IVAN RIMBAUT, Old school (auteur du mois sous pseudo)

Ivan Rimbaut Old school Erwan Bargain

Roman paru aux éditions Terriciaë.

Quand nous étions ados, on a tous regardé ce genre de série télévisée nous plaçant face à nos semblables. Les années collèges, ou plus tard des séries comme Hartley cœur à vif, nous décrivaient les affres des premiers amours, un malaise adolescent et/ou des combats de notre génération (enfin plus ou moins), rehaussé par un côté romanesque et des figures quasi mythologiques de héros à qui on ne pouvait pas la faire. Old school, d’Ivan Rimbaut (qui n’est autre qu’Erwan Bargain), nous raconte le parachutage d’un garçon dans un nouveau collège où son intégration se passe difficilement.

Parce qu’il est trop gros, parce qu’il est trop grand, mais surtout parce qu’il n’est pas d’ici, rien ne se fait avec facilité. Ses parents emménagent en Bretagne, dans un endroit où tout le monde se connait et cela est forcément exacerbé par le cadre encore plus restreint d’un collège. Mis à l’écart dès son arrivée dans l’établissement scolaire, il subira un « bizutage » permanent et sera celui que l’on nomme « La tête de turc » des autres élèves, garçons comme filles.

Plongée dans les années de construction de soi.

L’époque du collège est l’une des plus dures qui soit. On quitte le cadre rassurant de l’école primaire pour arriver dans un établissement plus grand, où les codes ne tardent pas à changer, même ceux concernant notre propre corps. En effet, plus le temps passe et plus les hormones font des leurs, plus on quitte l’enfance pour entamer le premier pas vers l’âge adulte. Victime de harcèlement, Ivan Rimbaut, dont le roman est son penchant autobiographique, raconte son entrée dans ce collège, ces combats pour éviter d’être racketté, pour éviter les fameuses « mises à l’air », ce genre de petits comportements tout à fait primitif de certains petits cons de collégiens (ouais, nous aussi on a pris cher au collège).

Pourtant, même si l’on peut croire à une sorte de règlement de comptes entre Erwan Bargain/son alter ego Ivan Rimbaut et ses années compliquées, nous nous trompons en partie. En effet, nous sentons une part de vécu, relatif au malaise de se sentir rejeté, mais nous y voyons aussi éclore une passion débordante pour l’écriture et la poésie, pour le rock également, tendant à amoindrir la douleur de la mise à l’écart.

Un juste dosage.

L’écriture, dans Old school, ne sombre jamais dans une grossière caricature, ou dans un constat clinique d’un vécu de malheureux, et évite ainsi la case pathos. Si Ivan Rimbaut est effectivement victime, la plume reste malgré tout en surface, décrivant simplement le plus dur du ressenti d’une façon presque superficielle, avec un peu d’humour et avec un certain détachement. Cela permet au roman de n’être pas un prêchi prêcha contre les autres, ou un état d’apitoiement sur soi, mais au contraire une sorte de fable adolescente qui trouve des apports lumineux par les passions pour la musique et l’écriture, et par les premiers émois amoureux également.

Tout est contenu dans un équilibre très bien senti, rythmé par des paragraphes courts représentants des moments clés de l’existence d’Ivan Rimbaud, par une balance joie/tristesse bien distillée, et par une plume qui colle au plus près au regard d’adolescent qui était celui d’Erwan Bargain (ou qui l’est encore puisque notre auteur du mois est un homme qui a su garder son âme d’enfant).

Old school fait donc parfaitement son boulot, à savoir celui de nous ramener un certain temps en arrière, de réaliser que, finalement, tous, nous avons vécu ce genre d’épisodes douloureux, rite initiatique du passage à l’âge adulte. Et puis c’est drôle aussi. Ce qui fait d’Old school un roman doux amer en forme d’hommage à tous ceux qui ont pris des coups mais qui ont su en faire quelque chose de positif, comme Erwan Bargain l’a fait avec l’écriture par exemple).

Nota :

Petite curiosité, le livre est écrit par Ivan Rimbaut comme Erwan Bargain l’indique dans la préface. Le doute subsiste donc : Erwan Bargain est-il Ivan Rimbaut ? Pour nous, il s’agit peut-être d’un mécanisme pour permettre un certain détachement (affectif) à cette histoire vécue. En tout cas, c’est surprenant et original.

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Relire la chroniques de ses trois ouvrages jeunesses

Chronique de Zombies, des visages des figures.

Relire les chroniques de Lettres à rêver et Dans de beaux draps 

Son portrait

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Interview d’Erwan Bargain diffusée sur Radio-activ 101.9 FM le 05/05/21 dans l’émission B.O.L

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