[ ENTRETIEN ] JEAN JOUZEL & BAPTISTE DENIS, Climat, parlons vrai

Climat, Parlons vrai, livre d’entretiens entre Jean Jouzel et Baptiste Denis, disponible aux Éditions François Bourrin.

Une fois n’est pas coutume, nous nous éloignons des rivages littéraires pour un livre d’entretiens. Pourquoi ? Parce que Climat, parlons vrai relate les conversations entre Jean Jouzel et Baptiste Denis autour des questions liées au réchauffement climatique. Ce livre, paru juste avant l’épisode du confinement, nous apparaît comme de première nécessité.

Le climat, priorité numéro 1.

Aujourd’hui, vous n’êtes pas sans savoir que le climat se dérègle. Si vous êtes normalement constitué, cette épineuse question doit vous tarauder l’esprit de temps à autre, quelle que soit votre génération. Dans Climat, parlons vrai nous assistons à la conversation entre deux hommes bien différents. L’un est un climatologue connu et reconnu dans sa profession. Il s’agit de Jean Jouzel qui a longtemps fait partie du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ).

De l’autre côté, vous avez Baptiste Denis, journaliste. L’un est grand-père de 7 petits-enfants, l’autre un jeune adulte en pleine conscience de cette question environnementale. L’un est plutôt de gauche, l’autre plutôt de droite. Pourtant, tous deux s’interrogent, avec intelligence, sur les conséquences à plus ou moins court terme de l’évolution dramatique des températures à la surface du globe.

Pollution, énergie fossile, collapsologie.

Ce livre d’entretiens est composé de 10 chapitres. Ceux-ci sont un panoramique quasiment exhaustif de tout ce qui concerne le climat, de ses causes et de ses conséquences. Il y est donc question d’effet de serre, d’émanation de CO2, d’énergie fossile, de consommation, de climatoscepticisme, de collapsologie (une presque science de l’effondrement de nos sociétés actuelles), de plastique, de manifestations pour le climat etc. Les questions de Baptiste Denis y sont très pertinentes, laissant aussi l’homme derrière le journaliste s’exprimer, tout autant que les réponses du spécialiste du climat qu’est Jean Jouzel.

Nous vous passerons l’énumération fastidieuse des chiffres des tonnes de CO2 rejeté actuellement dans l’atmosphère, tout comme celle des échéances à tenir. Néanmoins, deux ou trois informations fortes méritent d’être tout de même mentionnées. La première concerne le seuil critique d’élévation de température à ne pas dépasser dans les années à venir (soit avant 2050) : 1,5 °C. ce chiffre n’est pas anodin et a été le fruit de multiples discussions lors du traité de Paris. 0,5 °C, c’est peu d’écart, pourtant, avec ce demi-degré supplémentaire, vous détruisez quasiment la totalité des massifs coralliens (donc une vaste source de biodiversité). De nombreux pays se sont battus pour cet objectif à atteindre et à faire figurer dans les accords de Paris. Mais ce chiffre sera sans doute très difficile à tenir.

Tout est joué… Pour 2030-2040.

Le deuxième chiffre, c’est celui-ci : peu importe ce que nous faisons aujourd’hui, les dés sont déjà lancés pour la période 2030-2040. Attention, cela ne veut pas dire que tout est joué, et perdu d’avance. Ce que nous faisons et ferons aujourd’hui aura des répercussions sur le climat, mais d’ici à la période 2040-2050 (et après bien évidemment). Les calculs menés par différentes instances, basés sur des modèles prévisionnels, définissent déjà précisément où nous en seront en 2030-2040. Donc ceux qui vous diront que le confinement n’a eu aucun bénéfice sur l’abaissement des températures se trompent fortement. Cela sera visible un peu plus tard dans le temps (mais plus tard dans le temps, c’est déjà demain).

