ERWAN BARGAIN / ARION RUFUS, poésie sous tension
Projet en cours.
Nous avions déjà exploré l’univers musical d’Erwan Bargain avec e.Sens, nous poursuivons avec ce projet, resté pour l’heure inexploité (paraît qu’une épidémie s’est invitée à la fête et a retardé certaines sorties d’albums). Avec Arion Rufus, notre poète chanteur/slammeur quitte les contours de l’électro jazz/trip hop pour un univers plus rock, tendance garage, avec toujours ce verbe, haut et fort, comme un poing levé à la face du monde.
En quelques titres, Arion Rufus nous fait une très bonne impression, de celle qui vous reste dans la tête pendant un moment. Sans doute parce que les guitares nous proposent des mélodies qui s’avèrent vite addictives, sans pour autant être le fruit d’un hasard heureux. Les compositions sont en effet parfaitement calibrées pour vous accrocher les sens, à commencer par une basse bien présente, qui pose des lignes semblables à des rails de coke. À peine sniffées, elles provoquent ce petit sentiment de toute puissance que rien ne peut venir mettre à terre. Roulante, possédant une fièvre disco punk (enfin plus punk que disco, ce dernier aspect servant à décrire ce groove aisément perceptible qui donne envie de se lever de notre siège pour esquisser quelques pas de danses, plus ou moins bien sentis, eux).
Abrasif.
Là-dessus, se posent une batterie, une guitare et une voix. La batterie s’avère assez sèche, définitive, pleine d’un feeling discret, mais toujours efficace. La guitare, elle, est très inspirée par le punk rock, par le rock tout court aussi. Elle ne dégouline pas de partout, reste dans la sobriété, toutes griffes dehors cependant, proposant arpèges et accords plaqués inspirés. Pas de guitar hero ici (même si une petite inspiration hendrixienne pointe parfois le bout de son nez, sans doute à cause, ou plutôt grâce à une pédale wah wah utilisée à très bon escient), mais une guitare qui sait se placer là où faut pour déclencher la foudre, emporter l’auditeur dans son sillage, le laissait, aussi, en manque quand il le faut.
Frustrante et libératrice, possédant la capacité à disparaître quand il le faut, ou du moins à se faire plus discrète quand elle se sent de trop, l’intelligence de jeu de son dompteur ne fait aucun doute. Pas d’ego surdimensionné mais un feeling de groupe indéniable. Enfin, reste la voix, d’Erwan Bargain. Dans e.Sens, elle était scandée avec conviction mais s’accouplait à la musique, plus douce que celle d’Arion Rufus. Ici, elle se fait une nouvelle fois caméléon, toujours dans cette veine spoken word que nous lui connaissons, mais avec une pointe de hargne plus développée, plus mordante, cinglante.
Ne révolutionne rien mais…
Elle déroule des textes qui parlent une nouvelle fois d’amour, de relations humaines et de la société qui est la nôtre. Nous éviterons les lieux communs qui diraient que les textes sont impeccables, en revanche nous pouvons indiquer qu’ils collent, comme c’était le cas avec e.Sens, parfaitement au contexte décrit par le groupe. Certes, ils ne révolutionnent rien (les thèmes en sont universels, quelque soit la nationalité et la langue utilisée), mais ils sont tous orientés vers le haut de gamme, apportant ici leur touche poétique, en perfecto et Converse All Star.
Du punk, ils gardent l’esprit revendicatif, critique, démonstratif d’un monde qui perd sa tête et son sens. Du rock, un savoir-faire mélodique, rythmique, sexy aussi. Arion Rufus fait donc sacrément plaisir, s’avère plus que sympathique dans le sens ou la faute de goût est totalement proscrite des titres. Jamais facile, toujours inspiré, il déclenche tout de suite ce petit frisson qui ne peut exister que quand le couple texte/musique fonctionne à plein régime. Ce qui est assurément le cas ici , sur l’ensemble des titres écoutés. Une mention particulière pour Le cri suspendu qui pourrait presque devenir un hit en puissance. Il nous tarde donc que le groupe sorte son premier album. Paraît-il que c’est pour cette année. Enfin si la pandémie ne refait pas des siennes.
Voir quelques clips sur le fb du groupe
Compléments
Relire la chroniques de ses trois ouvrages jeunesses
Chronique de Zombies, des visages des figures.
Relire les chroniques de Lettres à rêver et Dans de beaux draps , ainsi que celle de En marche arrière (nouvelles)
Redécouvrir la chronique d’Old School.
Erwan Bargain évolue aussi en musique, avec e.Sens.
Chronique radio des écrits d’Erwan Bargain (En marche arrière et Bande de sauriens)
Interview d’Erwan Bargain diffusée sur Radio-activ 101.9 FM le 05/05/21 dans l’émission B.O.L
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