Interview de JD ROBERTS autour d’In search of dead knowledge

JD Roberts In search of dead knowledge interviewEntretien réalisé par Ben.

Découvrez l’interview de JD ROBERTS, en deux versions (française et originale en anglais, en bas d’article). Il s’exprime sur In Search Of Dead Knowledge, son dernier album en date, chroniqué par Ben également.

Version Française / French version

Litzic : Cet album est probablement le plus sombre que tu aies jamais proposé. Qu’est-ce qui t’a donné envie de te plonger dans le dark ambient ?

JD Roberts : Principalement le fait que j’en écoutais beaucoup ! J’adore le dark ambient en tant que genre, il offre tellement d’espace pour explorer différentes émotions, harmonies et textures, et il y a tellement d’artistes qui font des choses étonnantes et différentes avec ce genre ! J’ai toujours été attiré par les harmonies plus dissonantes, ces accords avec un peu de tension et de couleur. Je ne suis pas naturellement doué pour l’harmonie, il m’a fallu beaucoup de temps pour développer mon oreille au point de pouvoir la distinguer. J’ai donc une affection de longue date pour les sons légèrement dissonants, car ils se démarquent et sonnent plus intéressants, plus colorés à mes oreilles. Enfin, l’ambiance sombre est différente de tout ce que j’avais fait auparavant, ce qui me semblait être un excellent moyen de me lancer un défi !

L : Je n’avais pas saisi l’importance de Lovecraft dans le processus d’élaboration de « In Search Of Dead Knowledge » lorsque j’ai écrit la critique. Ce que je trouve particulièrement intéressant dans ton album, c’est aussi la façon dont les titres des morceaux peuvent entrer en résonance avec l’actualité, cette multiplicité de lectures possibles.

JDR : J’aime l’art – musique, littérature, art visuel – qui peut avoir des significations multiples. Une grande partie de la musique que j’ai trouvée la plus utile avait ce niveau parfait d’imprécision où tu sais à peu près de quoi il s’agit, mais où il y a assez de place pour y relier tes propres expériences. L’art peut être cathartique, mais il faut pour cela que tu puisses t’y identifier, ce qui est difficile s’il est trop spécifique. Il est probable que 90% des gens peuvent s’identifier à une chanson sur un chagrin d’amour, par exemple, mais si tu écris une chanson sur le fait de se faire larguer devant cette petite boutique bizarre sur Smithdown Road, juste à côté de l’Asda, seuls les gens qui ont vécu dans le coin comprendront ce que tu veux dire ! Je pense donc qu’en tant qu’artiste, tu dois habiter cet espace entre ta propre expérience et celle des autres, et toujours laisser de l’espace pour que les gens créent leurs propres significations autour de ta musique.

Et les humains sont des humains, on ne peut jamais prédire ce que les gens vont lire dans notre musique de toute façon ! Et j’aime ça, j’aime impliquer l’auditeur de cette manière, avoir cette situation où toi, l’artiste, co-crée des significations en collaboration avec quelqu’un que tu n’as peut-être même jamais rencontré ! Il ne s’agit pas de mettre ma vision artistique sur un piédestal. Il s’agit pour moi et l’auditeur de créer des significations ensemble, sur un pied d’égalité.

Je suppose que cela se rapporte également à l’importance de Lovecraft. Je ne serais probablement pas d’accord avec son point de vue sur quoi que ce soit, mais son travail vaut toujours la peine d’être abordé, parce qu’il capture si bien cette crainte rampante de l’inévitabilité et de l’horreur épistémique. Et c’est un sentiment qui s’applique très bien à la dark ambient, parce que la dark ambient est faite de changements et de développements lents. Un bon morceau de dark ambient devrait être construit comme une histoire de Lovecraft – une lente construction vers une conclusion sombrement inévitable. Je me demande si c’est pour cela que les artistes de dark ambient aiment autant Lovecraft ?

elle m’a semblé être un moyen simple et efficace de créer un sentiment de cohérence

L : « In Search Of Dead Knowledge » est un album qui emprunte sa construction à la musique classique, avec cette phrase musicale qui revient de manière obsédante, avec des répétitions, comme dans les livrets classiques. Pourquoi avoir choisi cette forme ?