Si nous sentons un certain pessimisme des deux protagonistes de ces entretiens quant au respect des seuils à atteindre, nous les sentons aussi plein d’espoir. Celui-ci est absolument nécessaire pour infléchir les courbes qui sont hélas reparties à la hausse après quelques années de stabilisation. En effet, la Chine et l’Inde (notamment) en pleine expansion rejettent énormément de gaz à effet de serre dans l’atmosphère malgré des propositions écologiques parfois plus que sensées (mais pas suffisantes malheureusement).

L’exemple des États-Unis.

Nous autres occidentaux, bombardés sans cesse par la culture américaine sur laquelle nous calquons pas mal de nos comportements (pour le pire et pour le pire), devrions réfléchir un peu aux conséquences. En effet, les États-Unis sont l’anti-exemple à suivre en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Retirés, depuis le président Trump, des accords de Paris, ayant souvent retardé les traités visant à amoindrir les émissions de gaz à effet de serre, ce pays plombe un peu le moral de tout le reste de la communauté internationale sur cette question pourtant centrale.

Pourtant, comme le dit Jean Jouzel, se dire que « si tel ou tel état ne fait d’effort, il ruinera les efforts de tel autre, alors autant ne rien faire » (nous paraphrasons) est une bêtise. Il faut au contraire persévérer, en fraternité entre les peuples et les pays, pour avoir le maximum d’impact. Chaque geste est important, aussi infime soit-il.

En effet, une prise de conscience individuelle aura certes un impact limité, mais 60 millions d’individus changeant un peu leurs habitudes, voilà qui commence à avoir du sens. L’Europe et certains pays émergents prennent ces questions environnementales au sérieux, avec application, et cela a du sens à l’échelle de la planète.

Lire climat, parlons vrai après le confinement.

Les émissions de CO2 dans l’atmosphère ont des répercussions multiples, sur la nature, sur les sociétés, sur les extinctions de certaines espèces animales, sur les cultures… Nous sommes tous concernés ! Un chapitre est consacré aux climatosceptiques et aux collapsologistes. Les premiers sont bien évidemment dans le tort, dans le déni d’une réalité maintes fois expliquée, étudiée, argumentée. Les seconds sont en revanche dans un alarmisme qui n’a de défaut que d’imager un effondrement brutal (donc sur une échelle de temps réduite) de nos sociétés. Pour le reste, si nous ne faisons rien, il se pourrait effectivement que leur cri d’alarme se révèle exact et génère de grosses perturbations dans nos sociétés, ne serait-ce que pour l’accès à l’eau, à la nourriture etc…

Le constat est le suivant : si nous ne faisons rien, si nous ne poursuivons pas nos efforts, l’accroissement de la température pourrait atteindre 5°C d’ici à la fin du siècle. Cela signifie une montée des eaux conséquentes, une agriculture qui se déplace, des vagues de migrations climatiques (autant humaines qu’animales), bref, un bouleversement qui laissera nombre d’entre nous sur le bas-côté de l’évolution. Ce que ni vous, ni nous, ne souhaitons.

Passionnant !

Climat,parlons vrai n’est pas un prêchi-prêcha pédant ou fastideux (le livre est véritablement passionnant !). Il ne s’agit pas non plus d’un livre de vulgarisation, même si tout ce qui est ici évoqué l’est fait de façon à ce que tout le monde puisse comprendre. Chaque interaction entre nos faits et gestes et leurs conséquences sur le climat sont évoquées. Elles nous montrent bien que nous sommes tous responsables et que nous avons le pouvoir de changer les choses. Climat est donc un livre important, à mettre entre toutes les mains, quel que soit votre âge, car que vous soyez jeunes ou vieux, si nous ne faisons rien, collectivement mais aussi individuellement, c’est quelqu’un que nous aimons qui souffrira des dérèglements climatiques d’ici quelques années. Méditons là-dessus.

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Lire des auteurs conscient comme Henry D.Thoreau peut-être également salvateur.

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