INTERVIEW de LEWIS, avant la sortie d’Inside son 1er album solo.

Quelques questions à Lewis

Lewis sortira le 19 mars son premier album solo, Inside (sorti chez Klonosphère). On s’est entretenu avec le musicien, sur ses inspirations, ses envies, et aussi sur le métier qu’il exerce en parallèle et qui, forcément, englobe la musique également. Découvrez l’interview de Lewis sans attendre.

L’interview.

Litzic : Salut Lewis. Première question, comment vas-tu ?

Lewis : Bonjour Patrick. Je vais bien même si en ce moment le Timing est à la course, Je te remercie !

L : Tu t’apprêtes à sortir Inside, ton premier album solo (sortie le 19 mars chez Klonosphère). Comment te sens-tu à l’approche imminente de le dévoiler au monde ?

Lewis : Je me sens un peu à nu, cet album est personnel et donc c’est une partie de moi que je vais livrer au monde. On peut dire que j’alterne entre moments d’excitations et moments d’inquiétudes. La joie de le dévoiler dépasse quand même largement les moments de questionnement que je peux avoir.

L : Si Inside est ton premier album solo, tu n’es pas un nouveau venu sur la scène rock. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton parcours de musicien ?

Lewis : Comme tout bon lycéen qui commence la guitare, j’ai commencé a apprendre Knocking on heavens doors à la guitare, reprise par les Gun n roses pour la fête du lycée. Venant de commencer la guitare et commençant à chanter à l’époque je n’en menais pas large. J’étais en admiration sur les groupes les plus perfectionnés de lycée, la musique semblait un monde presque inaccessible, onirique et très stimulant. J’ai continué à batailler sur ma guitare pendant mes années de Fac pendant lesquelles j’ai monté un premier vrai groupe, on s’appelait « Absolute Beginners ». On s’est bien éclaté ! Ensuite j’ai œuvré dans différentes formations, notamment une au Canada, car j’ai eu a chance d’être parti étudier une année là bas. Revenant en France j’ai monté « Fake » avec mon père qui écrivait les textes, ensuite « Kais » où mes goûts pour le psyché ont commencé à surgir et ensuite « Tense of Fools » mon groupe actuel où nous continuons à bosser ensemble.

L’album « Inside » est le début d’une œuvre plus personnelle en parallèle du groupe. Cet album part d’un vécu qui devait s’exprimer par la musique. Je remercie encore le groupe pour me suivre dans cette aventure plus personnelle.

L : Quelles ont été tes inspirations pour Inside ?

Lewis : J’avoue que je n’y ai pas réfléchi. C’est assez particulier mais cet album est sorti tout seul, enfin la première matière brute. Je n’ai pas eu besoin de la réfléchir, c’était un moment difficile et compliqué de ma vie où j’ai compris le rapport étroit et merveilleux entre une simple guitare acoustique et un homme qui à des choses à sortir, à exprimer, à crier.

…la musique semblait un monde presque inaccessible…

L : On y retrouve une certaine forme d’esthétisme typé année 70’s, mélangé avec des sonorités plus actuelles. La balance s’est-elle imposée d’elle-même ou fut-ce au contraire une recherche poussée ?

Lewis : Oui effet, mes influences 70’s y sont très présentes mais on y trouve aussi une forme d’électro et aussi quelque chose qui tend un peu vers le Garage. C’est une bonne question car je pense qu’elle en amène une autre : à quel moment je commence à intellectualiser et donc à chercher la spécificité de la musique que je veux faire. Il est possible que j’alterne entre phase de recherche (écoute de plein de styles différents, me perdre dans des tourbillons sur internet) et phase purement instinctive et hasardeuse. Par exemple dans la fin de la chanson Fox avec Seb, l’ingénieur son et l’album et aussi musicien de l’album, on décide de brancher une vieille Fuzz des Années 70 en DI, c’est-à-dire directement dans la carte son de l’ordinateur, sans passer par un ampli et là, par pur hasard on a obtenu un son de synthé, assez actuel. Je dirais que c’est un peu ça aussi l’album, de l’expérimentation et du hasard !

L : Ta musique balaye tous le spectre musical : chanson reposant sur une base folk, d’autres sur une forme bien plus explosive, pourtant nous y sentons une sincérité très personnelle. Inside représente-t-il, en un sens, tous les sentiments qui peuvent se passer à l’intérieur d’un être humain ?

Lewis : Tous les sentiments, je ne pense pas , je crois qu’ils sont aussi nombreux que nous sommes sur cette Terre mais certains des miens y sont oui. Ils y sont sous une forme brute et délicate et surtout destinés à être partagés. Je me sers de mon expérience personnelle pour rentrer en communication avec le monde qui m’entoure, exprimer ce que j’ai pu ressentir et laisser la liberté aux gens d’y voir leurs propres sentiments à l’intérieur !