JDR : Parce qu’elle m’a semblé être un moyen simple et efficace de créer un sentiment de cohérence ! Un album doit être un tout. Tous mes albums précédents avaient une histoire – des voyages dans Travels in Liminality et A Space Beyond, ou le passage du temps dans Electric Birds in Acoustic Trees – et un son qui les reliait. Pour celui-ci, un motif semblait être un bon moyen de garder tout ensemble, et de relier certains des morceaux très différents les uns des autres.

L : Tu as une formation classique. Quels compositeurs t’ont influencé ?

JDR : Je n’écoute pas beaucoup de musique classique ces temps-ci ; l’influence classique sur mon jeu vient surtout du fait que je joue dans des groupes de concert et autres. Mais je m’inspire beaucoup d’Arvö Part et d’Olivier Messiaen.

L : La connaissance est le thème central de ton album. Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir celui-ci ?

JDR :  Au moment où j’ai commencé cet album, je faisais un master en histoire des sciences, de la médecine et de la technologie à Oxford, donc mon cerveau était saturé de questions et d’idées sur la connaissance. L’histoire des sciences, mais aussi de la médecine, porte sur la connaissance – d’où vient-elle, comment fonctionne-t-elle, comment se déplace-t-elle ? Comment pouvons-nous savoir quoi que ce soit ? Toutes ces questions ont donc rebondi dans mon cerveau, en interaction avec mes idées sur la musique et mes lectures de romans d’horreur, et c’est ainsi qu’est né le concept.

Oxford m’a fait réfléchir dans ce sens également, parce que c’est un endroit tellement étrange. C’est ce temple gothique de la connaissance qui est également saturé de traditions et de l’ancienne élite de la classe supérieure. La situation s’est beaucoup améliorée au cours des dernières décennies – l’un de mes directeurs de thèse actuels faisait partie des premiers élèves de l’école publique à y aller ! – mais c’est toujours un espace très étranger pour toute personne normale. Je ne suis pas un working class hero, mais mon accent du Nord m’a quand même fait remarquer à des kilomètres. Ce qu’Oxford incarne trop souvent, c’est cet amalgame très britannique entre classe et éducation. Dans ce pays, les gens continuent de supposer que quelqu’un qui « parle bien » doit être cultivé et que quelqu’un qui a un accent régional doit être faible. Cela m’a amené à réfléchir plus profondément aux rôles que peut jouer la connaissance et à la valeur des différents types de connaissances. Oxford est également une ville magnifique, pleine d’histoire et d’une architecture merveilleuse et évocatrice. C’est toujours ma ville préférée la nuit ; les nuits de brouillard en particulier, il y règne une atmosphère sombre et mystérieuse merveilleusement inspirante. C’est aussi ce qui m’a inspiré.

Depuis lors, alors que je me suis lancée dans mon projet actuel, qui se situe à mi-chemin entre la parasitologie, la santé mondiale et l’histoire de la médecine, j’ai également été confrontée à de nombreuses questions concernant l’imposition de la connaissance. L’hypothèse des hommes de médecine de l’époque coloniale selon laquelle ils savaient mieux que quiconque et que tout désaccord ou toute résistance était le résultat de l’ignorance n’a pas disparu, et ceux d’entre nous qui essaient de travailler avec sensibilité dans des domaines liés à la santé doivent s’interroger sur la manière dont nous pouvons créer des connaissances utiles dans ce cadre universaliste qui prétend être uniquement objectif tout en étant criblé d’hypothèses problématiques. Et comment le faire sans dénigrer d’autres formes de connaissances et de systèmes de connaissances, potentiellement aussi utiles.
La connaissance est une chose qui me préoccupe beaucoup, comme tu peux le constater !

C’est ce temple gothique de la connaissance qui est également saturé de traditions et de l’ancienne élite de la classe supérieure.

L : Parlons de quelques titres en particulier. L’album s’ouvre sur un titre intitulé « Cyclopean ». C’est un adjectif qui revient souvent dans l’œuvre de Lovecraft (dans les traductions françaises, du moins). Est-ce une référence de ta part au reclus de Providence ?

