[ FUSION ] BRUIT FUREUR, quand littérature et musique ne font qu’un.
Bruit Fureur, poésie punk, ou quand la littérature se confronte à la musique.
Certains disent que la poésie ne peut être mise en musique, la poésie étant déjà musique en elle-même. Mais qu’en est-il de la littérature ? Quel meilleure réponse à donner que celle proposée par le collectif Sauvagerie et sa dernière création ? Bruit Fureur, qui mélange musique et textes contemporains d’auteurs et d’autrices reconnus, mais également leurs propres travaux, offre une plongée viscéral et vertigineuse d’une certaine conception de ce que peut-être la lecture.
Duo électrique !
Bruit Fureur est un duo composé de Christel Rodriguez (au micro, textes) & Joris Ragel (aux instruments, textes) qui a décidé de revisiter la lecture d’une façon à la fois viscérale et poétique. Si une certaine théâtralité habite ce projet, c’est bien une nouvelle façon de concevoir la lecture qui s’impose à nous, à la manière d’un bon direct du droit dans le foie.
En effet, l’impact de cette lecture musicale, ou de cette musique littéraire, est destructeur. Pourquoi ? Simplement parce que cela nous désarçonne de voir une lecture où la puissance des mots se grave dans l’électricité d’une guitare ou d’une basse, combien la fragilité de phrases magnifiques se trouve décuplée par une voix fracassée d’émotion. Le mariage mot/musique marche à plein régime, pour un résultat émotionnel rare.
Derrière la façade, bruit fureur douceur.
Ici, le duo donne corps aux mots, leur fourni un écrin de lumière. Entre théâtre contemporain, concert rock et lecture, la magie inhérente à cette voix haut clamée façonne une prestation habitée, tendues. Musicalement, nous avons presque affaire à du post-rock, musique de peu de chose mais qui apporte une couleur tour à tour sombree, furieuse, apaisée, tout dépend du contexte, à des textes empreints de mélancolie, de rage ou autres émotions en voyage.
Sur le texte de Despentes (quelle bonne idée !), c’est les silences qui font mouche. Sur Orage (texte de leur cru), les éclairs, le tonnerre, se gravent à flanc de mots par une stridence électrique, par un ton presque monotone, par une rythmique minimaliste.
Et puis il y a tout ce visuel, ce clair obscur, ce noir insondable, sur les vidéos, qui, étrangement, nous réchauffe. Il semble être le seul à même de contenir tout cet imaginaire ici dévoilé sans fard. Il n’en faut pas plus pour rendre la littérature vivante, mais c’est si dur de trouver le juste équilibre, celui ou le texte ne submerge pas la musique, celui ou la musique ne rend pas inaudible le texte. L’art du duo réside dans ce subtil mélange texte/musique, dans ce juste milieu voix/instrument. Ici, chaque ingrédient est à sa place, ayant pour seul résultat de transcender un texte et son émotion.
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