J’avoue que je ne travaille pas beaucoup ma voix, ça sort et je ne la contrôle pas trop.

L : Tu as une façon de chanter qui tranche avec ce qu’on peut entendre actuellement. Tu oses les montées dans les aigus (un peu comme les Bee Gees) sans perdre en virilité rock. Comment bosses tu sur ta voix justement ? Est-ce inné ?

Lewis : J’avoue que je ne travaille pas beaucoup ma voix, ça sort et je ne la contrôle pas trop.

Avec le temps je commence à comprendre comment je fonctionne, je pense être un vrai instinctif mais j’ai encore beaucoup de chemin à faire sur ce point. Continuer à mieux saisir ma voix et surtout m’encrer dans une discipline de travail qui m’aidera à mieux faire transparaître certaines émotions.

L : Peux-tu nous en dire un peu plus sur les musiciens qui t’entourent ? J’ai l’impression qu’ils étaient complètement dans ton trip ? On sent une vraie cohésion sur tous les titres de l’album.

Lewis : Tous les musiciens qui joue sur l’album sont mes amis. Avec Alex par exemple, on joue depuis le lycée ensemble. Je pense que ça a joué de savoir que je pouvais être en totale confiance et en totale transparence avec les musiciens qui ont participé à l’album. Il y à quelque chose qui s’est passé, une confiance mutuelle laissant libre cours à l’improvisation et aussi leur manière à chacun de faire transparaître leur identité personnelle dans l’album.

Je suis d’accord avec le fait que la musique peut changer le monde. À la fois, le monde externe et le monde interne.

L : Au-delà de ton travail musicien, tu es également un « réparateur » des maux de l’âme. En effet tu travailles en psychiatrie, spécialisé en psychologie musicale. Alors, la musique peut vraiment changer le monde (au moins celui qui est le notre, intime) ?

Lewis : En effet je bosse en psychiatrie à temps partiel mais j’emploierai plutôt le mot « accompagnateur » que celui de réparateur. Je pense qu’il ne m’appartient pas de réparer et surtout je n’en ai pas la capacité, par contre mon métier consiste à accompagner pour que les personnes puissent essayer de trouver d’elles même leurs propres capacités créatrices propices au changement. Je suis d’accord avec le fait que la musique peut changer le monde. À la fois, le monde externe et le monde interne. La musique est un étrange lien entre les deux et elle est présente dans les deux. Une fois j’ai entendu un physicien dire que nous sommes : « La Cristallisation d’une musique primitive ». Si l’on en croit cette phrase, tout est vibration et donc tout est musique. L’univers lui-même est une chanson. Bon là j’avoue je pars loin mais j’adore rêver !

L : Je sais que l’art en général aide à guérir certaines pathologies. Par exemple la Tarantelle, la danse, a été pour soigner les piqûres de Tarentule. Quels sont les bienfaits de la musique sur l’Homme ?

Lewis : C’est une vaste question que vous me posez là ! (rires) ! Je pense que les bienfaits de musique sur L’homme sont nombreux : Si comme Kant le disait : « La musique est la langue des émotions » alors son champ d’action thérapeutique est infini. Psychologiquement, physiquement, émotionnellement, spirituellement, les champs sont vastes. Certaines études scientifiques sont aujourd’hui en train de s’intéresser en profondeur à ces domaines et c’est passionnant. Notamment dans le maintien et la préservation des capacités cognitives dans le grand âge et dans certaines maladies neuro-évolutives, aujourd’hui ces études deviennent de plus en plus accessibles et certains articles universitaires sont très faciles à trouver. Je rajouterai que la forme d’aide que nous donne la musique n’est jamais restrictive et jamais imposée, elle s’offre à nous et c’est à nous d’en disposer librement en fonction de nos envies et de nos désirs.

L : Tu me disais en off avoir écrit ton mémoire de master sur les émotions et l’autisme. L’autisme, dont on ne connaît pas encore tous les secrets. Y a-t-il, à travers la musique, un échange qui se crée avec les personnes atteintes de cette maladie ? D’ailleurs, est-ce véritablement une maladie ?

Lewis : Aujourd’hui, les débats sont vastes sur l’autisme, surtout en psychologie. Cette appellation suscite des vives querelles en fonction des écoles de pensée. Sans prendre parti pour une école, je pense que l’autisme nous confronte à quelque chose que l’on ne comprend pas et face à cette incompréhension nous agissions par la défense, notre propre défense à ne pas arriver à maîtriser l’inaccessible, les querelles viennent sûrement en partie de là … .

