Sélection 22-23. Confirmations et surprises.
Nouvelle sélection musicale du vendredi 24 juin.
Nous retrouvons quelques artistes déjà évoqués dans nos pages, mais aussi de nouvelles têtes. Les déjà connues ne font que confirmer tout le bien que nous pensons d’elles, les nouvelles imposent leur patte. Dans tous les cas, la magie opère. Mais on vous laisse juger avec cette sélection 22-23.
BLUMI
Blumi est de retour avec un nouvel EP (There Is No End in Me qui arrivera le 16 novembre prochain), et nous en sommes plus que ravis. Parce que nous sommes tombés totalement amoureux de son univers, dévoilé lors d’un premier EP fantastique. Alors, pour nous mettre en appétit, Emma Broughton, le vrai nom de Blumi vous l’aurez compris, nous propose une première pièce surprenante répondant au nom de Dresden.
Pourquoi surprenante ? Par son entame tout d’abord, qui sample, derrière un beat, un pas capté « live », avec son grain sans traitement, avant que ne retentissent les premières notes de clavier. La voix de Blumi dévoile son texte, spoken word qui nous place dans une ambiance un peu particulière, avant qu’elle se mette à chanter. Puis tout se mêle, et la magie opère, au-delà de toute espérance.
Dur de rester insensible tant la patte de l’artiste s’avère à ce point respectée et remise en question. Ce deuxième EP, nous l’attendons de pied ferme, comme si notre vie en dépendait. Quand nous sommes à ce point marqués par une artiste (enfin ça marche aussi avec un artiste ou un groupe), c’est que celle-ci réussit, malgré la barrière de la langue, à nous émouvoir bien plus loin que nous l’espérions. Magnifique !
BLAUBIRD
Nous avions déjà parlé de Blaubird il y a quelques années, elle revient avec un nouveau single, simplement magnifique. En français et en anglais, le texte dégage un parfum d’amour puissant, de liberté. La voix est superbe, le clip élégant, les arrangements classiques s’harmonisant à merveille avec le format pop, ou inversement. Nous en ressentons, à chaque écoute, un frisson particulier. Blaubird possède une grâce sans pareille. Ou si, peut-être… Car pour nous, elle dégage la même force qu’une Agnes Obel. Sublime !
MDZ
Jamais mater les diapositives de vacances d’un pote, d’un couple d’amis, d’un membre de la famille, n’a été aussi excitant qu’avec MDZ. Il fait chaud est une carte postale du Brésil, une énumération de clichés sur fond de bossa qui s’enrichit d’instruments à chaque seconde qui passe. Bref, du déjà-vu, du déjà-entendu nous direz-vous ? Oui mais non, parce que MDZ pointe, derrière ses images d’Épinal un message bien plus acide qu’il y paraît puisqu’il dézingue Bolsonaro et remet, avec son rythme léger et festif, la déforestation de la forêt amazonienne sur le devant de la scène. Si le silence des stars mondiales du football à ce propos est assourdissant, MDZ prend la parole, avec malice, ce qui décuple la force de son propos. Un beau fuck quoi, comme on les aime.
BETH ORTON
Courir après le temps. Enchaîner les actions jusqu’à oublier pourquoi nous le faisons. Balancer des beats par peur du silence, par peur que le rythme s’effondre. Tout cela ne parle pas du tout à Beth Orton qui nous dévoile un Weather alive totalement à contre-courant de la frénésie ambiante. Du long de ses sept minutes, ce morceau pop nous embarque dans un univers aux nappes de guitare crépusculaires, à la voix de conteuse inspirée, aux légères variations d’intensité, à quelques très légères expérimentations au niveau sonore.
La dame, qui sortira son septième album le 23 octobre chez Partisan records, a de la bouteille et le démontre avec brio. Cependant, petite nouveauté, c’est la première fois que l’artiste s’enregistre elle-même, dans son home studio. Un changement de paradigme qui ne gâche en rien sa musique. Au contraire. Mais ça, on vous laisse en juger par vous-mêmes.
OCTAVIO MAI
On avait suivi les premiers pas du duo, qui remontent un peu désormais (Yeux turquoise remonte à mars 2019). On retrouve donc Octavio Mai avec plaisir sur C’est long, titre qui attire notre attention par l’évolution artistique du groupe qui réajuste sa pop électronique pour lui donner une assise plus sombre. Ce texte est le cri du coeur de deux êtres un peu trop candides pour une Cour des Grands qui les a dépassés. Il y a est question du temps qui passe, qu’on cherche à rattraper, d’impatience, et de cette désillusion de devoir se fondre dans un moule qui ne nous correspond pas foncièrement. Sourd et légèrement oppressant, ce titre nous met les sens en ébullition et nous fait espérer un nouvel EP, ou pourquoi pas un album, dans les prochains mois.
PIERRE
Parler de dépression, sans être plombant, tel est le parti de Pierre qui nous livre ici un titre pop, aux relents rock, qui évite le poncif du titre mélancolique pour mieux nous intégrer dans son propos. Ainsi, sa musique, plutôt enlevée, dégageant un je-ne-sais-quoi de pop des années 90 pourrait presque paraître joyeuse. En jouant le paradoxe son/parole, il nous amène aussi à rentrer en résonance avec son propos. Et comme c’est bien fait, ça pourrait redonner du baume au cœur à tout le monde.
(Bonus) EMMA BEKO
On adore cette artiste dont le dernier EP Digital Damage nous avait plus que touchés. Ce Crazy nous démontre une fois encore à quel point elle touche au but, avec sincérité, et qu’elle parvient à rendre l’anxiété et la dépression « acceptables » quand on y met les formes. Crazy est sans aucun doute son titre le plus orchestral de l’EP. On vous laisse en juger par vous-même.