[ VIDEO + INTERVIEW ] SUNSHADE, Magic kid

Découvrez le nouveau single de Sunshade, Magic Kid, extrait de leur futur album Visages.

Commencer la semaine avec la douceur d’un titre pop sans fausse note, qui y-a-t-il de meilleur ? Avec Magic Kid, Sunshade prouve qu’en France aussi, nous savons faire de vraies bonnes chansons. Et quand en plus le groupe nous accorde une interview pour revenir sur son processus créatif, alors là, nous sommes aux anges !

Magic Kid réveille nos sens, comme une légère brise de printemps qui s’enroulerait sur notre peau, qui s’engouffrerait dans nos cheveux comme les doigts de quelqu’un qui nous aimerait tendrement. Qu’il s’agisse d’arpèges de guitare, des claviers ou de la voix, une douceur immédiate nous enveloppe. Les noms de Syd Matters ou de Girls In Hawaii s’imposent à nos oreilles, notamment par cette capacité à tisser, sans en avoir l’air, un décor né de notre imaginaire. L’univers de Sunshade ici irradie, teinté d’une légère mélancolie nostalgique qui n’atténue pourtant pas cette impression qui se dégage, celle d’une innocence naïve.

Tout respire la simplicité, l’authenticité d’une musique qui touche à l’essentiel. Nous avons l’impression d’une berceuse qui nous couvrirait le soir, comme pour mieux éloigner les fantômes de nos existences (ou nos pensées négatives), comme pour mieux nous protéger par son aura réconfortante. Ce qui fait un bien fou !

Sunshade sortira en mai 2020 son LP Visages. Nous l’attendons avec impatience !

L’interview de Sunshade!

Nous publions, à l’occasion de la sortie de ce single, l’interview que Sunshade nous a gentiment accordé. Le duo, composé de Mathieu Rivalan et Jean-Christophe Valleran revient un peu sur son parcours, ses influences, et sur le manque de communication sur les deux sorties précédentes de Sunshade qui les a laissé dans un relatif anonymat ( que nous espérons être désormais de l’histoire ancienne). Place aux questions !

Litzic : Salut Sunshade. Première question, comment allez-vous ?

Mathieu : Ca va super, on est dans le rush pour terminer notre album et préparer les concerts qui vont suivre. On est très heureux parce qu’on a réussi à composer une quinzaine de titres sur le temps long, en prenant le temps de penser un vrai album. Voilà, ça s’appelle VISAGES et c’est probablement pour début mai. D’ici là on va sortir quelques singles et un clip dont on est très fiers.

L : Vous sortez un single, et la vidéo qui l’accompagne, nommé Magic Kid. C’est le morceau pop parfait, mais de quoi parle-t-il exactement ? Quelle en a été l’inspiration ?

Mathieu : merci beaucoup, c’est un morceau sur l’enfance, c’est la voix d’un enfant de 7-8 ans qui exprime ses difficultés à grandir et à trouver sa place, et à un moment sa voix fusionne avec la mienne et là c’est moi l’enfant, et c’est moi qui ai du mal à grandir et à exister. C’est le regard d’un adulte sur un certain aspect de la magie de l’enfance. Voilà, ah et le Magic Kid en question s’appelle Simon. Je mets son nom là pour quand il voudra lire l’interview… ça lui fera plaisir.

Promo…

L : Ce single annonce votre troisième album, Visages. Depuis quand travaillez-vous sur ce LP et quels en seront les thèmes ?

Jean-Christophe : on y travaille depuis la fin de notre mini-tournée sur le vinyle Souvenir à l’été 2018. J’ai composé beaucoup d’instrumentaux très variés, avec l’idée de monter les tempos, le live a été très utile de ce point de vue, on a validé beaucoup de choses que l’on souhaitait exprimer sur scène, travailler les voix, conserver notre univers sonore, nos textures. Nous avons également eu envie de plus faire bouger les gens. En cela, l’approche rythmique a évolué, Visages, est plus dansant, pas forcément Magic Kid, mais beaucoup de singles qui vont suivre. La diversité de ses premiers instrus à également généré le titre du projet et déclenché le travail sur les visuels. Les visages multiples de Sunshade. Nous avions même prévu des trucs plus live rock et quelques retours folk acoustique. C’est la raison pour laquelle Visages a deux fois plus de chansons que Souvenir.

Mathieu : les premiers morceaux de Visages ont déjà plus d’un an mais on les a composé et recomposé jusqu’au bout. Là par exemple on vient de terminer un morceau qui s’appelle Noir et qui parle d’un mec qui retrouve sa meuf sur les quais de Seine et s’allonge à côté d’elle pour regarder le soleil. Mais à la fin on comprend que c’est pas sa meuf mais une allégorie de sa dépression ! Il y a une chanson qui s’appelle Belle Journée sur une longue promenade en amoureux sur le canal Saint-Martin. Tiens ça me fait penser qu’il y a beaucoup d’univers aquatiques. Nos thèmes sont les mêmes depuis le début : le couple beaucoup, l’amour et ses affres, la souffrance intime aussi, vus à travers les yeux de personnages qui ont bien conscience de tout ça et qui acceptent qui ils sont avec tendresse, mais aussi une forme de distance. Moi je suis très marqué par la pop folk du tout début des années 2000, surtout Belle and Sebastian et Sufjan Stevens.

