Playlist 23, ou des mariages pas du tout arrangés

Nouvelle sélection musicale du vendredi 04 juin.

Cette playlist 23, c’est une histoire de mélange, de mariages plus ou moins improbables qui donnent des résultats absolument saisissants, contrastés, parfois violents, brutaux, parfois simplement élégiaques. Mais jamais au grand jamais ça ne sombre dans la suffisance ou la prétention. On vous laisse découvrir tout cela sans plus tarder !

petit playlist 23PETIT

Nous commençons cette playlist 23 par une recommandation de Full Moon Little House (que vous pourrez bientôt entendre en podcast). Nous vous parlons donc de Petit et de son titre capté live en studio, L’odyssée vers nulle part. C’est de la très bonne pop/folk en français, avec un superbe travail sur les harmonies vocales. Nous n’allons pas vous décoder les paroles, elles parlent d’elles-mêmes, mais nous allons simplement dire qu’il est toujours possible de faire sonner notre langue de la plus belle des manières, sur une musique dégageant un certain optimisme qui ne fait jamais de mal, même s’il éveille parfois une émotion bien enfouie en nous.

Ici, tout se fait dans une relative douceur, avec un minimum d’effets. Le groupe joue la pureté, le côté aérien provenant de la symbiose entre la voix du guitariste et celle du bassiste. Le batteur, derrière, joue la sobriété, impose par son choix des balais une rythmique diffuse mais belle et bien présente.

Quelques petites touches nous évoquent un peu le psychédélisme anglais, celui du début des années 70 et de Nick Drake d’une certaine façon, mais également les ballades folks américaines. Il y a de l’espace, de la ferveur, et ça fait simplement du bien. On vous laisse profiter.

SALOME (NxxxxxS remix)

Univers folk ici aussi, mais également pop, le tout en partie acoustique. La musique de Salome, sur Let it die, s’approche d’un univers cinématographique et nous évoque en creux celui de Bjork, notamment par ce jeu sur les tessitures sonores. Légèrement rétro, mais aussi un peu futuriste, ce morceau nous transporte en douceur dans un endroit où régnerait une quiétude et une douceur de vivre, même si elle n’est pas exempte d’un peu de turbulences (les quelques notes plus graves en fin de morceau en témoignent).

La production du titre est superbe, entre intimité (la voix dégage une fragilité pleine de force, de résilience) et caractère épique (l’ampleur qui se dégage quand la bascule entre folk et pop apparaît). Bref, nous suivrons avec attention le parcours de l’artiste avec attention.

MATHLOVSKY (feat. Mixmeister Michelle)

Nous quittons les contreforts rassurant des deux premiers groupes et artistes présentés ci-dessus pour plonger dans les arcanes de la folie, de l’obscurité. Witch city, la « ville de la sorcière) porte bien son nom. Entre indus, électro et rock, on pense à l’énergie malsaine de The Prodigy, mais également à une approche frontale de ce que notre cœur renferme de plus sombre, de plus sinistre. Impossible de ne pas ressentir un certain malaise en écoutant le morceau dont le travail de production/mix et d’arrangements est absolument phénoménal !

Que vous soyez fan de hardcore, de punk, de techno, vous y trouverez votre compte. Ce titre et le troisième single de l’album ‘Yassssin’ à venir. À ne pas écouter à minuit, l’heure des sorcières comme chacun sait.

ALANNAH CHAPMAN

Retour à un peu de douceur dans cette playlist 23 avec Waiting de l’australienne Alannah Chapman. Cette saxophoniste de Perth nous propose un titre sensuel, charnu, suave, sexy, possédant un groove absolument imparable et jubilatoire. Il se dégage, malgré un thème traitant d’un sentiment d’attente presque culpabilisant (celui d’attendre quelqu’un ou quelque chose alors que le confinement de 2020 empêchait tout mouvement), un optimisme latent, jamais plombé par la morosité liée à cette période inédite de notre histoire.

Ce morceau fait donc plutôt chaud au cœur, notamment parce que ses aspects soul vintage (les choeurs évoquant les grandes heures du genre au début des années 70) sont ici enrobés dans une production jamais tiède mais jamais moite non plus. Un bel équilibre pour un titre hors du temps (donc indémodable).

MORT ROSE

Il n’y a rien de mort rose (ou de morose) dans ce titre en français du groupe canadien. Au contraire, Money est absolument jouissif. Toute cette base rock psychédélique en prise directe avec le Summer of love se trouve dynamitée en fin de titre par une folie « punk » inattendue, surprenante en diable, et forcément, nous, ça nous parle !