JDR : Oui ! Encore une fois, à l’époque où je l’ai écrit, je travaillais sur un gros volume d’histoires de Lovecraft, et cela a directement alimenté la piste. Une chose que je trouve avec Lovecraft, c’est que même si ses descriptions peuvent être fleuries, voire exagérées, elles sont très évocatrices. Et les descriptions évocatrices me parlent vraiment, à moi et à ma musique, parce que mon approche de la musique est basée sur le lieu, et sur la capture et la communication d’un sens du lieu. Ce que Lovecraft fait si bien – et il adorait le mot cyclopéen, au point que, comme le montre ta question, c’est un « Lovecraftisme » immédiatement reconnaissable !

L : Pour quelqu’un qui, comme toi, est passionné d’histoire en général et d’histoire des sciences en particulier, un titre comme « Et serait-il préférable d’oublier ? » résonne particulièrement. Peux-tu nous en donner la clé ?

JDR : C’est un titre que j’ai dans la tête depuis plus longtemps que je n’ai eu de morceau à lui attribuer. Nous avons tous vécu quelque chose que nous aurions préféré éviter, mais ces expériences sont aussi des choses dont on peut apprendre beaucoup, et qui peuvent nous façonner en tant que personne. Et on ne peut pas revenir en arrière. On ne peut pas désapprendre ce que l’on a découvert. Vivre, c’est en partie faire la paix avec le fait que, tout comme tu ne peux pas revenir en arrière et dire à ton jeune toi-même qu’il est sur le point de faire une erreur, tu ne peux pas toujours séparer ces expériences ou découvertes désagréables de la chaîne d’événements qui t’a conduit là où tu es maintenant, à devenir la personne que tu es maintenant. C’est une question rhétorique, car tu ne peux pas oublier les vérités désagréables, même si tu le souhaites.

Et j’ai senti que cela correspondait aux thèmes de l’album. L’horreur cosmique, c’est la révélation qui bouleverse la vision du monde (la santé mentale, souvent), des vérités trop terribles pour être apprises. J’ai donc pensé qu’il était approprié de laisser entendre que notre protagoniste a appris quelque chose de trop terrible pour en parler. De même, l’histoire de la science regorge d’exemples d’anomalies, d’observations qui ne peuvent être expliquées par ce que nous savons. Et je m’intéresse à ce que cela doit être, d’avoir trouvé quelque chose dont on est sûr qu’il est correct, mais qui n’a aucun sens. Serait-il préférable de l’ignorer ? Ou bien continues-tu à avancer en sachant que ta découverte pourrait bouleverser ta compréhension du monde ? Donnes-tu la priorité à ta curiosité scientifique plutôt qu’à ta tranquillité d’esprit ? C’est l’histoire de l’horreur cosmique en un mot !

Pour en revenir à ta question précédente sur les événements actuels, une chose qui ne m’est pas venue à l’esprit à l’époque, mais qui résonne avec cette phrase, est l’actuelle… « chose » post-impériale de la Grande-Bretagne. En tant que pays, nous n’avons jamais fait face à l’Empire, tout a été balayé sous le tapis, et les choses commencent à remonter à la surface. Et il est difficile d’avoir une conversation sur les choses terribles que notre pays a faites, et de parler de la responsabilité d’une manière mature qui reconnaît qu’il n’y a pas de division parfaite et nette entre les victimes et les auteurs. C’est un défi pour ceux d’entre nous qui sont des historiens post-coloniaux, ou qui essaient de démanteler les héritages les plus pernicieux de l’Empire, de raconter une histoire fascinante de notre merveilleux pays qui traite des crimes de l’Empire de manière utile. Il est facile de raconter une histoire dans laquelle l’Empire n’apparaît pas, ou dans laquelle nous allons en Inde et leur donnons gentiment des chemins de fer. Mais ce sont des mensonges, et des mensonges dangereux. Il serait plus vrai de dire que les ancêtres de personnes comme moi ont été tués par des machines pendant qu’elles transformaient le coton cultivé par les ancêtres esclaves des Afro-Américains en uniformes que l’armée portait pendant qu’elle conquérait les ancêtres de mes voisins britannico-asiatiques, payés par le sucre cultivé par les ancêtres de mes voisins britannico-caribéens. Et les gens qui en ont le plus profité ont envoyé leurs enfants à Eton et nous gouvernent encore. C’est une histoire plus difficile à raconter, et une vérité plus difficile à gérer. Mais serait-il préférable d’oublier ?

