[ interview ] 5 questions à WESTWEGO à propos de Bittersweet Moods

Nous avons posé 5 questions à Westwego, auteur d’un Bittersweet Moods réussi. Dedzu (chant, guitare, banjo, Mandoline) s’y est collé pour les réponses.

L’album Bittersweet Moods de Westwego nous a tellement plu, ainsi que le contact que nous avons eu avec Dedzu, que nous avons proposé une petite série de questions afin de mieux connaître ce groupe Toulousain. Dedzu s’y est collé et nous fournit ici une impressionnante collection de références qui nous prouve, s’il en était besoin, tout son amour de la musique !

5 questions (plus une)

Litzic : Salut Westwego. Première question (pour du beurre): comment ça va ?

Dedzu (Chant, guitare, banjo, Mandoline) :

Eh bien, ça va pas mal du tout !
On a quelques retours sympas de l’album de Westwego, dans des fanzines, radios (européennes, nord et sud-américaines, africaines et autres, ça fait plaisir!) ou webzines dont ta plume qui nous a bien ravies… Merci !
En parallèle, Tijean (le contrebassiste de Westwego) et moi, on joue dans un groupe de rock nommé Octarine et on prépare notre concert Bar-bars de samedi avec Sailors at Sea. J’en profite pour faire une dédicace à notre collectif du Toulouse Bajarre Club !
Et pour l’anecdote, Bacq (le guitariste nylon) et Maqi (le batteur percussionniste) ont un très bon duo instrumental jusqu’alors nommé Les Acolytes Anonymes. Et Vince l’harmotrompettiste vit sur Grenoble désormais et a un groupe de blues, nommé HighFive.

On a donc d’autres projets musicaux mais entre nous c’est une appréciable histoire au long cours !

Elle compte peut-être pour du beurre cette première question, mais je suis assez bavard en général (le groupe aussi!), et plein de choses à dire… tu me coupes quand tu en as marre!

Le groupe.

L : Pouvez-vous présenter votre groupe rapidement ?

Dedzu : Il y a Bacq à la guitare nylon, banjo, mandoline; Maqi aux percussions & batterie; Tijean à la contrebasse et aux choeurs; Vince aux harmonicas & trompette; et moi Dedzu aux chant, guitares, banjo et mandoline.
On s’est rencontré en 1998 avec Tijean (qui jouait dans Neshez, groupe tunisien sous Ben Ali) et rapidement fait de la musique ensemble, puis rencontré Bacq et Maqi en 2004. On a joué dans la version 2 d’un groupe de rock nommé dioGen. Puis on a rencontré Vince vers 2014 par l’intermédiaire du batteur du groupe Octarine, il était chaud pour jouer avec nous. Malheureusement il est parti travailler sur Grenoble donc on fait comme on peut.

Nous jouons compos et reprises, évoluant autour d’une ’folk métissée douce-amère’, entre oldroots et moderne.

L : Que signifie le nom de votre groupe ? Westwego comme une invitation à partir vers l’ouest américain, pays du folk ?

Dedzu : C’est toujours un exercice périlleux que de trouver un nom qui te « représente »…
Westwego, à la base, c’est un poème de Philippe Soupault, compagnon de route des Eluard, Aragon, Desnos, voire Breton… les Surréalistes. Même si c’est loin d’être mon poème « préféré », ça sonnait bien pour un groupe folk, comme tu dis, l’invitation à l’Ouest, au voyage, à la route (Kerouac…)… on parle d’amérique, mais ça pourrait être n’importe où.
Ceci dit, j’adore ce poète, son évolution, et dans cette sorte d’hommage, du moins de clin d’oeil, c’est pour relever aussi l’importance des textes (commencés par la poésie française, puis les « chansonniers » Brel, Aznavour ou Cabrel, madeleine de proust, Frederik Mey aussi, quand j’étais enfant/adolescent, et plus tard Leonard Cohen, Lennon, et la littérature et poésie mondiale).

Pour l’anecdote, il y a bien une ville qui s’appelle comme ça en Louisiane !

Les influences

L : Quelles sont vos influences ? Nous avons cru apercevoir de légères références au Beggars Banquet des Rolling Stones, une sorte d’esprit à la The Pogues, également une certaine idée du folk à la Bob Dylan, mais également quelques incursions flamenco/gypsie. Pouvez-vous confirmer ?

