Écoutons nos pochettes, lecture à Morlaix

écoutons nos pochettesDes pochettes et des émotions.

Le principe est aussi simple que génial : parler de soi à travers les pochettes d’album qui ont marqué nos vies. Rien de plus, rien de moins. C’est le principe mis en avant par le site Écoutons nos pochettes qui restitue, en podcast, les histoires d’anonymes pour qui la musique a une importance le plus souvent « vitale ». Nous avons assisté à la séance de lecture publique organisée un samedi 23 octobre, à Morlaix, dans le magasin d’antiquités La boudeuse et le crapaud.

Une méridienne surplombée par la pochette, projetée par un vidéo-projecteur, de The man who sold the world de David Bowie. Une petite scène entourée des baffles où 5 lectrices et lecteurs prendront place pour nous lire leur texte. Certains leur appartenant , d’autres non (des auteurs n’ont pas pu se déplacer jusqu’à cette ville du Finistère, il leur fallait donc « des remplaçants »).

Le décor est planté, il ne reste plus qu’à savourer ces histoires anonymes qui forcément entrent d’une manière ou d’une autre en connexion avec nos propres histoires.

L’histoire de la vie par pochettes interposées.

Certains albums nous marquent durablement, parce que leur écoute coïncide à des moments importants pour nous. De ces albums, nous retenons la musique, pour l’avoir écouté un milliard de fois, mais nous retenons aussi la pochette. Ce visuel sert ici de base pour des auteurs et autrices amateurs ou professionnels, qui, à leur façon nous racontent une part de leur existence.

Vous pouvez écouter les podcasts de ces histoires sur le site d’Écoutons nos pochettes (c’est très bien fichu), mais l’expérience de la lecture live apporte une dimension supplémentaire, notamment parce que les émotions délivrées par les lecteurs et lectrices sont partagées par le public. Certaines fois, les textes sont lourds d’émotions, nous sentons que l’auteur y a mis beaucoup de lui, d’un vécu pas forcément simple ou tout rose, d’autres fois ils sont drôles, bourrés d’un humour qui propage une bonne énergie, comme seule la musique peut le faire.

crédit photo : Carole Charbonnier

Des rires, des cœurs gros.

C’est ainsi que le public réagit, soit par des rires, soit par des silences qui en disent plus long que les mots. Si l’on fait fi des détails, ces histoires pourraient être les nôtres, d’un moment de nos vies. Elles sont transcendées par la lecture qui en est faite par les acteurs et actrices d’un soir, car oui, la lecture, c’est un peu comme du théâtre, ou comme du conte, il faut la rendre vivante, sinon on s’emmerde.

Fort heureusement, pas une minute d’ennui ne se profile lors de cette soirée, grâce à la fois aux interprètes qui mettent du leur, mais aussi grâce aux introductions et conclusions des lectures dispensées par quelques extraits musicaux d’oeuvres qui sont majeures aux auteurs de textes. Qui plus est, nous nous disons que les textes n’ont pas été distribués au hasard.

Les 5 lecteurs (ou plutôt 4 lecteurs/lectrices, parité respectée, lisaient plusieurs textes + un lecteur d’une unique histoire) sont impliqués et avides d’impliquer le public. Ils lisent des textes sensiblement de la même tonalité, en fonction, nous l’imaginons, de leurs personnalités respectives. Si l’exercice est compliqué, surtout si un texte ne correspond pas à la personnalité de qui le lit, les interprètes s’en tirent haut la main en transmettant, par leur flow, par leur voix, la juste tonalité du propos.

écoutons nos pochette morlaix

crédit photo : Carole Charbonnier

Émotions.

C’est captivant souvent, émouvant toujours, mais aussi intrigant de voir comment l’histoire lue pourra apporter quelque chose au texte écrit. Mais, à force de silence, de débit sous speed, de légers rires, de modulation de voix, on se retrouve bercé par la musicalité d’une langue qui se marie avec celle d’une musique (qu’on la connaisse ou pas finalement). Il y a du Bowie, des Stranglers, du Tangerine Dream, du Joe Dassin (cherchez l’intrus, mais texte poilant), du Joy Division, Des stones… pour de l’intime, de l’intime et encore de l’intime.

Ce principe, plus que d’en mettre plein la vue, en met plein les oreilles et plein les cœurs. La sincérité des textes est magnifiée par la pudeur des auteurs autant que par celle des lecteurs. S’ils interprètent avec conviction les textes, ils ne se l’accaparent jamais à la manière d’un vampire. Au contraire, ils sont juste transmetteurs d’émotions, respectueux des œuvres, et amoureux de cette valeur de transmission.

Cette soirée lecture fut une vraie réussite. Nous ne saurions que trop vous conseiller de suivre les actualités d’Écoutons nos pochettes et de ne pas manquer l’occasion si une lecture s’invite dans votre ville.

Écoutons nos pochettes est un site/projet participatif créé par Gilles De Kerdrel. Toutes les bonnes plumes sont invitées à écrire leur histoire en rapport à une pochette, et plus largement à la musique. Plus d’infos sur le site officiel ! Notez également la prochaine séance de lecture live Écoutons Nos Pochettes à la Médiathèque François Mitterrand à Lorient qui aura lieu le vendredi 5 Novembre à 18h.

crédit photo : Carole Charbonnier

 

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