MYRIAM OH, quelques questions posées à…

myriam oh scène d'intérieur sans vis-à-visPremière partie de l’interview consacrée à Myriam OH.

Myriam OH à sorti deux recueils, Scènes d’intérieur sans vis-à-vis et Ce ne pas ce que tu n’as pas dit mais la manière dont tu t’es tu que nous avons chroniqué il y a peu. Nous avons posé quelques questions à l’autrice, nous vous dévoilons aujourd’hui la première partie de celle-ci.

L’interview.

Litzic : Bonjour Myriam. Tout d’abord, comment vas-tu ?

Myriam OH : Je vais très bien! Je rentre d’un week-end « Folies Photographiques » dans l’Hérault organisé par Atelier-Nomade.. et ce n’était pas une publicité mensongère : le week-end était fou!

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L : Comment dois-je te définir ? Poétesse ? Musicienne ? Slameuse ? Ou simplement artiste ?

Myriam OH : C’est toujours compliqué les « titres », ça demande de se découper pour faire entrer chacun des morceaux dans une case.. sans trop savoir quoi faire de ce qui reste. Cela dit, « Poétesse », ça me va, dans la mesure où la plupart des projets partent de là. Et puis comme chacun a sa propre définition de la poésie, ça permet d’englober pas mal de choses au passage!

L : Quelles ont été tes influences littéraires, les auteurs et/ou autrices qui t’ont marqué et qui t ‘ont donné envie de prendre la plume ?

Myriam OH : Si je dois citer un ouvrage et un nom, ce serait Paroles de Prévert. Découvert sur les bancs de l’école, il fait partie de ces révélations qui dépoussièrent l’idée que l’on peut se faire de la poésie. Mes lectures sont variées et par cycle : de la philosophie-fiction aux thrillers psychologiques en passant par des mots qui tentent de se poser sur la spiritualité. En général je vais vers un livre quand il s’impose à moi et semble me dire qu’il a quelque chose d’essentiel à me révéler sur moi et le monde dans lequel je vis.

Parallèlement, la chanson française à textes m’a toujours accompagnée que ce soit par les indétrônables Brel et Ferré, ou tous ces contemporains qui leur emboîtent le pas. Cela dit, plus que des œuvres ou des artistes, ce sont surtout des rencontres artistiques ou du quotidien qui marquent et influencent au fil du temps qui je suis, et de fait la forme et le fond de mon travail d’écriture.

« Si je dois citer un ouvrage et un nom, ce serait Paroles de Prévert »

L : Quand l’as-tu prise cette plume ? S’agissait-il déjà de poésie ?

Myriam OH : Je l’ai prise très tôt en fait.. J’ai encore des « journaux » réalisés petite qui mêlent poésies, histoires, dessins,.. – sur lesquels il est notamment mentionné dans l’avant-propos qu’il est « interdit de corriger les fautes », une manière peut-être un peu brutale de conseiller vivement de s’intéresser davantage au fond qu’à la forme, ahah. Mais c’est à 16 ans que la plume s’est imposée comme une nécessité : j’ai commencé par de la poésie (mais à l’époque elle rimait), puis me suis essayée aux micro-nouvelles et à un paquet d’expérimentations que je ne saurais qualifier (quoi que « prose poétique » pourrait convenir), pour revenir aujourd’hui à une poésie qui poursuit son évolution.

L : Comment surgit l’inspiration dans ton cas ? Est-ce le fruit de notes accumulées, de pensées fulgurantes, ou bien s’agit-il d’une inspiration subite ?

Myriam OH : Ça dépend. Et c’est comme pour la cuisine : ma manière de faire à manger est aux antipodes de celle d’il y a quinze ans par exemple et probablement de celle que j’aurai dans quinze ans. S’il y a une constante jusque-là, c’est le fait de ne pas réussir à prendre de notes. Je tente parfois, mais il y a un côté frustrant à ne pas dérouler le fil.. et en réalité, je les utilise très peu.