Je voulais mettre au défi à la fois ma propre musicalité et la compréhension de mes instruments

L : Effectivement. Tu es connu pour proposer un ambient plutôt mélodique. Mais sur « An Orchestra Of Chaos » tu explores l’abstraction pure. Qu’est-ce qui t’as donné envie d’aller vers une telle forme ?

JDR : Encore une fois, en grande partie pour voir si j’en étais capable ! Je suis toujours intéressé par l’exploration de sons et d’approches différentes, et celle-ci m’a semblé être un défi intéressant qui correspondait bien à l’album. Je voulais mettre au défi à la fois ma propre musicalité et la compréhension de mes instruments, et faire un morceau où je ne pouvais pas m’appuyer sur mes connaissances en théorie musicale classique (telles qu’elles existent), mais où je devais faire confiance à mon instinct, et étendre ma connaissance des synthés en explorant leurs sons plus en profondeur.

L : Le final est absolument épique. C’est totalement nouveau chez toi. « The Face Of Night » est un véritable morceau de dungeon synth. Peux-tu nous en expliquer la genèse ?

JDR : Je l’ai considéré comme quelque chose d’un peu « complaisant », une chance de me dépasser et d’essayer de nouvelles choses. Et un grand projet comme celui-ci avait besoin d’une grande fin, alors j’ai pensé à cette dernière piste comme une chance d’explorer de plus grands sons, et d’apporter mon amour du métal dans un contexte ambiant. Je suis un grand fan de metal, mais cela ne se voit pas dans mes albums ! Ces gros accords et ces sons distordus ont donc été intégrés au morceau dans cette direction, ainsi que l’approche plus énergique. C’était un défi majeur, car je n’avais aucune idée de la façon de faire sonner quelque chose de puissant, sombre et énergique ! Mais j’ai trouvé mon chemin, et j’ai fini par y arriver, je pense, avec l’aide de quelques amis. J’aime à penser que cela a bien fonctionné comme une fin puissante en contraste avec la menace rampante de beaucoup de morceaux précédents.

L : Tu n’utilises que très peu les instruments qui sont en quelque sorte ta signature (saxophone et clarinette). Pourquoi ce choix ?

JDR : Je voulais explorer des sons plus chaotiques et abstraits. Ce qui est bien avec les bois, c’est qu’ils sonnent de manière très naturelle, et mon approche particulière me donne un timbre doux et chaud sur la clarinette et un timbre doux et léger sur le sax alto. Ce qui les rend parfaits pour ma musique plus pastorale, mais pour ce projet, je voulais des sons plus industriels, dérangeants et durs, ce que les bois ne font pas toujours très bien.
Je voulais explorer des sons plus chaotiques et abstraits.

L : Tu te produis régulièrement sur la scène d’Ambient Leeds. Le fait de jouer si souvent en live a-t-il influencé ta façon de composer pour cet album ?

JDR : Honnêtement, pas vraiment, parce que j’ai écrit la plupart de cet album en 2021, alors qu’aucun de nous ne jouait en live ! Mais j’espère que ce sera le cas pour les prochains albums, donc la réponse à cette question est « attends de voir » !

L : Tu as une formation de biologiste. Comment cela influence-t-il ta musique ?

JDR : C’est une question intéressante et délicate ! La biologie couvre toutes sortes de domaines et d’approches – je travaille principalement à l’intersection de l’épidémiologie, de la parasitologie, des sciences de la santé, de l’écologie et des sciences humaines, par exemple, et j’ai donc très peu de choses en commun avec mes collègues plus axés sur les molécules et les cellules. Mais il est utile d’avoir une idée du fonctionnement des animaux et des plantes pour créer des paysages sonores, tout comme il est utile d’avoir une idée de la géographie pour peindre des paysages. Il est évident que cela vient de l’observation et de l’écoute, ainsi que de la science, mais savoir à peu près comment un oiseau fonctionne et se comporte est utile pour réfléchir au chant des oiseaux ! L’autre chose, je pense, est que la biologie, comme beaucoup d’autres disciplines, implique d’apprendre à connaître les choses que l’on étudie, ainsi que les données et les outils avec lesquels on les étudie, et de s’immerger dans ce monde. C’est une philosophie utile à transposer à la musique. Tu dois non seulement connaître tes instruments et tes outils, mais aussi t’immerger dans tes mixages et tes compositions.

