NIKKI GEMMELL, Love song

NIKKI GEMMELL, Love song

Paru aux éditions Belfond (réédition 10/18)

 

Avec son troisième roman Love Song, Nikki Gemmell nous offre une ode à la liberté puissante et poétique.

Une jeune fille s’accuse de l’incendie de l’école de son village. Le verdict de sa communauté est sans appel : Lilie devra vivre à l’écart de tous jusqu »’à sa majorité. Recluse dans sa maison familiale, avec pour seul contact avec l’extérieur les livres et sa « préceptrice », Ed, bibliothécaire du village, elle vivra à travers ses rêves d’indépendance et de rencontré l’homme qui lui apprendra l’amour. Arrivé à sa majorité, 8 ans plus tard, et toujours rejetée par la communauté, elle est envoyée chez son grand-père, en Angleterre.

Love song.

Love song est un livre totalement déroutant. D’une part parce que l’héroïne, Lilie, s’y raconte comme elle parle à l’enfant qui grandit dans son ventre. Comme un témoignage de sa vie hors du commun. Tout y passe, de ses sentiments les plus profonds à ses aspirations secrètes, des ses désillusions à son amour de l’écriture. Avec une rigueur aux formes généreuses, l’autrice dévoile une intimité pleine de pudeur, d’une innocence non feinte, avec une franchise parfois désarmante. Nous avons presque l’impression d’être ce fameux enfant découvrant cette lettre quand il aura atteint l’âge de pouvoir la comprendre.

D’autre part, Nikki Gemmell tisse sa toile avec une poésie hallucinante. Ses descriptions sont chargées d’images toutes plus justes les unes que les autres, dévoilant un monde invisible que pourtant chacun de nous perçoit. Les métaphores et comparaisons utilisées dans le roman sont d’une force peu commune, aiguisent notre curiosité et nous pousse à plonger plus avidement dans ces pages que nous l’aurions cru de primes abords. Le rythme, facile à adopter dès les premières pages, ne faiblit jamais, joue avec nos émotions et ne nous lâche plus même une fois le livre refermé.

Amour, joie, peine, doute.

Le cocktail détonant de Love song se trame autour de l’amour. Amour d’une enfant pour ses parents, bien qu’elle ne comprenne pas toujours pourquoi ils n’ont pas réagi plus vertement lors de sa mise à l’écart de la vie de la communauté (de la vie tout court serions-nous même tentés de dire), amour pour une liberté fantasmées puis vécue, amour du sexe opposé (qui ne va pas sans certaines contrariétés), amour de l’écriture (là aussi avec ses doutes). Tout se télescope avec grâce et finesse.

Si le fond de l’histoire s’avère relativement commun (l’amour d’un homme se déployant au fur et à mesure des pages tournées), sa forme s’avère totalement captivante et nous pousse au plus proche de Lilie (pour ne pas dire de l’autrice tant nous croyons y voir une partie de sa propre vie, erreur fatale car il ne faut jamais confondre l’auteur et son œuvre). Nous nous prenons d’amitié pour elle, d’amour, et réagissons avec la même conviction aux événements qui la secouent. Nous voulons la protéger, lui dire de faire attention, qu’elle fait fausse route ou qu’au contraire elle prend les bonnes décisions aux moments cruciaux de son existence.

Puissance.

Nous ressortons de Love song avec une boule au ventre car nous perdons là une amie, une personne dont le regard nous force à affiner le nôtre. Une femme forte et courageuse qui nous rappelle un peu toutes celles que nous avons un jour croisées dans notre vie et qui nous a marqués d’une manière ou d’une autre.

Mais surtout, ce livre nous réchauffe de l’intérieur et nous prouve que même adulte, nous avons toujours en nous cette part d’innocence, de (presque) naïveté qui fait que nous gardons toujours notre faculté à nous émerveiller, ou à nous révolter, face à certaines situations nouvelles. Nikki Gemmell nous offre à lire une histoire puissante et unique, celle d’une grande autrice dont nous nous empresserons de lire très rapidement les autres romans.

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