Ils ont fait renaître une forme de parole très directe, très tendre, sur la vie, les relations amoureuses. Ce n’est jamais vulgaire, jamais arrogant. J’ai toujours eu envie de faire pareil pour le chant. En tout cas c’est comme ça que j’ai envie de faire de la musique. Syd Matters faisait ça aussi. Ah oui et la question de la lumière aussi, est centrale. La façon dont on voit le monde en fonction de la lumière, de la luminosité, des couleurs. C’est sûrement parce que je suis synesthésique. Personne connaît ce mot (rires), c’est un syndrome sensoriel qui désigne les gens qui mélangent les sens, le toucher, la vue, l’ouie. Voilà, j’ai ça, du coup chaque émotion est souvent associée à une impression visuelle. D’où l’importance des lieux et des saisons dans l’écriture. Mais ça se retrouve aussi dans les instrumentaux.

L : Vous avez déjà sorti deux albums, pourtant, je ne vous « découvre » qu’aujourd’hui (oui oui c’est une honte). Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur vous, sur votre parcours musical et sur les thèmes de vos précédents opus Souvenir et Music by the pool ?

Mathieu : c’est vrai qu’on a été trop discrets sur les albums précédents, ça va sembler bizarre mais on a pas vraiment fait de promo pour Music by the Pool et Souvenir. On les a sorti, point, et puis on s’est tournés vers le live et on a fait des super concerts avec plein d’excellents retours. Ensuite on a réalisé que nos pages Spotify et Deezer étaient mélangées avec un autre Sunshade, un mec qui fait du reggae zouk. S’en est ensuivi une procédure de six mois pour séparer les pages qui a remis tous nos compteurs d’écoutes à zéro. Voilà, c’était ça la promo Sunshade en 2016-2017 ! Quand on s’est réveillés, Souvenir n’était déjà plus une actu sur la scène pop, alors on l’a sorti en vinyle et on a vendu notre musique comme ça. Là on procède différemment.

Jean-Christophe : oui, nous sommes en quelque sorte des artisans, passionnés et méticuleux, souvent de piètres représentants de commerce de notre musique (rires). C’est en même temps un luxe que l’on se permet, faire ce que l’on aime, sans trop de pression.

Inspirations

L : Dans Magic Kid, on sent une légère nostalgie, voire un soupçon de mélancolie. Il y a aussi, que ce soit au travers de la voix ou des instrumentations, une presque fragilité, comme une timidité. On retrouve cette patte dans vos autres morceaux également, pourtant, je ne sais pas pour vous mais pour moi, ils dégagent un sentiment positif, se rapprochant d’une certaine invulnérabilité, d’un sentiment qui déploie ses ailes au fur et à mesure des morceaux. Vous me suivez là-dessus ?

Mathieu : oui complètement.

Jean-Christophe : La nostalgie est un véritable moteur créatif, c’est également une esthétique sonore et visuelle pour nous. Notre époque est propice à la nostalgie, c’est une tristesse douce, elle peut être réconfortante quand elle prend la forme de chansons pop.

L : Quels sont pour vous les bons ingrédients pour faire un bon morceau pop (comme peut l’être par exemple Magic Kid) ?

Jean-Christophe : Un bon beat, faussement simple, une basse liée au chant, des synthés mélodiques, un chant qui peut sembler spontané mais qui se structure harmoniquement autour de la basse et des mélodies de synth. Des impressions visuelles fortes, la musique génère des images, systématiquement. En revanche, ces paramètres ne concernent pas Magic Kid, je n’ai d’ailleurs pas joué de basse dessus, c’est le seul titre comme ça, il est très linéaire, le texte et la composition du chant font tout dessus, Mathieu était en Grèce, il est parti courir avec la démo dans ces earphones, il a maquetté dans la foulée le chant et me l’a envoyé, c’était fantastique de naturel et d’évidence. Mais ça ne fonctionne pas toujours aussi simplement.

Mathieu : peut être que c’est pop parce que c’est simple à recevoir. Enfin on espère que ça l’est. Sinon c’est pop quand ça rentre dans la tête non ?

Cohérence

L : Il y a une cohérence artistique autant musicale que visuelle entre vos albums. Vos covers sont magnifiques par exemple (comme le clip de Magic Kid). Pour vous, le fond a-t-il autant d’importance que la forme ? Vous avez aussi le droit de vanter le travail d’Emmanuelle Valleran en charge de l’artwork.

