[ INTERVIEW ] ARNAUD LE GOUËFFLEC nous parle de L’Orage

Interview d’Arnaud Le Gouëfflec dont le nouvel album, L’Orage, sortira en avril (chez L’église de la petite folie).

Le nouvel album d’Arnaud Le Gouëfflec sort au mois d’avril, mais l’homme a accepté de répondre à quelques petites questions à propos de L’Orage. On vous montre tout ça dans l’interview qui suit, avant une chronique détaillée, dans les semaines à venir, de ce très beau disque, navigant entre électricité et contemplation poétique.

L’interview

Litzic : Bonjour Arnaud. Première question d’usage : comment vas-tu ?

Arnaud Le Gouëfflec : Plutôt pas mal et toi ?

L : Ça va très bien ! Tu sors ton prochain album en avril. Il s’intitule L’Orage. Pourquoi ce titre ?

Arnaud Le Gouëfflec : Au départ, il devait s’appeler Milarepa, du nom de l’ermite tibétain qui a passé une grande partie de sa vie dans une grotte à flanc de falaise (1). Je me disais que Milarepa avait dû voir passer un paquet d’orages. Ça m’évoquait l’électricité, l’idée de se retirer du monde et aussi celle de ne pas bouger et de voir le monde tourner autour de soi, avec ses nuages et ses menaces. Quelque chose de calme au milieu de la tempête. Il y a un lien je trouve entre l’électricité et l’impassibilité, entre le rock’n’roll et la méditation.

L : Comment a-t-il été élaboré ?

Arnaud Le Gouëfflec : J’ai proposé à mon camarade John Trap de travailler sur ce projet, on a beaucoup travaillé ensemble et j’ai une confiance aveugle en ses capacités d’arrangeur et de mixeur. J’ai ensuite pensé à Régïs Boulard, un batteur que j’admire beaucoup, dont on sait dès les premiers coups de baguette que c’est lui qui joue. Régïs joue sur la tension des peaux, la résonance, et le fond de temps, il y a quelque chose de guerrier et de méditatif dans son jeu (2).
Ensuite, j’ai contacté Olivier Mellano, avec qui j’avais eu l’occasion de faire une création (avec le beatboxer Ezra) pour les 10 ans de la Carène, la SMAC de Brest, et je savais que c’était un guitariste noise d’une grande créativité, capable de chercher des textures et des harmonies qui n’appartiennent qu’à lui.

J’ai aussi proposé à Thomas Poli, également guitariste et spécialiste du synthé modulaire de nous rejoindre. On avait plein d’atomes crochus, ; autour de la musique drone et de certains disques de black metal, et je savais qu’il avait une approche du son unique, qu’il avait en plus de ses talents de musicien des connaissances et une science de la prise de son. J’ai aussi demandé à ooTi de faire des voix, j’ai collaboré à deux de ses disques et c’est absolument naturel pour moi de faire appel à elle. Je pensais qu’en réunissant cette équipe là, on arriverait à faire l’Orage et je n’ai pas été déçu.

C’est une vieille histoire, qui m’intéresse depuis mes débuts…

L : On ressent dans cet album une tension qui évoque effectivement celle de l’orage. Mais également un côté chanson française, moins « tendu ». Comment l’équilibre s’est-il fait entre les deux genres mais également entre tension électrique et douceur de la voix et des arrangements ?

Arnaud Le Gouëfflec : C’est une vieille histoire, qui m’intéresse depuis mes débuts, comment faire des chansons en français qui soient davantage inspirées par le rock, le krautrock, que par la tradition de la chanson française, et comment confronter la langue française à des contraintes musicales qui ne lui sont pas associées a priori. L’Orage poursuit ce travail déjà enclenché depuis longtemps. L’objectif est d’équilibrer des textes posés, une voix plutôt calme et placée au premier plan, et une musique parfois très électrique. C’était tout le défi du disque.

L : Cet album nous fait un peu penser à Miossec, un peu à J-L Murat. Sont-ils des références pour toi ?

Arnaud Le Gouëfflec : J’aime certaines de leurs chansons, et j’ai le plus grand respect pour leur démarche, parce qu’ils ont toujours cherché dans cette direction dont je parlais précédemment. Mais j’ai été davantage marqué par Daniel Johnston, par Eugene Chadbourne, par Roky Erickson, par tout un rock américain essentiellement. Comme eux, j’imagine. Je trouve qu’en matière d’écriture rock en français et de placement de la voix, ce sont des références, en effet.

J’ai été beaucoup marqué par Jules Laforgue, par Jean Cocteau, par Henri Michaux.

L : La langue est riche dans L’Orage, très poétique. Quelles sont tes inspirations en la matière ? Plutôt des poètes, des écrivains ou tout simplement la force de la nature qui est, pour nous, très présente dans les images que procurent ton album ?

Arnaud Le Gouëfflec : Je lis beaucoup de poésie et depuis longtemps, donc difficile de délimiter avec précision les influences de ce disque là. J’ai été beaucoup marqué par Jules Laforgue, par Jean Cocteau, par Henri Michaux. En ce moment, je lis beaucoup Marie Noël. En matière de chanson, j’ai beaucoup écouté Brassens et Gainsbourg, ou Boris Vian. Je suis inspiré par beaucoup d’auteurs, et dès que j’en découvre un nouveau ou une nouvelle, il ou elle m’inspire.

J’ai aussi été inspiré par les méditations au synthétiseur de la compositrice Eliane Radigue, par ses références à l’ermite Milarepa, par des disques expérimentaux comme celui de Vishudda Kali, par un album de black metal appelé Hin-Fort, d’un groupe tchèque nommé Trist, qui ne contient qu’un seul titre d’une heure. Par le morceau Back to nature de Fad Gadget. Tout ça se mélange pour faire un faisceau d’inspirations.

Teaser de l’album.

L : Quelles étaient tes intentions avec L’Orage ? Quels en sont les thèmes visibles et ceux qui sont moins visibles ?

Arnaud Le Gouëfflec : Je voulais faire un disque tendu et électrique, avec une pénombre pré apocalyptique. J’avais des images d’orage et de montagne en tête. Je procède souvent comme ça, avec une image mentale et finalement assez cinématographique. Les textes se sont ensuite construits autour de ces images.

L : Comment te définirais-tu en 3 mots ?

Arnaud Le Gouëfflec : J’écris des chansons, des romans et des scénarios de bande-dessinée,mais ça fait plus de trois mots 🙂

L : Tu as carte blanche pour en parler comme bon te semble, faire ta promo . C’est à toi !

Arnaud Le Gouëfflec : Alors ça c’est un exercice trop inconfortable. J’aurais l’impression d’être Milerapa dans sa caverne, mais en plus assis sur un tapis de clous…

Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions. Je rappelle que le très bel album d’Arnaud Le Gouëfflec, L’Orage sort le 10 avril chez L’église de la petite folie.

Notes De La Rédaction.

(1) le titre 4 de L’Orage s’appelle Milarepa. Si vous désirez en savoir plus sur cet ermite, ce lien vous conduit vers un article sérieux lui étant consacré : Omalaya travel )
(2) NDLR : jouer au fond du temps, c’est produire le son dans les derniers dixièmes de secondes d’un temps donné. Genre sur une seconde, jouer dans le dernier 1/10éme de seconde, en opposition à l’attaque du temps qui équivaut à jouer dans les 1er 1/10éme du temps)

interview arnaud le gouefflec l'orage

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Son site officiel

On pense à Garage blonde (pour la tension et la richesse de la langue)

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