[Nouvelles] JEAN-MARIE FLEUROT, Des catastrophes pas très naturelles.

Des catastrophes pas très naturelles de Jean-Marie Fleurot (disponible chez Edilivre).

Avec un tel nom, nous ne pouvons qu’être curieux. Parce que Des catastrophes pas très naturelles nous font penser à celle, très naturelle, survenue il n’y a pas si longtemps que cela (nous nageons encore un peu dedans à vrai dire). Mais ici, nul autre virus que celui des guerres. Dans ce recueil de nouvelles, Jean-Marie Fleurot nous entraîne dans un univers sans pitié, mais possédant, sous sa férule, des formes séduisantes.

La guerre sous toutes ses coutures.

Le chef de l’État nous l’a dit il n’y a pas si longtemps : nous sommes en guerre (contre un ennemi invisible). Dans son recueil, Jean-Marie Fleurot nous parle de guerre aussi, de guerres aux multiples visages. Ceux de la vraie guerre, ceux de ses blessures, ceux également plus intérieurs, ceux, enfin, sociétaux et environnementaux. Oui, cette sale maladie de l’humanité qu’est la guerre dévoile ici toute l’étendue de ses attraits, dans lesquels certains, avides, cherchent à tout prix à se fondre.

Nous suivons dans Des catastrophes pas très naturelles plusieurs personnages. Certains sont brisés, d’autres blasés, d’autres encore cherchent à s’en tirer, en pensant manipuler chaque rouage d’une mécanique bien huilée, qui ne laisse au final personne indemne. Sur le moment, oui, ça semble être une bonne idée que de vouloir traficoter un peu, que de coucher avec la femme d’un autre, voir les deux à la fois. Des fois, on veut juste oublier. Mais les odeurs, les douleurs, c’est tenace et ça vous accompagne jusque dans la tombe.

Séduisantes.

Elles sont séduisantes sous la plume de Jean-Marie fleurot, ces guerres. Ou plutôt, les personnages de ces guerres. Surtout les bandits. Et les femmes fatales. Mais la plume de Jean-Marie Fleurot, si elle séduit, n’en est pas moins implacable. Elle nous met face à des horreurs simples, nues, inexorables. La tension est le fil conducteur de chaque histoire, une tension à fleur d’existence, évoquant ceux qui sont condamnés à survivre avec les stigmates du passé ou avec ceux d’une société qui ne guérit pas les âmes déchues.

Personne n’a choisi de s’engager dans les voix proposées ici. Un homme se souvient de la déportation. Un professeur, pour survivre, tuera sous la protection du Coran. Et que dire des malfrats Marseillais. Et puis, il y a ceux qui sont bouffés par les souvenirs, des deux côtés d’une bombe, un miroir magique ou tragique, nous ne savons plus trop, qui les conduira au cœur du cyclone. Les choix que nous faisons guident nos pas. Mais qu’en est-il lorsque ces choix sont guidés par la nécessité, quelle qu’elle soit ?

Les catastrophes.

Dans Des catastrophes pas très naturelles, Jean-Marie Fleurot ne nous laisse pas respirer, ne nous laisse pas plus voir le ciel bleu. Tout est poisseux, moite, pollué. Même ces entrailles qui giclent partout après une explosion ou un coup de feu anonyme qui fait exploser le bide. L’écriture est saignante, viscérale, ne fait pas dans la tendresse. Mais elle met les formes, nous guide dans des psychologies abîmées, torturées, en quête de rédemption, ou d’oubli aussi parfois. L’unité de ton n’est pas à renier. Toutes les nouvelles se tiennent bras dessus bras dessous, que nous soyons au Niger ou à Marseille, que nous soyons Américains, Japonnais, musulmans ou juifs.

L’unité réside également dans ce rythme, presque indolent. Voir, pire, hypnotique. Jean-Marie Fleurot, si nous n’y prenons pas garde, endort nos sens, endort notre vigilance. Nous suivons alors une déambulation intime d’un personnage, comme ça, l’air de rien, avant que le couperet tombe. Fatal la plupart du temps. Jamais anodin en revanche. Le faux rythme, quand il se détend vers nous, nous coupe les jambes et le souffle sous l’effet de la surprise (machiavélique presque).

Raconter des histoires est un art. C’est ce que démontre avec la précision d’un horloger, notre auteur du mois de mai avec ce recueil noir et désespéré.

Jean-marie fleurot des catastrophes pas très naturelles

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