ci semble évident, spontané, comme émanant du tempo de la vie. Les mots s’enchaînent, semblent parfois ne pas avoir de lien entre eux, mais une fois le point final (imaginaire) franchi, nous nous sentons en phase avec une sensation de plénitude. Elle peut être apaisée ou plus perturbée, mélancolique ou joyeuse également, mais elle reste toujours suspendue dans les airs, par la grâce d’une fin qui n’en est jamais une.
Après cette « fin », nous nous sentons bercés par la douceur de la langue, par la caresse d’une idée ou d’un ressenti que nous n’avons pas vécu, mais qui nous a été restitué de façon aussi floue que précise (autrement dit, le pouvoir suggestif de la poésie œuvre ici de façon très pertinente). En bref, c’est un peu comme si nous faisions le point avec Sandrine Davin sur nos émotions communes nous habitant sur ce moment de bascule particulier.
Cocon.
Les différents tankas déposent ici et là des observations sous un prisme réjouissant. Réjouissant car en peu de mots, les observations poétiques de Sandrine Davin trouvent en nous un écho fugace. Tout y paraît simple alors que le double exercice auquel elle se prête est délicat et complexe. D’une part, en répondant à cette forme particulière d’écriture, elle opte pour un condensé d’émotions. D’autre part, et c’est là où la magie opère de façon presque contradictoire, en une vingtaine de mots la poétesse déploie un univers sans frontières autres que celles de nos vécus. Autrement dit, elle exprime en trois fois rien ce que d’autres font en écrivant un roman, ou des thèses. Cet esprit de concision pourtant n’amoindrit jamais la magie et la force du moment.
En effet, cet art du court, direct, dynamique, éveille chez nous un foisonnement d’idées, d’images, de questions, parfois même de réponses. Toujours nous y voyons une part de nous ressortir, sans oripeaux, car la pureté semble en jaillir comme en torrents. Une pureté faite de petits riens, d’éléments insignifiants qui, sous la plume de Sandrine Davin, prennent une dimension poétique incontournable et parfois bouleversante.
Exemple de Tanka
morsure d’hiver –
dans le silence des pierres
les ombres rongent
la rouille d’un ailleurs
transpercé de feu et de glace
Page FB de Sandrine Davin
On aime aussi la poésie d’Alissa Thor