ORANGE PAW, les charmes tranquille de la lofi.
Debut solo album déjà disponible chez Psychic hysteria.
C’est un album patchwork que celui d’Orange Paw. En effet, il est une collection de morceaux, de démos plus exactement, enregistré aux alentours de Melbourne. La démarche de la musicienne Mara Williams était toute simple puisqu’elle a simplement déposé ses démos sur bandcamp, avant que Pyschic hysteria sous le charme et propose de sortir l’album sous forme de cassette. Grand bien leur a pris puisque cet album de pop nous ravit au plus haut point.
Nous sentons sur Orange paw ce petit parfum de musique fabriqué avec trois bouts de ficelle, mais dégageant instantanément un charme fou. Sans doute parce que tout y est feutré, tout y est ramassé, comme ensevelie sous une couette, par jour de grand froid, quand mettre un orteil dehors nous semble révéler d’un effort surhumain. Pas de gros effets, tout est ici fruit d’une inspiration qu’il fallait absolument coucher sur bande. Ainsi, c’est la sincérité de sentiments nus qui est mise en avant, avec une délicatesse de ceux qui ont des choses à nous susurrer au creux de l’oreille.
Mat.
Le son est mat. Il est doux aussi. Comme peuvent l’être les lignes de chant. Celles-ci sont sucrées, pop jusqu’au dans leur thématique presque bubblegum. Mais dans l’ensemble, le disque ressemble à un carrefour sur lequel s’entrecroisent le rock garage, le surf, un peu de psychédélisme confectionné avec des synthés qui trainaient par là qui donnent tout de suite une impression d’appartenir à un autre temps, qui pourrait très bien se situer aux alentours d’un dinner, quelque part à l’orée des années 60. C’est un peu l’esprit Happy days qui ressurgit sur cette collection de démos.
Car en effet, il en émerge un sentiment de profonde relaxation, de profond bien-être. Celui-ci n’est possible que grâce à la qualité intrinsèque des compositions et de l’interprétation qu’en fait Orange Paw. Et puis, on avoue, on vous guide exprès sur des fausses pistes parce que, si l’esprit amércain ressort ici, venu d’un imaginaire forcément dominé par la culture écrasante du pays de l’Oncle sam, Orange Paw est en vérité, comme pouvait le laisser suggérer le fait que le disque soit enregistré aux alentours de Melbourne, australienne (tiens donc).
En revanche on ne triche pas en évoquant le garage rock, ni le côté rock bubblegum puisque la musicienne, dont Orange Paw est le projet solo, œuvre aussi au sein de The Pink Tiles et Pleather Purrs .
Simplicité, efficacité.
Nous pouvons dire sans complexe que si ce premier disque joue sur deux adjectifs, respectivement dans cet ordre, qualité, simplicité, efficacité. Les compositions vont à l’essentiel, ne s’embarrassent pas d’une pseudo intellectualisation de leur structure. C’est donc une base classique, qui a fait ses preuves, mais qui est ici magnifiée par ce que Mara Williams met d’intentions dans son chant.
Il flotte un parfum d’amour, de romantisme, peut-être un peu fleur bleue, mais qui nous touche de façon aussi convaincante qu’une flèche de cupidon décochée en plein cœur. Le traitement sur la voix la rend un peu métallique, le son global donne un grain vintage insolent, et surtout, les lignes de chant nous envoûtent. Parce qu’elle touche à quelque chose de très proche de nous, comme l’idée que nous pourrions faire la même chose, en chantant sous le pommeau de douche (ce qui n’est évidemment pas le cas).
Joie, légère mélancolie, parfum de nostalgie.
Il faut dire qu’elle véhicule, cette voix, un nombre incroyable d’émotions, allant de la joie à la tristesse (jamais lourde), soit une légère mélancolie, celle que nous ressentons par exemple quand notre moitié est absente, mais également dégage ce petit parfum nous rappelant les tourments et les réjouissances de notre vie adolescente.
Ce disque est une sucette acidulée qu’il nous faut apprécier à sa juste valeur, à mi-chemin entre l’enfance et l’âge adulte, mais aboutie sous toutes ses formes. Nous nous prenons à dériver au grès des douceurs vocale de Mara Williams, à nous perdre dans des photographies aux teintes sépia, aux vieux roses et aux bleus délavés. Absolument et divinement charmant.
LE titre d’Orange Paw.
Pour nous, celui qui se trouve au centre de l’album, et qui répond au nom de Runaway. Parce que c’est un instrumental qui fait mouche en nous aiguisant les sens avec son entame de synthé à la Au revoir Simone, et qui délivre par la suite une sorte de petit slow surf au charme candide, plein d’innocence, et parce que c’est absolument bien fait, et que ça vaut tout l’or du monde. Et puis, il est très bien entouré ce morceau, notamment par le superbe Alejandro qui a failli lui damer le pion.