L : Ceux qui suivent tes comptes sur les réseaux sociaux savent que tu es passionné par la nature sous toutes ses formes. Comment appréhendes-tu les problèmes liés au réchauffement climatique ?

JDR : Je trouve sincèrement cela très difficile. Nous ne sommes plus dans le domaine des problèmes des générations futures, cela se passe maintenant. Au cours de ma vie, nous avons perdu des milliers d’espèces, et l’été dernier, mon pays était en feu et j’ai dû réorganiser mon voyage aux sommets parce qu’il faisait trop chaud pour être en sécurité dehors. Dans ces foutues montagnes !

Ce n’est pas que j’aie peur que mes enfants, si j’en ai, ne puissent pas écouter les alouettes et observer les papillons. J’ai peur de ne plus pouvoir le faire quand j’aurai l’âge de mes parents.

Et c’est vraiment difficile d’y faire face. Comme tous les scientifiques, j’y fais face en essayant de ne pas trop y penser. Mais je suis fier de faire partie du groupe d’études sur l’extinction à Leeds, et je pense que nous faisons un travail précieux pour renverser lentement la situation. Mais la principale chose que je fais, la chose que je considère comme mon principal devoir, est d’écrire de la musique sur la beauté que je vois tout autour de moi. Pour célébrer la nature. Célébrer sa beauté et ses merveilles, et répandre l’amour que je ressens pour les natures humaine, non humaine et plus qu’humaine, et la façon dont elles interagissent, et les paysages qu’elles produisent. Nous vivons déjà une catastrophe. Mais cela ne rend que plus important le fait de célébrer ce que nous devons préserver.

Je suis à court d’espoir en ce moment. Mais il nous reste la beauté, alors je m’y accroche tant que je le peux.

L : Quels sont les artistes d’ambient que tu recommanderais d’écouter ?

JDR : Trop de choses à dire ! Parmi la foule locale, peut-être Medicine Lake, Guy Richardson, These Men, Drone-in-the-woods, Heitor Alves. Pour les artistes indépendants plus éloignés, je dirais Quartz, Fedor Tkachev, Noctem Vulpes, Crow’s Labyrinth, a beautiful burning world, Trucking to Tokyo, Blear Moon. Parmi les grands artistes, j’aime particulièrement Flowers for Bodysnatchers, Northumbria, Dead Melodies et Brigitte Beraha.

L : Enfin, quels sont tes projets à venir ?

Je travaille actuellement sur deux albums en collaboration, l’un avec mon ami canadien Hawaiian Vest et l’autre avec mon ami ukrainien Bayun the Cat. J’ai également un album pastoral à moitié terminé, largement inspiré par mon récent voyage en Écosse, que j’espère terminer bientôt. « Harebells and Heather » me vient à l’esprit comme titre, mais les morceaux que j’ai jusqu’à présent sont principalement des ébauches, donc il faut attendre un peu.

BenBEN

Frontman de Wolf City, impliqué dans des projets aussi divers que The Truth Revealed ou La Vérité Avant-Dernière, Ben a grandi dans le culte d’Elvis Presley, des Kinks et du psychédélisme sixties. Par ailleurs grand amateur de littérature, il voit sa vie bouleversée par l’écoute d’ « A Thousand Leaves » de Sonic Youth qui lui ouvre les portes des musiques avant-gardistes et expérimentales pour lesquelles il se passionne. Ancien rédacteur au sein du webzine montréalais Mes Enceintes Font Défaut, il intègre l’équipe de Litzic en janvier 2022.

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English version/version anglaise

L : This album is probably the darkest you’ve ever proposed. What made you want to dive into dark ambient ?

JDR : Mostly the fact that I was listening to so much of it! I love dark ambient as a genre, it provides so much space for exploring different emotions, harmonies and textures, and there are so many artists doing amazing different things with it! I’ve always been attracted to more dissonant harmonies as well, those chords with a little bit of tension and colour in them. I’m not naturally good at harmony, it’s taken me a long time to develop my ears to the point where I can pick it out well, so I’ve a longstanding affection for slightly dissonant sounds, as they stand out and sound more colourful and interesting to my ears. And finally, dark ambient is different to everything I’d done before, so it seemed like a great way to challenge myself!