Mathieu : Emmanuelle s’occupe de l’artwork depuis le début. Elle a réalisé tous les visuels depuis Music by The Pool. C’est un élément essentiel de notre projet. Parfois elle lit les textes et écoute les morceaux avant de créer, parfois c’est nous qui créons en nous inspirant de ce qu’elle peint ou dessine. Sa ligne esthétique est constitutive de notre projet, je crois qu’on forme vraiment un tout. Son univers a beaucoup participé à attirer l’attention sur notre musique. Le mini-clip de Magic Kid est une image animée qui montre deux petites filles en train de courir, dans une longue et heureuse promenade en avant. Et on vous dit pas ce qui va suivre mais on a très, très hâte.

L : Au rang de vos influences, vous citez des gens que j’aime beaucoup, d’Eels à Syd Matters, en passant par Belle & Sebastian, Metronomy. Nous ajouterions bien un groupe comme Girls In Hawaii dans la liste. Comme eux, je trouve que vous déployez un univers fort dans chaque titre, sans perdre en cohérence. Plus surprenant en revanche, vous citez les Pixies, ce qui ne se ressent pas franchement dans votre musique. Que vous apporte ce groupe en matière d’inspiration, de composition ?

Jean-Christophe : Blake Francis est un grand songwriter, au même titre que Paul Mc Cartney et Sufjan Stevens, Neil Hanon, un pur mélodiste, ça me parle beaucoup. En tant que bassiste, je suis sensible à la construction de ces lignes de basses finalement très pops et au son de Kim Deal.

Mathieu : Moi j’ai Gouge Away dans la tête tous les jours depuis dix ans. Genre vraiment tous les jours, ça peut survenir à toute heure de la journée. Le passage où il chante « missy agravation, some sacred questions ! ». Ça et une chanson de Death Cab for Cutie qui s’appelle Scientist Studies. Je sais pas pourquoi celles-là en particulier, ça doit être un truc cognitif. Ou ça doit correspondre à un trauma lointain… Quant aux Girls in Hawaii, évidemment grosse influence. Je me souviens quand leur premier album est sorti. Cette longue balade dépressive dans la campagne belge post-industrielle, comme vue d’un train. J’adorais leur simplicité, leur féminité, leur touche. Ma préférée c’est Casper. Bon et puis Syd Matters, c’est Syd Matters. On les adore, pour moi Ghost Days c’est le meilleur album de la pop folk française en langue anglaise, point. Et je discuterai pas la-dessus (rires).

Création

L : Comment naissent les morceaux de Sunshade ? Du texte ? De La musique ? Des deux ?

Mathieu : sur cet album de la musique, toujours.

Jean-Christophe : oui, on a un fonctionnement très établi et plutôt tranché, je compose et produis dans mon studio des démos assez poussées qui vont rester le matériau sonore sur lequel se développe notre prod finale, ce n’est pas très orthodoxe, mais je n’aime pas l’idée de la démo brouillonne suivie d’étapes de « mise au propre ». Mathieu écoute, on échange des idées sur l’orientation à prendre. Il compose le chant et écrit les textes. On structure alors ensemble le titre et on avance sur les prises voix et les instrus à partir de ses démos de voix. Ces rôles très définis, depuis Souvenir, nous permettent de nous surprendre mutuellement, il y a un petit jeu de défi au travers des échanges de fichiers, en mode : «tiens! écoute ça!».

Mathieu : et comme j’adore tout ce qu’il produit, moi je ne suis plus surpris. Le chant par contre il y a plein de propositions refusées ! Il est impitoyable !

L : Vous avez carte blanche pour donner envie aux lecteurs de Litzic de découvrir votre musique, je vous laisse la parole pour faire votre auto-promo ! Et vous avez le droit de vous lâcher !

Jean-CHristophe : Ah, ah! Donner envie de nous écouter en nous lâchant ? C’est difficile… c’est une musique simple en apparence, souvent douce et mélodique, facile à appréhender, cependant, si l’approche est véritablement pop, cette légèreté est particulièrement complexe parce qu’elle joue sur des contrastes forts entre la gaité des rythmes, les guitares fines et les voix précises et très bien harmonisées de Mathieu d’une part, la nostalgie et parfois la noirceur de nos pensées d’autre part. Il y a toujours une ombre dans nos chansons pop. La nostalgie n’est pas triste, je la trouve parfois enivrante, esthétique. C’est souvent le rôle des textes de Mathieu et de mes synthés, j’aime les sons analogiques des claviers des années 80, le son est easy, mais le grain et la texture « pleure ». Enfin, cet album bénéficie du featuring de Servane, la chanteuse de Lubie, un jeune groupe avec lequel nous partageons des univers communs.

Mathieu : Bon, JC, tu t’es pas vraiment « lâché »… Ok, on s’appelle SUNSHADE, on est un duo de pop indé, on vous a épargné en termes d’auto-promo pendant quatre ans pour pas vous surcharger, on a su rester discrets, donc maintenant on a besoin de vous pour le bouche-à-oreille. On va pas non plus tagger le sol de toutes les sorties de métro du 11ème arrondissement! On a super hâte de vous voir en concert, ça va être génial.

L : Merci d’avoir pris le temps de répondre à mes petites questions. A très bientôt !

Mathieu : merci beaucoup !
Jen-Christophe : merci.

sunshade magic kid

 

 

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