BLUMI, I know about you // une évidence sensuelle

BLUMI, I know about you Debut EP de Blumi (disponible le 30/04)

Un EP peut être une occasion de poser ses bagages sur un coin du parquet, de les déballer avec soin. Il peut y avoir, dedans, des choses hétéroclites, des directions ébauchées, finalisées l’espace d’un titre, puis laissées derrière nous afin d’en ébaucher de nouvelles. C’est un peu le cas ici avec I know about you de Blumi qui nous propose quatre pistes à explorer, quatre conceptions d’un univers fort, quelle que soit la direction prise.

Il est vrai que l’un des points communs des quatre morceaux repose sur l’univers vocal de celle qui a accompagné Bon Iver, Feist, Olivier Marguerit sur les routes. Comme tout artiste se respectant, il lui fallait proposer son univers personnel, un mélange à la fois moderne et inspiré de grands morceaux du passé. C’est chose faite avec I know about you qui nous propose un patchwork des possibles de Blumi.

Blumi.

Blumi, c’est Emma Broughton. Elle a longtemps été « derrière », la voici « devant ». Son parcours relativement atypique (elle est passée par le conservatoire, une école de jazz, a fait des études de sociologie et sciences politique) lui a permis d’explorer des univers différents qui l’ont tous nourri, d’une façon ou d’une autre. Cela se ressent dans sa musique qui mélange influences jazz, pop, folk et soul. Le morceau d’ouverture, Blumi the darkness est d’une grande pureté, reposant sur la voix de la dame, sensuelle, profonde, touchante, véhiculant une émotion pleine de contraste, entre force et douceur. Musicalement, le tempo est lent, évasif. Sur un arpège minimaliste, des nappes de clavier nous entourent, évoquant une soul folk pleine d’espace et de sensibilité.

Ces deux éléments, l’espace et la sensibilité, sont des constantes sur ce trop court disque. Nous les retrouvons évidemment sur Cold war, avec aussi cet aspect relativement minimaliste, ici plus baroque que sur le morceau d’ouverture. Nous retrouvons ce chant incroyable, aux inflexions jazzy. Doublant par moments son chant, elle nous émeut profondément. Musicalement, nous pensons un peu à Syd Matters (tient tient, est-ce un hasard ? Non puisque Olivier Margeurit, O, présent sur chacun des morceaux d’I knwow about you, y officiait jadis). Pour autant, la patte Blumi est bien présente, clairement définie est assumée, ce qui nous laisse présumer de très belles choses.

I know about you, The dream.

Les deux derniers morceaux continuent ce que les deux premiers avaient esquissé. Sur le morceau titre, nous pensons à Laura Perrudin avec une pop superbement construite, dégageant un léger effet nostalgique. Celui-ci est renforcé par un romantisme majestueux, qui déploie ses ailes notamment sur le refrain. Nous y sentons aussi quelques accents psychédéliques, survenant en fin de morceau, évoquant presque le Pink Floyd de Syd Barrett ou certains collages sonore de The Beta Band. Enfin, The dream retrouve un caractère plus posé, enivrant. Toujours épuré, toujours chaud, le morceau nous berce, ou plus exactement nous propulse là où siègent les émotions.

Brillant, émouvant, cet EP nous procure des sensations fortes. Musicalement, nous sentons l’envie d’expérimentations de Blumi. Nous aimons beaucoup, sur The dream, en plus d’un apport saxo free en fin de titre, ce drôle d’effet vocal en surimpression de la voix lead. Il apporte, tout au long du morceau, mais avec parcimonie, une dimension particulière, comme si le fantôme d’un amour défunt venait nous susurrer à l’oreille qu’il est toujours présent, dans un coin de notre mémoire. A moins qu’il ne s’agisse que d’un rêve dont la réminiscence nous accompagnerait tout au long du jour.

Il est très dur de ne pas succomber à la magie de cet EP. Il est encore plus dur de ne pas tomber amoureux de la voix de Blumi. Cette première pierre à l’édifice de la carrière solo qui s’offre à la musicienne nous permet de croire en un avenir plein de couleurs et de propositions. Nous attendons la suite avec une très grande impatience.

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