L : I didn’t understand the importance of Lovecraft in the construction of the album when I wrote the review. What I find particularly interesting in your album, is also the way in which the titles of the tracks can resonate with current events, this multiplicity of possible readings. What do you think about it ?

JDR : I like art – music, literature, visual art – which can have multiple meanings. A lot of the music I’ve found most helpful has had that perfect level of vagueness where you know roughly what it’s about, but there’s enough room to read your own experiences into it. Art can be cathartic, but that requires you to be able to relate to it, which is difficult if it’s too specific. Probably 90% of people can relate to a song about heartbreak, for example, but if you write a song about getting dumped outside that weird little shop on Smithdown Road just up from the Asda, only people who’ve lived round there are going to get what you mean! So I think as an artist you need to inhabit that space between your own experience and other people’s experience, and always leave space for people to create their own meanings around your music.

And humans are humans, you can never predict what anyone will read into your music anyway! And I like that, I love involving the listener in that way, having this situation where you the artist is co-creating meanings in collaboration with someone you’ve maybe never even met! It’s not about putting my artistic vision on a pedestal. It’s about me and the listener making meanings together, as equals.

I guess that does relate to the importance of Lovecraft as well. I probably wouldn’t agree with his view on anything at all, but his work is still worth engaging with, because he captures that creeping dread of inevitability and epistemic horror so well. And that’s a feeling which maps onto dark ambient really nicely, because ambient is all about slow changes and development. A good dark ambient track should be built like a Lovecraft story – a slow build towards a darkly inevitable conclusion. I wonder if that’s why dark ambient artists like Lovecraft so much?

L : « In Search Of Dead Knowledge » is an album that borrows its construction from classical music, with this musical phrase that comes back in a haunting way, with repeats, like in classical booklets. Why did you choose this form ?
JDR : Because it seemed like a simple, effective way to create a sense of coherence! An album should be a single whole. All my previous albums have had a story – journeys in Travels in Liminality and A Space Beyond, or the passage of time in Electric Birds in Acoustic Trees – and a sound tying them together. For this one, a motif seemed a good way to keep everything together, and relate some of the very different tracks to each other.

L : You have a classical training. Which composers have influenced you ?

JDR : I don’t listen to a huge amount of classical these days; the classical influence on my playing mostly comes from playing in concert bands and similar. But I do take a lot from Arvo Part and Olivier Messiaen.

L : Knowledge is the central theme of your album. What made you choose this one ?

JDR : At the time I started this album, I was doing a master’s degree in the history of science, medicine and technology at Oxford, so my brain was saturated with questions and ideas about knowledge. History of science, and also of medicine, is all about knowledge – where does it come from, how does it work, how does it move around, is scientific knowledge different from other kinds of knowledge? How do we know anything at all? So all those questions were bouncing around my brain, interacting with my ideas about music, and my reading of horror fiction, and that was kind of the genesis of the concept.

Oxford was thought-provoking in that sense as well, because it’s such an odd place. It’s this gothic temple to knowledge which is also saturated with traditions and old upper-class eliteness. It has got a lot better in the past few decades – one of my current PhD supervisors was among the first state-school kids to go there! – but it’s still a very alien space for any normal person. I’m no working-class hero, but my Northern accent still made me stick out a mile. What Oxford embodies all too often is that very British conflation of class and education. People in this country still assume that someone who’s ‘well-spoken’ must be knowledgeable and someone with a more regional accent must be dim. So that also provoked me to think more deeply about what roles knowledge can serve, and the value of different types of knowledge. Oxford is a beautiful city as well, full of history and wonderful, evocative architecture. It’s still my favourite city to be in at night; on foggy nights especially, you have this wonderfully inspiring dark and mysterious atmosphere. So that inspired me, too.

Since then, as I’ve moved into my current project, which is somewhere between parasitology, global health and history of medicine, I’ve also had to confront a lot of questions about the imposition of knowledge. The assumption of the colonial-era medical men that they knew best and any disagreement or resistance was the result of ignorance hasn’t gone away, and those of us trying to work sensitively in health-related fields have to navigate how we can create useful knowledge within this universalising framework which claims to be uniquely objective while still being riddled with problematic assumptions. And how we can do that without denigrating other, potentially equally useful, forms of knowledge and knowledge systems.