Je pense que l’autisme est un mystère, il nous amène à rencontrer des êtres fascisants mais aussi en grande difficulté dans notre manière à nous d’entrevoir le monde. Une chose est sûre, c’est que la musique, elle, ne fait pas débat dans l’autisme, elle est un lien privilégié d’abord pour la personne et son écoute et aussi comme support de communication. Les études se multiplient, la musique est encore une fois de plus le lien entre deux mondes !

…la forme d’aide que nous donne la musique n’est jamais restrictive et jamais imposée…

L : Le champ des possibles de la musique ne s’arrête pas juste au plaisir d’écoute, au déclenchement des émotions. Elle peut aussi être « un médicament » ?

Lewis : Un médicament sans effets secondaires ! Ah si pardon, une accoutumance libératrice !

L : Crois-tu qu’au vu de la situation qui est la notre depuis un an, la musique aura un rôle important à jouer dans les mois à venir ? N’est-ce d’ailleurs pas un crime d’avoir interdit les concerts, même en jauge réduite et au format assis ?

Lewis : Nous vivons une crise sans précédent dans le monde de la culture. Celle-ci nous impacte tous gravement, je pense sincèrement à toutes les professions gravitant autour des métiers la scène, la situation est alarmante et nous demande à chacun de questionner notre rapport à la culture au sens large. Je pense que la musique va connaître une époque où elle va retrouver un nouveau souffle, nous réaliserons combien la musique jouée en live est importante pour nos esprits. Je ne sais pas si c’est un crime mais en tout cas pour moi c’est absurde. Nous naviguons dans l’absurde jour après jour ;devant nos écrans de télévision et nos journaux, nos réseaux sociaux et je m’inclus totalement dans le lot. J’espère que le renouveau de la musique viendra guérir nos absurdités …

L : Ton avis en tant que médecin doit être plutôt nuancé entre le besoin sanitaire, d’éviter les regroupements, et le besoin humain, de faire la fête et de ressentir un exutoire par la musique. Penses-tu que nous aurons des séquelles de cette privation et que les choses pourront revenir « à la normale » après cet épisode inédit ?

Lewis : Je ne suis pas médecin, mais psychologue (rires) ! Je ne suis pas habilité à distribuer des médicaments ni à poser de diagnostic, moi ce que je fais c’est accompagner ! Alors partant de là, au risque d’en choquer quelques-uns, je n’ai absolument rien contre les rassemblements même informels pour continuer à faire perdurer ce qui nous est retiré. Je n’ai rien contre ceux qui respectent les mesures et les distances, chacun le fait en son âme et conscience avec les individus qu’il a autour de lui. Le port du masque dans mes entretiens est discuté avec la personne, c’est une position éthique, elle peut être différente et ça aujourd’hui ça passe mal, la différence ! Concernant les séquelles, peut-être sont-ils déjà présents ? Et comment en sortirons-nous ? Grandis j’espère !

La musique est peut-être la chose la plus diversifiée que je connaisse !

L : Du coup, j’imagine que pour toi aussi, la musique n’est et ne peut être un bien de consommation ?

Lewis : Vous rigolez (rires) ! Je dépense tout mon fric dans la musique ! Une pédale d’effets par ci, des vieilles guitares occasion, des vieux vinyles, je m’en sors plus ! Et c’est pareil pour mes amis, je suis obligé d’admettre que nous sommes en pleine consommation excentrique de musique. Cependant si la musique peut sous certains aspects représenter un bien de consommation je pense que sous de nombreux autres aspects, elle ne l’est pas du tout, et là j’en reviens aux discussions vues précédemment sur le rapport étroit qu’entretient l’humain et la musique.

L : De façon plus intime, qu’est-ce que la musique déclenche chez toi ? Est-ce une drogue dont tu ne peux te passer ? Ou bien un vecteur de relations humaines ? Ou les deux (voire plus) ?

Lewis : La musique est peut-être la chose la plus diversifiée que je connaisse ! C’est une drogue, c’est un vecteur de relations humaines, c’est de la consommation, c’est spirituel, c’est onirique, c’est fantastique, c’est tragique, la musique c’est être au monde sous forme de vibration constante, la musique c’est un rituel, c’est méditatif, c’est une prière !

L : Tu as carte blanche pour faire la promo de ton album, c’est à toi !

Lewis : J’ai tenté de partager mon expérience en musique. Je remercie tous ceux qui de près ou de loin m’ont accompagné dans la réalisation de cet album. Il plaira à certains, en laissera d’autres indifférents et déplaira aussi. Une chose est sûre, c’est qu’il a été fait avec sincérité alors si vous aimez les questions existentielles, les mélanges et la folie : Achetez « Inside ».

L : Je te remercie pour le temps que tu as pris à répondre à mes questions !

Lewis : Je vous remercie énormément pour ces questions très inspirées auxquelles j’ai pris un grand plaisir à répondre !

lewis inside interview

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