Dedzu : Disons que c’est vraiment une rencontre entre nous qui écoutons différentes choses d’univers totalement différents.
Même s’il y a (toujours) le Rock (Nirvana en premières amours), les musiques amplifiées et plus « bourrines » qui nous accompagnent.

Je t’avoue que les Pogues, pas du tout, perso je suis complétement passé à côté, mis à part Dirty Old Town bien sûr.
Alors, Flamenco, pas forcément en général, même si on s’est laissé emporter sur Under My Skin parce que le titre s’y prêtait.
Pour les Rolling Stones, j’aime bien jusqu’en 72, mais plus pour le (rythm’n’)blues que pour le folk ou la country. D’ailleurs, dans le cliché du duel fratricide, j’ai toujours été plus Beatles que Rolling Stones, même si j’ai bien aimé leur approche et intérêt de la culture trad américaine de par leur rencontre avec Gram Parsons.
Faut plutôt chercher aux mêmes racines que nous devons avoir.
Tijean est bien Rolling Stones par contre, et Bacq, très blues, malgré sa formation et sa culture guitare classique. En blues, je suis plutôt vieux acoutisque et roots, genre Blind Willie Johnson, leadbelly, Ma Rainey, Bessie Smith, Charley Patton, Robert Johnson, les enregistrements Paramount (exhumés par Jack White!), Sleepy John Estes, Son House, Blind Lemon Jefferson, Blind Willie McTell…
Maqi est très très hip-hop et musiques du monde lui par exemple.

Folk

Par contre, avec Bob Dylan, là tu tapes dans le mille. Pour ma part du moins. Tant d’heures passées à écouter, user les disques, jouer les morceaux… jusque vers 1974 on va dire. Et je me suis grave passionné pour les artistes et la vie à Greenwich Village (la même que les frères coen ont sorti du bois avec « Inside Llewyn Davis » par exemple) et au Londres Folk pré-Swinging London (Jackson C Franck, Cat Stevens…) ensuite.
Ma mère écoutait aussi beaucoup joan baez quand j’étais petit, qui ouvrait sur un folk mondial en reprenant des chansons « World ». On joue d’ailleurs souvent « La Llorona », ce traditionnel mexicain, en live.

Du coup, à remonter la pelote de laine internationale, ça allait de l’Occitanie et sa Culture (Claude Marti, André Minvielle (faut écouter « Esperanza l’aranesa » !)…), aux latins (Violeta Parra « Ausencia » ou « Arauco Tiene Una Pena », Los Hermanos Rios, Maria Dolores Pradera, Luis Llach (« l’estaca »), Atahualpa yupanqui…), à l’Afrique (Idir (« A vava inouva »), Artur Nunes l’angolais, Charlotte Dada et sa reprise de « Don’t Let Me Down » en 1971…)l ‘Europe (Roberto Murolo, le rebetiko aussi, des chansons comme « Kaigomai kaigomai » ou « To praktoreio »… je ne parle ni ne comprends le grec et pourtant ça te transperce ! Il y a une scène « grecque » sur Toulouse aussi, ça va ça vient, mais des potes comme Sex Drugs et Rebetiko sont vraiment bons !…), les Biguines, la musique Cajun, le Calypso, les mélanges…
On est bien attirés par les instruments traditionnels du monde entier…
On écoutait d’ailleurs énormément le oudiste Anouar Brahem avec Tijean lors de notre rencontre.

Influences de tous les horizons

Il faut savoir qu’on est des amoureux et passionnés de musiques et cultures du monde entier, pas vraiment ethnocentrés, même si on a eu ce formatage occidental au départ. Le folklore de tous pays et époques m’intéresse, du moment que ça me/nous touche.
On trouve tellement pertinent le travail de Lomax, des diggers.