L’aspect folk du titre est magnifié par une production légèrement sèche, mais justement, ça décuple le travail sur les harmonies vocales qui trouvent un contrepoint des plus intéressants. La fin « kermesse bluegrass » apporte elle aussi son contraste déroutant, mais séduisant, qui fait que nous ne pouvions absolument pas passer outre Money. Dont acte.

NB : nous avons aussi un amour tout particulier pour le clip cheap et volontairement décalé du groupe. Sans faute quoi !

SUN

Un peu de douceur dans ce monde de brutes. Ou inversement. On retrouve avec joie Sun avec son dernier single, Golden. Karoline Rose, artiste franco-allemande, nous l’avions rencontrée lors du dernier festival auquel il nous a été donné d’assister (les Transmusicales de 2019…sic…) et nous avions été submergés par cette évidence : les musiques violentes peuvent être pop. Ou inversement. Autant admirative d’Abba que de Morbid Angel, Sun dynamite la pop avec une bonne dose de brutalité. D’où ce style musicale, la brutal pop, à même de marier Beyoncé à Courtney Love à Slayer ou autres.

On vous laisse profiter de ce détonnant mélange, toujours juste, parce que sincère.
Niveau évolution, la formule duo (guitare+chant/batterie) laisse place ici à un trio puisqu’un clavier est ici audible, apportant sa petite touche mélodique (qui était fort présente dans le chant de Sun et dans sa guitare également). Bref, on aime, encore, toujours.

OK SURE x OSOPHO

On poursuit cette playlist 23 par des femmes qui n’ont pas froid aux yeux et qui ont en plus une belle paire de couilles. Le duo Ok sure / Osopho nous propose une électro organique, ou du moins qui ronge nos organes. Abrasif, inventif, sombre comme l’enfer, déjouant les codes, Blind nous fait un peu le même effet que Mathlovky cité plus haut, à savoir celui de réveiller quelques sorcières en osant le mélange des genres, des mentalités (électro, punk ici).

Mais il reste aussi toujours cette part de féminité, résidant dans la ligne mélodique, minimaliste mais pourtant toujours présente, qui nous donne de sérieux frissons tout au long de notre colonne vertébrale. Enfin, c’est bon quoi, et ça envoie une nouvelle fois valdinguer les préjugés. Et comme en plus ça nous vient d’Australie et que ça nous prouve que ce pays ne fait pas que dans le rock garage (voir nos nombreux papiers à ce sujet) ou du jazz/soul (comme Allanah Chapman citée plus haut) Alors on dit oui !

SIBÉRI

On reste dans un univers plutôt électro, mais ici voyageur puisqu’il s’acoquine à l’Indonésie. Exotique, mais pas que. Culinaire aussi, puisque inspiré d’un festin de Padang, buffet traditionnel de l’Ouest de Sumatra. Sinon, on aime le mariage modernité (les rythmes électros), celui plus traditionnel (avec les samples de quoi…de flûtes synthétiques ?), ainsi que la beauté de la langue, la nôtre, mais invitant, par des mots bien choisis, au voyage.

Mélangeant donc synthés vintages (Juno 106, Ms20, kord DS8) et percussions indonésiennes, le trip est total, déclenchant des images folles, sublimées par ce clip à la manière d’un carnet de voyage. Bref, dépaysant et enchanteur (et aussi très bien fait). Que demander de plus ?

CLAN NORDAG

Voyage, là aussi, dans le temps. Retour au temps des vikings. Enfin, version 2021 tout de même. Nous ne tombons pas dans le cliché fantasy, épique à outrance, puisque la base reste rock et folk, apporte une (relative) tension bienvenue couplé à quelques touches de synthé aux sonorités bien étudiées. Le tout apportent ici une cohérence à l’ensemble. On retrouve, contrairement à ces groupes s’inspirant des récits de Tolkien, une essence presque cold wave, un groove qui n’a rien d’épique, mais qui prend au corps et développe un imaginaire tout particulier.

C’est donc une découverte surprenante, qui casse pas mal de schémas et qui mérite une écoute attentive. Le groupe à sorti son premier album Triade en mai.

PEARL & THE OYSTER

On termine cette playlist 23 par le teaser du premier extrait du prochain album de Pearl & the oyster, Flowerland, parce qu’il nous évoque la plage, une douceur de vivre, et aussi un petit côté kitsch tout à fait désuétement charmant. Ça ne dure que 21 secondes (douche comprise) et c’est déjà l’été qui nous envahit l’esprit. Alors, on part tranquillement se mettre les doigts de pieds en éventail, ou dans le sable, et on se laisse dériver, tranquille, au son de cette playlist désormais achevée.

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