22-17, de Marc Di Malta à The Bobby Lees.
Sélection musicale du vendredi 13 mai 22.
On commence cette sélection 22-17 en douceur, avec un écrin de sensibilité, pour la terminer en folie furieuse, punk. Un grand écart stylistique, certes, mais qui montre justement que l’on peut exprimer nos sentiments internes de façon totalement différentes mais avec une sensibilité (presque)similaire. On vous laisse découvrir ça.
MARC DI MALTA
C’est tout à fait le genre de morceau à côté duquel nous pourrions très vite passer. Parce que nous n’avons jamais le temps nécessaire pour les écouter en profondeur, parce que nous n’accrochons pas directement sur un point de détail du fameux morceau. Et pourtant, par on ne sait quel miracle, Au bout du labyrinthe de Marc Di Malta nous a tapé dans l’oreille. Sans doute par la sensibilité qui émane de la voix, par cette poésie un peu sombre, par ces instrumentions relativement minimalistes.
Elle dégage, cette composition, une force qui va crescendo, qui nous électrise jusqu’au bout des doigts. On pense, forcément un peu, à des grands noms de la scène française (on vous laisse deviner qui), avec notamment ce texte cryptique qui laisse place à toutes les interprétations possibles, en fonction de nos vécus respectifs. En tout cas, Au bout du labyrinthe, s’il ne nous montre pas la sortie, nous propose de la chercher avec style et efficacité.
L’EFFONDRAS
Ce groupe n’a jamais fait dans la simplicité, ni dans le consensuel. Ce groupe, il joue, il déclenche des déflagrations internes au moins aussi fortes que celles qu’il amplifie en provenance de ses guitares. Comme Mogwai, il s’attache à rendre plus parlant que nature sa musique instrumentale. A l’aide de quelques notes bien senties, posant sa mélodie, il s’incruste au plus profond de l’âme humaine, en faisant ressortir la mélancolie, la tristesse, la force réparatrice aussi, notamment surgonflé à l’espoir.
Sans blabla donc, la musique de L’Effondras, ici captée en live pour Stellar Frequencies, au Cyclorama de Lyon, s’avère une nouvelle fois captivante, hypnotique, hypersensible, belle à en pleurer ou à en rire, c’est à voir selon votre ressenti. Elle symbolise pour nous prendre le temps de se plonger dans son écoute, puis en soi, pour y puiser un reste de lumière dans les ténèbres, pour y trouver la réponse à une question non formulée, pour se sentir simplement bien l’espace de presque 20 minutes.
Jamais tiède, la musique de L’Effondras possède la fièvre des grandes œuvres instrumentales, totalement compréhensibles par tous, puisqu’il n’y est que question de ressentis, d’impressions, de convergences de vécus. Une communion en somme.
LIQR
On aime ce groupe dont on vous reparle à l’occasion de son dernier clip. En effet, Liqr revient avec So long (gotta get away), sorte de clin d’oeil à un univers rock indé en provenance des 90’s, avec une légère pointe jazzy (si si écoutez bien l’entame du titre), mais avec une touche moderne vraiment pas dégueulasse, surtout que, derrière des atours évoquant le post punk, dérive vers une vrai furie rock, comme savait le faire des groupes d’autant.
C’est donc un titre tout en nuances, évolutif, bardé d ‘une mélodie addictive, et surtout d’une efficacité redoutable, malgré une simplicité d’une limpidité olympienne. Bref, on aime, on aime, on aime, et on partage !
FREAK IT OUT
On ne cache pas qu’on aime beaucoup le groupe rennais Freak it out. A l’heure d’une normalisation qui fait que tous les groupes ont plus ou moins tendance à se copier les uns les autres, eux parviennent à produire une musique folle, inventive, ne ressemblant à rien d’autre qu’à leurs propres aspirations. Nouvelle démonstration avec ce live capté lors des dernières Transmusicales.
King Tortoise défonce tout, par sa composition ambitieuse aux idées menées au bout de leur potentiel, avec cette capacité à produire un rock métissé de funk, d’un soupçon hip-hop, d’une énergie diabolique et même capable d’un solo à la (presque) Pink Floyd (le presque n’est pas un moins, on le précise). Ce groupe est un grand, on vous le dit !
ADAM CARPELS feat.THÉRÈSE
Comme pour Marc Di Malta, ce Blinded Knight ne s’offre pas instantanément. Mais comme Au bout du labyrinthe, sa présence, sa tension s’impose et nous montre un morceau fort, intense. Porté par une électropop qui se démarque, par ses choix artistiques, du tout-venant, le titre dévoile un spleen engagé, remettant en cause les pouvoirs, quels qu’ils soient, qui finissent invariablement à corrompre/pervertir qui les possède.
Le clip, sobre et élégant, et mis en valeur par la danseuse et chorégraphe Solen Athanassopoulous qui amplifie encore cette forme de colère intérieure dévastatrice, même si relativement muette. Au du moins jusqu’à l’expression de celle-ci. Comme c’est le cas avec ce morceau imparable.
GIRL IN RED
Cette nana est étonnante. A l’heure où la pop se déverse au kilomètre sur les ondes et autres plateformes, Girl In Red parvient encore à nous émouvoir et étonner avec une pop à la fois simple et efficace, totalement à l’opposé de ce qui se propose à l’heure actuelle. C’est-à-dire qu’elle n’utilise aucun subterfuge (ou cache-misère) électro, qu’elle est old school mais pas plus que ça inspirée par les 80’s ou 90’s, que ses mélodies sont hyper efficaces sans être de pâles copies d’anciennes chansons. Bref, elle nous émeut. Et c’est déjà beaucoup.
BOPS
Question pop music, Bops n’est pas en reste comme le démontre leur nouvelle vidéo, accompagnant le single The flag. Il est évident que la vague rétro roule sur ce titre, évoquant comme ça, vite fait, un petit groupe de Liverpool. Mélodiquement, c’est parfait, dans l’intention, c’est parfait aussi, et dans la réalisation ? Même chose. Plaisir intégral donc, que ne vient même pas gâcher ce côté un peu classique. Preuve que quand c’est bien fait, ça passe toujours.
NOR BELGRAAD
Ne vous fiez pas au nom de la ville, le groupe n’est pas serbe, mais bel et bien français. Il œuvre dans un post punk plutôt pas mal foutu du tout, nuancé, dansant, laissant apparaître ici ou là quelques éléments world music, qui nous semblent venir directement des balkans (forcément). Dansant, légèrement froid, mais chaud dans le cœur, Landsmark est une pièce efficace qui annonce un album pour… 2023. Il va donc falloir patienter un peu pour en découvrir plus sur le groupe, même si leur prochain single, All I know, arrivera dans des délais plus brefs (annoncé pour le 17 juin).
THE BOBBY LEES
Pourquoi bouder son plaisir. Electrisant, énervé, rock n’roll en diable, les protégés de Jon Spencer (dont on vous a déjà parlé) régalent encore avec leur dernier single Dig your Hips. C’est du pur produit rock/punkrock, comme on l’aime, c’est-à-dire intense, incandescent, qui se fout pas mal des lendemains, qui brûle la chandelle par les deux bouts, qui fait un bien fou par où il passe (et qui n’oublie jamais de vous ramoner le conduit auditif). Let’s rock !
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