WHERE YOU ARE, debut album
Déjà disponible chez Cranes Records
Peu d’informations filtrent sur le groupe qui a sorti, le 21 octobre dernier, son premier long format, sobrement intitulé… Where you are. Après un premier EP paru en 2020, le groupe s’épanche un peu plus, dans les paroles de l’album, sur ses thèmes de prédilection que sont la solitude et l’isolement. Musicalement, nous sommes en présence d’un rock rappelant par pas mal d’aspects une certaine vision du grunge, notamment ce côté colère froide qui parfois explose dans de soudaines et brusques montées d’adrénaline.
Le chant, lui, évoque plus facilement une pop rock telle qu’on la produisait dans les années 90. D’ailleurs, ce disque semble s’en être totalement échappé, de cette décennie, tant il n’embrasse en rien aucune des sonorités actuelles, même si ces dernières sont ou peuvent être nourries d’un certain revivalisme. Dans le cas de Where You Are, nous sommes totalement dans l’époque qui a vu naître et s’abimer Nirvana, décoller Radiohead, s’éteindre pas mal de formations telles Soundgarden ou Alice in chains.
Spleen Grungesque
Parce que oui, c’est bien un spleen tout grungesque que transcendent les mélodies du groupe . Il y a une lourdeur presque intenable, une douleur aussi, comme un cri d’adolescent qui resterait coincé quelque part entre l’estomac et la bouche. Seules quelques décharges bienfaitrices permettent d’amoindrir la tension, de libérer quelques entraves, de laisser la musique glisser et ruisseler et laver une part de mal-être qu’on devine aisément étouffante.
Guitare, basse et batterie se livrent dans un corps à corps musclé, parfois lent, et nous rétament par ce caractère lourd, mais rarement écrasant, comme si le groupe parvenait à mettre de l’air dans l’asphyxie. Lignes de chant et mélodies n’y sont sûrement pas pour rien tant elles apportent de l’espace là où la musique semble parfois se ramasser sur elle-même comme un être humain se renfermerait sur lui-même suite à un traumatisme.
Avec ce jeu à double niveau, Where You Are crée la surprise, entre fronde et résignation, entre lourdeur et légèreté, entre gravité et lâcher-prise sous forme d’exutoire musical. Une belle réussite quoi qu’il en soit car le disque s’avère vite indispensable pour dissiper notre propre cafard. Salutaire en un sens, non ?
Patrick Béguinel
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