LOONS, Cold Flames
Flippin’ Freaks Records / Head Records / Ganache Records 02 Mai 2022.
Cold Flames, un oxymore dans lequel l’auditeur ne peut manquer de se reconnaître et par lequel il ne peut manquer d’être guidé, coïncide parfaitement avec la musique proposée par le jeune trio Montpellierain. Un alliage sonore hérité de leurs ainés, mais une césure musicale innée, intuitive. Autodidacte, Elio Richardeau considère justement la guitare comme une pâte à modeler dont l’inspiration est intarissable.
Une maturité flagrante.
Il s’agit de savoir comment vous pouvez être à deux endroits à la fois. Pour cela, il suffit d’écouter L’EP de Loons qui possède la charge rugueuse du grunge, la coloration brumeuse du shoegaze. Plusieurs décennies ingérées en un format implacable, digne des grandes signatures du punk rock. Et le trio se trouve là où on ne l’attend pas.
Déjà, cette sonorité presque garage Lo-fi, intrinsèquement assumée. Les contours des mélodies sont brouillés par des riffs gavés de saturation, assurément on ne peut qu’adhérer. Et puis ces dissonances, jusque dans le chant. La maturité de leur musique s’explique par l’harmonie entre les membres, la complicité étant une clef décisive dans la longévité d’un groupe. L’énergie vient de l’intérieur, les guitares sont vissées, compactées en un mur de son gigantesque dans Cold flames, titre inaugural du disque.
Une personnalité affirmée.
Ce premier EP met en lumière le lien qui unit ses musiciens, ainsi que leur capacité à entretenir la flamme de la créativité. Wings prend son envol avec cette intensité régénératrice, un nouvel assaut vers une modernité initiée par une nouvelle génération comme Lysistrata. Avec des changements de trajectoires, remplis de l’imprévisibilité tout en étant solidement structuré, Loons fait preuve d’une grande maitrise musicale.
Séance de rattrapage.
Grâce à une section rythmique solide, la spontanéité de Cold Flames est préservée, mieux encore, elle est projetée en avant. Le final Bliss amplifie encore cette sensation de fièvre, de vertige, sans tomber dans un recyclage du passé.
Oui, le disque est sorti au printemps, mais il subsiste au-delà de l’immédiat. Masterisé par Jim Diamond, la production restitue la rugosité sonore du groupe, l’heure est-elle à une nouvelle vague de rock alternatif ? La réponse est dans la question.
Bandcamp : https://head-records.bandcamp.com/album/cold-flames
crédit photo Bertrand Richardeau.
Franck irle
Elevé dès mon enfance aux vinyles, initié au piano et à la guitare, première révélation avec les Beatles à l’âge de 8 ans issue de la discographie de ma mère. Autre révélation avec Jack Kerouac, et la beat generation durant mon adolescence. Je me suis décidé à écrire des chroniques sur un blog dédié à la musique Francophone souterraine ( Jean Le Fennec, Wertheimer, Alain Kan…) et depuis ? Je dévore les disques au quotidien, participe avec WhatTheFest en tant que bénévole pour des concerts sur Montpellier ( Lingua Ignota, Anna Von Hausswolff). Ci-joint une photo polaroid un peu floue ! Je compose aussi et travaille sur un projet solo, Zero Circle : https://zerocircle.bandcamp.com/
Lire une autre chronique de Franck ici
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