J’ai besoin de me poser pour écrire et quand je suis dans un texte, j’ai beaucoup de mal à intégrer des morceaux qui n’appartiennent pas à l’instant. Je dirais qu’il y a deux cas. Il y a les moments plus intenses de la vie – ou une émotion vive – qui peuvent déclencher un texte dans la foulée. Et puis il y a tout ce que l’on réceptionne au quotidien qui germe doucement et un beau jour réapparaît sur une page. Comme dans la vie, il y a beaucoup de choses qui nous échappent. L’écriture, des fois elle s’impose. Des fois c’est moi qui vais la chercher, dans l’idée d’expérimenter quelque chose de nouveau par exemple.

« J’avoue que jusqu’à la sortie des recueils je n’avais presque jamais retouché mes textes. »

L : Dans tous ses cas, comment se passe l’acte d’écriture pour toi ? Est-ce un flux continu ou au contraire quelque chose de plus chaotique, nécessitant moult ratures et reprises de ta part ?

Myriam OH : J’avoue que jusqu’à la sortie des recueils je n’avais presque jamais retouché mes textes. C’était surtout du premier jet, au mieux réajusté le lendemain. Pour l’acte d’écriture en tant que tel, ça reste pareil. C’est d’ailleurs pour ça que je me tourne vers des formats courts : quand je commence un texte c’est dans l’idée d’aller voir où il m’emmène dans la foulée. En général quand ce n’est pas assez fluide à mon goût, je ne me force pas en me disant que ce n’est pas le bon moment. Je garde quand même ce qui a été fait « au cas où ».. mais mon disque est plein de « au cas où » que je n’ai même jamais relu. En revanche, je me suis surprise à prendre un réel plaisir à penser les recueils, à retravailler chaque texte et échanger à leur sujet avec l’éditrice. Le fait de les intégrer à un vrai projet (d’édition ou autre) me fait m’en sentir plus proche – ce qui me manquait jusque-là.

L : J’imagine que tu as recours à la lecture à voix haute pour vérifier la musicalité de tes mots ?

Myriam OH : Eh bien… non ! En fait j’écris de manière un peu autistique (c’est peut-être un pléonasme?) : je mets dans mon casque une musique qui tourne en boucle le temps du texte. La plupart du temps c’est une chanson, avec du texte donc, mais que je n’entends plus vraiment. Je crois que c’est plutôt pour donner une ambiance et un rythme de base à mon écriture. Il m’arrive parfois de changer la musique en cours d’écriture en me disant que ça ne correspond pas au ton que je veux donner. Cela dit, le fait d’avoir commencé à travailler des mises en musique et en voix fait qu’effectivement j’ai des ajustements à faire à ce moment-là.. Une des expérimentations du moment consiste donc à écrire dans une optique d’oralité, il s’agit là de quelque chose de vraiment nouveau pour moi.

« Je suis arrivée à la mise en voix et en musique un peu par hasard. »

L : Tu mets tes textes en musique. Comment procèdes-tu ? Tu t’inspires de tes textes pour l’accoupler à une musique, ou bien tu as déjà une idée globale de la chose en amont ?
Est-ce toi qui joue des instruments ou es-tu accompagnée ? Si oui, par qui ?

Myriam OH : Je suis arrivée à la mise en voix et en musique un peu par hasard. En 2017, un danseur m’a proposé de danser sur mes textes et, comme à l’époque je ne me sentais pas de les lire à voix nue, je me suis mis en quête d’un musicien. C’est avec un excellent bassiste, Mathieu Desbarats, que j’ai collaboré à l’époque. Le spectacle mêlant mots, cordes et corps a été un moment marquant pour moi.

En arrivant à Toulouse, j’ai voulu renouveler l’expérience. J’y ai deux collaborations en cours : l’une avec Aïcha Mohammedi (un projet qui part en quête des possibles autour de la communication à travers différents univers musicaux (classique, électro, trap,…) et ambiances sonores) et l’autre avec Jean-Marc Bonnemain (une exploration du panel des émotions disponibles entre musique de road trip et guitare hypnotique).

La réponse à la question est donc : je fais appel à des artistes! Dans la pratique, c’est parfois le/la musicien.ne qui compose une musique pour un texte (en se basant sur l’écrit ou un premier enregistrement de la voix), soit il/elle m’envoie une musique et en fonction de ce que ça m’inspire, je sélectionne des textes et les teste dessus. Il faut dire que j’ai la chance de tomber à chaque fois sur des artistes et personnes dont la sensibilité vise souvent très juste.

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