Knowledge is a thing which is on my mind a lot, as you can tell

L : Let’s talk about a few tracks in particular. The album opens with a track called « Cyclopean ». This is an adjective that comes up a lot in Lovecraft’s work (in the French translations, at least). Is it a reference from you to the recluse of Providence ?

JDR : Yep ! Again, at the time I was writing it, I was working my way through a big volume of Lovecraft stories, and that directly fed into the track. One thing I find with Lovecraft is that even though his descriptions can be florid, even overwrought, they are very evocative. And evocative descriptions really speak to me and my music, because my approach to music is all about place, and capturing and communicating a sense of place. Which Lovecraft does so well – and he did love the word cyclopean, to the point that, as your question shows, it’s an instantly recognisable Lovecraft-ism !

L : For someone who, like you, is passionate about history in general and the history of science in particular, a title like « And Would It Be Better To Forget ? » Can you give us the key ?

JDR : It’s a title that I’ve had in my head longer than I’ve had a track to pin it to. We’ve all been through something that we’d rather have avoided, but those experiences are also things you can learn a lot from, and that can shape you as a person. And you can’t go back. You can’t unlearn what you’ve found out. Part of living is making peace with the fact that just as you can’t go back in time and tell your younger self that they’re about to make a mistake, you can’t always separate those unpleasant experiences and discoveries from the chain of events that led you to where you are now, to becoming the person you are now. It’s a rhetorical question, because you can’t make yourself forget unpleasant truths, however much you might like to.

And I felt that chimed with the themes of the album. Cosmic horror is all about the worldview-shattering (sanity-shattering, often) revelation, about truths too terrible to learn. So I thought it was appropriate to hint that our protagonist has learned something too terrible to speak of. Similarly, the history of science is full of examples of anomalies, observations that can’t quite be explained by what we know. And I’m interested in what that must be like, to have found something that you’re sure is correct, but makes no sense. Would it be better to ignore it? Or do you push on in the knowledge that your discovery might break your entire understanding of how the world works? Do you prioritise your scientific curiosity over your peace of mind? Which is the cosmic horror story in a nutshell!
Looping back to your earlier question about current events, one thing that didn’t occur to me at the time, but resonates with that phrase, is Britain’s current post-imperial…thing. As a country we never dealt with the Empire, it was all swept under the rug, and things are starting to bubble back up to the surface again. And it’s difficult to have a conversation about the terrible things that our country did, and to talk about responsibility in a mature way that acknowledges that there’s no perfect, neat divide between victims and perpetrators. It’s a challenge for those of us who are post-colonial historians, or trying to dismantle the more pernicious legacies of Empire, to tell a compelling story of our wonderful country that deals with the crimes of Empire in a helpful way. It’s easy to tell a story where the Empire doesn’t feature, or where we go over to India and kindly give them railways. But those are lies, and dangerous lies. It would be more truthful to say that the ancestors of people like me were killed by machinery while turning cotton grown by the enslaved ancestors of African-Americans into uniforms which the army wore while conquering the ancestors of my British-Asian neighbours, paid for by sugar grown by the ancestors of my British-Caribbean neighbours. And the people who profited the most from that sent their kids to Eton and are still ruling us. Which is a harder story to tell, and a harder truth to deal with. But would it be better to forget?

L : You are rather known to propose a rather melodic ambient. But on « An Orchestra Of Chaos » you explore pure abstraction. What made you want to explore this form ?

JDR : Again, largely to see if I could! I’m always interested in exploring different sounds and approaches, and this one seemed an interesting challenge that fitted well with the album. I wanted to challenge both my own musicality and my knowledge of my instruments, and make a track where I couldn’t lean on my knowledge of classical music theory (such as it is), but had to trust my instincts, and expand my knowledge of the synths through exploring their sounds in more depth.

L : The finale is absolutely epic. It’s totally new for you. « The Face Of Night » is a real piece of dungeon synth. Can you explain us the genesis of it ?

