CARRE D’AS 2
Nouvelle sélection d’albums par Ben !
Découvrez la sélection underground Carré d’as 2 !
Mia Windsor – This is a place where I can sit comfortably (autoproduit)
Décidément, la scène ambient de Leeds regorge de talents. Et si lecteurs et lectrices de Litzic savent tout le bien qu’on pense ici de JD Roberts, ils apprendront qu’avec Mia Windsor, on tient une autre artiste à l’univers musical passionnant. Le bien nommé « This is a place where I can sit comfortably » présente ainsi trois pièces de drone ambient composées exclusivement à l’orgue et qui voient intervenir, par ordre d’apparence, Catherine Harris, Huw Morgan et Mia Windsor, elle-même.
Évolutives, captivantes, les trois compositions dessinent un espace apaisant, propice à l’élévation spirituelle et à l’introspection. Au milieu de longues plages élégiaques surgissent parfois quelques notes inquiétantes (Malum Opus) ou grandioses (le morceau éponyme que l’on recommande particulièrement). L’improvisation qui laisse entendre Mia Windsor dialoguer avec Catherine Harris clôt l’album en beauté, passant du foisonnement initial à l’épure, s’achevant presque là où l’album avait commencé.
Tout au long de cet LP, la compositrice anglaise orchestre, avec une grande habileté, la rencontre de la musique contemporaine avec le classicisme, du profane et du sacré. « This is a place where I can sit comfortably » nous incitera très certainement à suivre les futures travaux de Mia Windsor et, en attendant, à se plonger dans ses œuvres précédentes.
https://miawindsor.com/
https://miawindsor.bandcamp.com/album/this-is-a-place-where-i-can-sit-comfortably
Marée Basse – Marée Basse (Coeur Sur Toi Records)
Depuis deux ans déjà, l’excellent label phocéen Cœur Sur Toi de Laurent Santi nous achalande en trésors glanés au quatre coins des mers de l’underground. La pêche du jour nous vient de Montpellier et pratique un punk abrasif aux influences millésimées nineties et, ce qui n’est pas rien, chanté dans la langue d’Olivier Giroud, s’il vous plaît.
En 6 titres menés tambour battant, Marée Basse convoque les mânes de Radish, Nada Surf et Supergrass signant ainsi un premier effort de très haute volée. Rageur, le chanteur balance ses textes au diapason d’une époque peu réjouissante (« La terre tremble« ) dans laquelle reste toutefois la volonté de ne rien lui abandonner (« Fier de toi » et son mantra indie « protéger l’amour le bruit« ). « Faux et fort » pourrait à juste titre sonner comme le manifeste du label qui accueille Marée Basse : intégrité totale.
A la pseudo poésie échevelée des trop nombreux poseurs du rock en Français, le duo pailladin préfère la crudité du réel asséné avec la force d’un crochet de Joe Louis (« Un Jour Sans » qui dérouille l’auditeur en 1’34 et qui rappelle leurs excellents cousins anglais de Grade 2). Les mots sont simples, le chant direct et le kick de la batterie cogne droit dans le plexus. L’énergie est mise au service de la qualité des compositions. Un EP qui rappelle plus que jamais que les mots rock et français n’ont rien d’incompatibles.
https://coeursurtoi.bandcamp.com/album/mar-e-basse
Christophe Bailleau & Friends – Shooting Stars Can Last (Transonic Records / Optical Sound Records)
Certaines personnes réunissent des amis autour d’un dîner ou pour sortir boire un verre. Christophe Bailleau, lui, est plutôt du genre à les convier à enregistrer un album. Et un excellent, tant qu’à faire. La preuve en est : il ne faut pas attendre très longtemps avant de voir surgir le premier chef-d’œuvre. Placé en troisième position, le sublime « Juzz » convoque le meilleur d’Atom Heart Mother pour le croiser à des chœurs célestes tout droit sortis d’une partition de musique sacrée. « Inia » nous guide à travers les émanations enfumées d’un Orient sonorisé par Popol Vuh, « The Dream Caard » explore les interstices du silence et « Miftho » nous prend par la main pour nous emmener faire la visite -inconfortable- des plateaux de Leng au son de percussions tribales et d’un saxophone free.
Christophe Bailleau sait aussi oeuvrer dans le (très) mélodique ainsi qu’en atteste le somptueux « Lush Dreamland » que la guitare de Chris Farrell enlumine divinement. En treize pistes, le musicien expérimental belge et sa pléthorique liste d’invités donnent à entendre ce que la musique expérimentale du début de cette décennie produit de meilleur. Ambient, prog rock, kosmische musik, tous ces genres s’entrechoquent pour donner naissance à une oeuvre inclassable qui brille par sa grande liberté. Et bien que multipliant les directions, « Shooting Stars Can Last » garde une grande cohérence et s’impose comme un des albums marquants de cette année 2022.
https://transonic-records.bandcamp.com/album/shooting-stars-can-last
https://optical-sound.bandcamp.com/album/shooting-stars-can-last
Dunes – Babushka Deli (autoproduit)
Tandis que l’actualité bégaie en boucle sur les économies d’énergie, quoi de mieux qu’un album frappé du sceau d’Hélios pour se réchauffer ? Ça tombe bien, le « Babushka Deli » de Dunes, sorti à la faveur d’un mois d’août torride, s’écoute tout aussi bien sous le soleil estival qu’à la faveur des premiers flocons.
Hip-hop à l’ancienne, école boom-bap, « Babushka Deli » nous replonge dans les heures de gloire de la côte est des États-Unis en douze titres courts et percutants. « Where You From ? » officie dans le pur old school, « Cigars and Fedoras » brille dans la même veine, mais y ajoute une touche lo-fi qui lui confère un charme tout particulier. Et si tout l’album est du même acabit, l’originalité de Dunes trouve son essence dans la bonne dose de musique latine que le rappeur de Boston injecte à sa mixture.
Le brelan d’as « Bill Grease Rips« , « El Samurai » et « Midwest Swordsman » en est l’exemple le plus probant. Et bien que basé à Boston, Massachusetts, le duo (Bill Grease au micro, Sweeps aux instrus) offre à entendre un bel hommage au western spaghetti sur l’excellent « Los Banditos » qui plonge l’auditeur ou l’auditrice dans la chaleur trouble des villes frontalières du Mexique. Dépaysement garanti.
https://dunestracks.bandcamp.com/album/babushka-deli
BEN
Frontman de Wolf City, impliqué dans des projets aussi divers que The Truth Revealed ou La Vérité Avant-Dernière, Ben a grandi dans le culte d’Elvis Presley, des Kinks et du psychédélisme sixties. Par ailleurs grand amateur de littérature, il voit sa vie bouleversée par l’écoute d’ « A Thousand Leaves » de Sonic Youth qui lui ouvre les portes des musiques avant-gardistes et expérimentales pour lesquelles il se passionne. Ancien rédacteur au sein du webzine montréalais Mes Enceintes Font Défaut, il intègre l’équipe de Litzic en janvier 2022.
Allan
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Bonjour, allez vous poster cette chronique sur facebook pour pouvoir la partager? 🙂
Merci
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Patrick Beguinel
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Bonjour. Un relai est prévu cette semaine oui.
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