SHEWOLF — Parasite // “Think For Yourself”
Deuxième album disponible chez Tadam Records.
Voilà une meute de louves, rebelles, hargneuses, et qui ne parlent pas pour ne rien dire. SheWolf débarque avec un deuxième album divinement nommé Parasite qui, comme le premier intitulé simplement Shewolf, va vous bousculer à coup sûr. Parasite. Le mot Parasite peut avoir différentes significations. La première étant celle d’un organisme animal ou végétal qui se nourrit strictement aux dépens d’un organisme hôte d’une espèce différente, de façon permanente ou pendant une phase de son cycle vital.
Ça c’est le Larousse qui nous la donne.
Cela nous évoque le livre du Japonais Ryû Murakami dans lequel l’antihéros est persuadé qu’un ver vit dans son corps et que celui-ci est responsable de ses actes violents. Nous pensons aussi à ces personnes qui vivent aux dépens d’autrui ou de la société comme dans le film Parasite du réalisateur Sud-Coréen Bong Joon-Ho, palme d’or 2019.
Une longue diatribe
Le terme parasite a plutôt connotation péjorative et est associé à quelque chose ou à quelqu’un de néfaste, qui dérange. Cependant à l’écoute de ce dernier EP de SheWolf, ce qui nous est venu à l’esprit en premier, c’est une chanson qui a vu le jour à Seattle avec Nirvana. En effet, le son de notre trio féminin, va vous rappeler ce Rock “Négligé”, le Grunge, qui a connu ses heures de gloire au début des années 90. Alors cette chanson de Nirvana? Laquelle est-elle? Nous vous laissons cinq secondes. Un, deux, trois, quatre, cinq !! C’est Milk It du très très bon In Utero (nous avons tous notre préféré). Milk It démarre ainsi “I am my own parasite I don’t need a host to live”. Bon ce mouvement musical n’était pas connu pour son optimisme, ce n’est pas une grande nouvelle.
A mi-chemin entre les Suffragettes et les Pussy Riot, notre trio composé d’Alice (guitare, chant), Fanny (basse) et Marie-Claude (batterie) nous livre sept titres aussi incisifs et percutants qu’un Tomahawk lancé à vive allure. Tous les maux de nos sociétés actuelles sont dépecés au scalpel. Sur le morceau Monster, les trois riot girls lâchent une longue diatribe et vilipendent sur la place publique les Hommes d’États et leurs politiques. Les mots sont forts et le manque de confiance en nos politiciens est plus que jamais omniprésent.
Sur Escape, la voix est fantomatique, la guitare est poussiéreuse et crache de mille feux. Le morceau traite de ces pervers narcissiques et autres infâmes personnages qui imposent leur tyrannie abjecte sur leurs moitiés. Les violences psychologiques sont toutes aussi condamnables que les violences physiques.
Une réalité acariâtre
Avec Pause Féminin(e), seul titre en français, histoire que le message soit clair pour tout le monde, Shewolf énumère dans un premier temps tous les épithètes infectes et fétides utilisées à l’encontre des femmes, mais aussi les actes ignobles que celles-ci subissent. Dans un deuxième temps, le trio fait le catalogue strict et fidèle de la réalité et qui dépasse de loin l’étroitesse d’esprit de certains.
Pages traite de la perte de sens et de repère de toute une génération, perdue entre un monde abstrait et une réalité acariâtre. Une jeunesse qui erre dans l’Upside Down, qui possède tout et rien à la fois. Avec son côté pop et son texte, Pages éveille en nous la réminiscence du tube Smells Like Teen Spirit de Nirvana, sauf qu’ici ce n’est pas l’apathie des jeunes qui est mise en exergue mais plutôt leur dépersonnalisation.
Catherine est en quelque sorte le prolongement de Pages et fait ressortir les difficultés de communication que peuvent rencontrer les familles. La guitare nous donne le tournis et une sensation de perdre pied se fait ressentir. Alice, au chant, vient s’arracher les cordes vocales au point que nous nous tordons de douleur pour elle.
Be Happy, Be Productive, le thème du morceau nous rappelle le roman Fight Club de Chuck Palahniuk (porté à l’écran par David Fincher) ou encore le titre Fitter Happier de Radiohead. Shewolf nous énumère ironiquement une To-Do List que la société nous encourage à suivre pour être une personne heureuse et en forme. Ici, la batterie est mécanique, les voix déchirantes et la basse nous fait vibrer les tympans.
Un manifeste acescent
Nothing Left To Say, Plus rien à dire. Pourtant nos combattantes du rock, n’ont pas la langue dans la poche et sur ce morceau, elles n’hésitent pas à mettre en avant les tares et l’absence de passion des pontes de l’industrie musicale. Industrie. Le mot est lâché. Pas besoin de faire de dessin. Ce n’est pas parce que Robert Johnson a vendu son âme au diable qu’il faille lui faire concurrence.
Burnt nous tend la main et fait place à la légèreté. C’est un morceau sur le droit à une seconde chance, sur l’imperfection. Nous nous sentons humains avant tout ! Enfin Parasite. Ce morceau est celui qui résume le mieux l’état d’esprit et le fil rouge de l’album à savoir notre mal-être intérieur, et que d’innombrables éléments extérieurs (en tout genre) viennent brouiller, interférer, PARASITER notre quotidien, notre vie. Certes il ne faut pas se résigner. Il faut vivre avec et nous nous devons d’être forts!
Avec ce deuxième opus, Shewolf livre un manifeste acescent dans lequel tout le monde en prend pour son grade. Leur musique est frontale, vindicative et salvatrice et nous conforte dans l’idée que le mouvement Riot Grrl porté par des groupes comme L7, Babes In Toyland ou encore Bikini Kill est bel et bien vivant. Dans une société encore trop patriarcale, nous pouvons compter sur Shewolf pour sortir de la meute et mener le combat.
LGH
(Le Gosse hélicoptère) j’adore découvrir de nouveaux artistes encore inconnus du grand public
et chercher ceux qui dans le passé ont fait ce qu’est la musique aujourd’hui.
La musique m’accompagne en permanence et tient une place primordiale dans ma vie.
Mon maître-mot est l’éclectisme même si mon cœur balance pour le rock sous toutes
ces formes. J’affectionne également la littérature et plus particulièrement la littérature
anglo-américaine (Bret Easton Ellis, Don Delillo, Jonathan Franzen,…).
Relire la chronique de Deap Vally
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