[ NOUVELLES ] BARBARA MARSHALL, Secrets et turbulences.
Secrets et turbulences, recueil de nouvelles de Barbabra Marshall (disponible chez Z4 éditions).
Vous aviez pu découvrir il y a quelques jours la nouvelle Blessure de sable de notre auteure du mois Barbara Marshall. Cette nouvelle clôt le recueil Secrets et turbulences, recueil de 12 textes surprenants, vivants. Nous vous détaillons tout cela dès à présent.
Univers global.
Immédiatement, nous sommes intrigués par l’écriture de Barbara Marshall. Et ce n’est pas peu dire ! La première nouvelle du recueil donne en effet le ton, un ton à la fois sensuel (basé sur les sens donc) et flirtant avec les limites du fantastique. Ces deux composantes se retrouvent en effet sur l’ensemble de Secrets et turbulences qui délivre ici 12 textes s’appuyant sur des situations quotidiennes, banales. Pourtant, qu’il s’agisse de maternité, de maladie, d’homosexualité, d’accident de la vie, Barbara Marshall nous détourne de ces situations concrètes en abordant les rivages de la science-fiction. Il en résulte un mélange étonnant qui, toujours, nous surprend dans les dernières lignes.
Si nous prenons Blessure de sable, que vous aviez pu découvrir ICI, le reporter de guerre se retrouve projeté dans ses souvenirs, souvenirs liés à un choc post-traumatique de guerre en Afghanistan. Tout part d’un bord de mer, d’un aquarium, d’une chaîne, alors qu’il attend que son boss termine une conversation téléphonique. Cette chaîne lui rappellera le sable, la colère de la guerre, ces événements qui marquent indiscutablement la vie de tous ceux qui les vivent ou les aperçoivent, même de loin, même relativement protégé.
Sens en éveil.
La plongée dans le passé de ce reporter prend des atours physique plus vrais que nature. Il revit les événements comme s’il n’en était pas revenu, comme s’ils se déroulaient toujours. Cette spécificité, nous la retrouvons dans tous les textes présents dans Secrets et turbulences : la mort qui rôde dans Grève de la fin, l’inéluctabilité du destin ou la force de le provoquer dans L’écorce ou la sève, l’humanité d’un voyou déclenché par une larme de Nyotaimori, le langage des corps dans Au travers des jungles humaines etc… Tout repose sur les ressentis, les interprétations de ceux-ci, sur l’humanité qui se cache derrière des façades souvent insondables mais qui révèle des âmes flamboyantes.
La plume de Barbara Marshall séduit, fortement, sans que nous sentions pourtant un désir évident de produire cet effet. Comment dire ? C’est un peu comme si elle s’adressait à notre intimité, à celle que nous contenons tous en nos corps/cœurs. Combien même nous ne l’exposerions pas, la garderions pour nous, que notre auteure du mois la ferait ressortir par la magie de ses nouvelles. C’est-à-dire, plus simplement, qu’elle s’adresse non pas à notre cerveau, mais à ce qui fait de nous des êtres humains. Nos expériences ont façonné, depuis notre enfance, notre personnalité. Barbara Marshall, par la force d’un détail, annihile la sensation que celles-ci sont insignifiantes. Au contraire, elle en décuple la force tout en empruntant des sentiers détournés.
Un exemple parlant.
L’une des nouvelles qui nous a le plus marqués, par exemple, et À l’écoute de l’infini. Dans celle-ci (nous n’allons pas vous dévoiler la chute rassurez-vous), l’infiniment grand côtoie l’infiniment petit. Pourtant, cet infiniment petit n’arrive que sur le dernier mot de l’avant-dernière phrase. Et du coup, nous relisons l’intégralité de la nouvelle, fort de cette « découverte » des plus étonnantes, et la redécouvrons sous un angle tout à fait nouveau. L’effet est terrible car le double niveau de lecture révèle ici une force implacable. La première lecture nous envoyait sur une fausse piste (terriblement crédible) balayée ici d’un revers de la main pour nous plonger dans une réalité toute autre. L’effet nous désarçonne, mais, indubitablement, nous ravit.
Cette façon de procéder est récurrente et démontre une habilité à plusieurs niveau. Le pouvoir des mots est ici utilisé à bon escient, au-delà même des espérances. La richesse du vocabulaire n’y est pas pour rien, l’énorme talent de conteur de Barbara Marshall non plus.
Ces douze nouvelles sont des petites pépites, des pièces d’orfèvrerie littéraire. Leur mécanisme n’est jamais visible, il ne révèle ses rouages qu’au fil des lectures, mais reste, toujours, inédit d’une histoire à l’autre. Si la patte de Barbara Marshall est reconnaissable, elle invente et réinvente sa façon de s’exprimer dans chaque histoire, toujours avec une grâce aérienne. Dès lors, chacune d’elle révèle, comme le nom du recueil l’évoque avec précision, ses secrets et turbulences.
Quelques liens utiles :
Blog de Barbara Marshall
Son Site d’auteure
et son FB
Retrouvez le portrait de notre auteure du mois ICI
Retrouvez la nouvelle Blessure de sable ICI
première partie de l’interview de Barbara Marshall ICI, deuxième partie ICI
EXCLU ! Retrouvez le podcast de Secrets et turbulences diffusé sur Radio Activ, le 27 avril, dans B.O.L (bande Originale de LIvres). C’est ICI