Si tu veux des influences précises sur le folk (occidental) qui nous habite, outre Dylan la pierre philosophale, quand je te parlais du Folk Revival des 60 aux US, on peut citer Townes Van Zandt, Doc Watson, Neil Young, Derroll Adams, Karen Dalton, Hank Williams, Leonard Cohen, Paul Simon, Nick Drake, Van Morrison, Nick Drake, Van Morrison, Sixto Rodriguez, Robbie Basho… mais du coup, dans les anciens, quand tu remontes le fil, il y aurait Woody Guthrie, la musique des Appalaches, Doc Watson, Bill Monroe, washington phillips… et aujourd’hui on est touchés dans ce style par des gens comme Laura Marling, Natalie Merchant, Shakey Graves, Dead Horses, Bonnie Prince Billy/Will Oldham, Mandolin orange, Rihannon Giddens, hurray for the Riff, Raff, The Deslondes, Marissa Nadler, Micah P. Hinson, Mary Gauthier, the Barr Brothers, The Head And The Heart, vic Chestnutt, Cahalen Morrison & Eli West, Charlie Parr, The Devil Makes Three, Conor Oberst, C.W.Stoneking, Daniel Johnston, les premiers Devendra Banhart, Elliott Smith, et les amplifiés les Two Gallants, 16 Horsepower, Flotation Toy Warning……

A la lecture de ton article sur notre album, tu te demandes pour un chant en français. J’avais déjà donné avec le groupe dioGen, mais là ça ne m’inspire pas du tout, ni les envies. Un qui le fait très bien en folk dans la langue de Molière est Baptiste W. Hamon, même si je suis moins fan de ses incursions « pop ».
Une anecdote sympathique : quand on cherchait un multi-instrumentiste, un nous a dit que notre musique lui rappelait Grand-Mère Funibus Folk, que je ne connaissais pas, qui chantent en français, créole, anglais. Et c’est pas mal ! Ils venaient de la scène autour du folk-club parisien « le Bourdon » dans les années 70, avaient sorti un album chez Barclay en 74, et c’est vrai que si on avait grandi à cette époque-là, on aurait pu jouer avec eux !

Sinon, au niveau national, je trouve bien l’éclairage médiatique sur Théo Lawrence qui fait bien son truc, ça permettra peut-être de faire sortir du bois toute une scène intéressante.
Sur Toulouse, il y a une petite scène folk de qualité aussi, je pense aux Dusty Winds, Franz Wild, Julian the Drifter, aux Lazy Grass String qui organisent d’ailleurs une scène ouverte Bluegrass et affiliés tous les 1° jeudi du mois au bar l’Autruche, Julii Sharpe, Camille Benâtre, Jim Bergson et Loup le chanteur de Sabotage, Winnipeg, David William, Zitoune, Slim Paul ou Agathe Da Rama qui ne font pas du folk à proprement parler mais qui s’en mâtinent. Sans pouvoir citer tout le monde de peur d’en oublier, il a aussi les bros de l’asso Progrès-son, plutôt rock à la base mais qui programment du folk, et la récente asso 3PA qui fait de belles soirées folk en ville, ou le Labo des Arts.

Les thématiques de Bittersweet Moods

L : Quelles sont les thématiques abordées dans Bittersweet moods, votre album paru en octobre ?

Dedzu : Je dis toujours qu’on fait de la musique douce-amère (d’où le titre de l’album), autant dans les mélodies que les paroles, c’est-à-dire que ce n’est jamais vraiment joyeux, jamais vraiment triste…
Ça peut parler d’Amour (« After You’ve Gone », « In the Wilderness », « my heart in blue »…), de ne pas avoir de regrets (« Not Ready »), des gens moqueurs que je ne supporte pas (« Under my skin »), du souvenir d’une personne qui plane encore au dessus-de soi (« Always Around »), de ralentir la cadence et de profiter des choses (« Slow down the races »), d’un père qui parle à son enfant pour lui dire que tout n’est pas noir ou blanc et que tomber n’est pas la fin de quelque chose (« Off Yer Eyes »)…
Dans mon écriture, ça parle toujours de « Comédie humaine » à la Balzac.

L : Pouvez-vous nous le définir en 5 mots ?

Dedzu : Ah ah j’ai été trop bavard, tu fais bien de me recentrer ! Alors, en extrapolant sur le groupe en général, je dirais Partage, Plaisir, Amitié, Sincérité et Aventure… pas forcément dans un ordre précis.

L : Merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions!

Dedzu : Un plaisir, Merci à toi !

 

westwego bittersweet moods

Retrouvez la chronique de Bittersweet Moods de Westwego ICI

Le Bandcamp du groupe ICI

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