JDR : I viewed this a self-indulgent project, a chance to stretch myself and try new things. And a big project like this needed a big ending, so I came to think of this final track as a chance to explore bigger sounds, and bring my love of metal into an ambient context. I’m a big fan of metal, but you mostly couldn’t tell that from my albums! So those kind of big chords and distorted tones came into the track from that direction, along with the more energetic approach. Which was a major challenge, because I had no idea how to make something sound powerful, dark and energetic! But I felt my way round it, and got there in the end, I think, with some help from friends. I’d like to think it worked out okay as a powerful ending in contrast to the creeping menace of a lot of the earlier tracks.

L : You only use very little the instruments that are in a way your signature (saxophone and clarinet). Why this choice ?

JDR : I wanted to explore more chaotic and abstract sounds. The great thing about woodwinds is that they sound very natural, and my particular approach gives me a soft, warm timbre on the clarinet and a sweet, light one on the alto sax. Which makes them perfect for my more pastoral music, but for this project I wanted more industrial, unnerving and harsh sounds, which woodwinds don’t always do so well.

L : You regularly perform on the Ambient Leeds scene. Did playing live so often influence your way of composing for this album ?

JDR : Honestly, not really, because I wrote most of this album in 2021 when none of us were playing live! But I expect it will for future albums, so the answer to that one is wait and see!

L : You are a trained biologist. How does this influence your music ?

JDR : That’s an interesting and tricky one! Biology covers all manner of sins and approaches – I work mostly at the intersections of epidemiology, parasitology, health science, ecology and the humanities, for instance, so I have very little in common with my more molecular and cellular-minded colleagues. But it helps to have an appreciation of how animals and plants work when making soundscapes, just as it helps to have an appreciation of geography when painting landscapes. Obviously, that comes from wandering around and listening as well as from science, but knowing roughly how a bird works and behaves is helpful for thinking about birdsong! The other thing, I think, is that biology, like a lot of other disciplines, involves a lot of getting to know the things you’re studying, and the data and tools you’re studying them with, and immersing yourself in that world. And that’s a useful ethos to carry over to music. You have to not only know your instruments and your tools, but also to immerse yourself in your mixes and compositions.

L : Those who follow your social media accounts know that you are passionate about nature in all its forms. How do you live the problems linked to global warming ?

JDR : I do genuinely find it very difficult. We’re no longer in the realm of problems for future generations; this is happening now. Within my lifetime we’ve lost thousands of species, and just last summer my country was on fire and I had to rearrange my trip to the Peaks because it was too hot to safely be outside. In the damn mountains!
It’s not that I’m scared my children, if I have any, won’t get to listen to skylarks and watch butterflies. I’m scared that I won’t be able to by the time I’m the age my parents are now.

And it is genuinely difficult to deal with that. Like all scientists, I mostly deal with it by trying not to think about it too much. But I’m proud to be part of the Extinction Studies group at Leeds, and I think we are doing valuable work to slowly turn things around. The main thing I do, though, the thing I see as my main duty, is to write music about the beauty that I see all around me. To celebrate nature. To celebrate its beauty and wonder, and spread the love that I feel for human and nonhuman and more-than-human natures, and the ways they interact, and the landscapes they produce. We’re already living through catastrophe. But that only makes it more important to celebrate what we need to preserve.

I’m running low on hope at the minute. But we still have beauty, so I’m sticking with that as long as I may.

L : Which ambient artists would you recommend to listen to ?

JDR : Too many to say! Of the local crowd, perhaps Medicine Lake, Guy Richardson, These Men, drone-in-the-woods, Heitor Alves. Indie artists further afield, I’d say quartz, Fedor Tkachev, Noctem Vulpes, Crow’s Labyrinth, a beautiful burning world, Trucking to Tokyo, Blear Moon. Of the larger artists, I particularly love Flowers for Bodysnatchers, Northumbria, Dead Melodies, and Brigitte Beraha.

L : Finally, what are your upcoming projects ?

JDR : I’m working on two collaborative albums at the minute, one with my Canadian friend Hawaiian Vest and one with my Ukrainian friend Bayun the Cat. I also have a half-finished pastoral album inspired largely by my recent trip to Scotland, that I’m hoping to finish sometime soon. Harebells and Heather sticks in my head as a title, but the tracks I’ve got so far are mostly heather, so we’ll have to see.

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