Sélection 22-8, pour qui aime être surpris

Nouvelle sélection musical du vendredi 11 mars.

Nous aimons être surpris et nous espérons que vous aimez l’être aussi. Cette playlist 22-8 propose des artistes aux univers que nous mettons d’ordinaire peu en avant, preuve que la qualité peut venir de là où nous ne l’attendons pas. Et ça, on adore !

22-8 emma bekoEMMA BEKO

On aime être surpris, et Emma Beko le fait à merveille. Sur une musique douce, évoquant un réveil paisible, la jeune femme nous surprend par un flow urbain qui déjoue les mécanismes que notre cerveau avait mis en place. En effet, nous pensions voir débouler là une chanteuse pop comme tant d’autres, mais la musique à mi-chemin entre un certain esprit rock indépendant lofi, expérimentation et hip-hop mi-moderne mi-old school couplé à ce chant nous conduit tout à fait autre part.

Le résultat est assez bluffant, navigue entre une musique légèrement éthérée et cette implication qu’impose le chant. Nous qui croyions bêtement entendre un titre un peu bateau sommes cueillis au creux du ventre par ce déferlement, assez doux malgré tout, d’honnêteté et de sincérité. Le contraste est saisissant, séduisant, très personnel, et surtout ne ressemble à rien de véritablement connu. Emma Beko impose son style avec une efficacité incroyable, sans se la jouer et nous démontre que le hip-hop d’aujourd’hui peut s’affranchir à la fois du bling bling et des clichés véhiculés par le genre. Qui plus est, tout cela sans montrer son cul pour faire des vues.

Il ne fait aucun doute pour nous : Emma Beko a tout d’une grande.

MAYA KAMATY

Esprit de corps, sororité, combat pour faire entendre sa voix. On aime le travail de la réunionnaise Maya Kamati, même si celui-ci nécessite de sa part un incessant combat, et des justifications, pour exister auprès d’une certaine industrie, toujours relativement machiste (oui oui, l’industrie musicale). Alors, dans ce clip à l’imagerie mythologique, nous voyons une assemblée de femmes, une meute, accompagner l’artiste dans ce tour de chant vibrant, au texte fort.

Le relatif minimalisme sert à merveille l’intensité qui règne dans la voix et dans le texte, porte aussi un vent épique sur une composition qui amène à réfléchir. Plutôt que d’en faire des caisses, Maya Kamati choisit la sobriété, et son message n’en ressort que mieux. C’est une artiste à suivre, à aimer, à partager, dont acte.

WAKING THE SLEEPING BEAR

Et pendant ce temps-là, la Terre continue de mourir. Dans l’indifférence presque générale. Il faut dire qu’on avait les yeux tournés vers plus « urgent », vers l’épidémie, et que ce chiffon rouge agité devant la gueule d’un taureau furibard détournait plus que bien l’attention. Maintenant, c’est la guerre annoncée depuis quinze ans qui nous focalise sur autre chose que le désastre, lui aussi mondial, qui nous pend au nez.

En métissant son metal au rap, Waking the sleeping bear propose Plus rien à perdre, un morceau constat fort, lucide, pas misérabiliste, pas non plus très optimiste. Pas de quoi fouetter un chat non plus, la Terre n’est qu’un caillou de plus. Vous croyez ? Texte et musique se marient ici pour donner à l’urgence une couleur metal sensible, esthète du mot et des gros riffs.

Et pendant ce temps-là, certains, peut-être, s’éveillent au désastre imminent.

KG

On aime être surpris, et KG le fait à merveille. Sur une musique électro, presque ambient, pas tout à fait punk, le jeune homme, tout cheveux au vent et torse poil au soleil couchant nous délivre un titre décomplexé, dégageant un charme rétro futuriste presque Karftwerkien. Forcément, le titre, Ruf mich an évoque l’Allemagne ce qui n’est pas étonnant puisque le musicien nous vient de Strasbourg.

Plus sérieusement, ce titre est extrait de son prochain album à venir Ein Mann Ohne Feind, qui sortira le 15 avril sur October Tone/ Mediapop Records. Cet album est le premier à sortir en 3 ans (le précédent étant sorti de manière assez confidentielle), et mérite qu’on s’y arrête. Il dégage un effet hypnotique, comme une berceuse que vient troubler cette voix robotique nous appelant, qui sait, à nous poser certaines questions face au temps qui passe. Même si le tout électronique laisse parfois à penser le contraire, Ruf mich an possède une âme bien à lui, un truc qui nous émeut par ces notes plus profondes. On écoute l’album et on vous en reparle pour sa sortie !

TOAN’CO

Comme on aime être surpris, et que nous n’aimons pas forcément nous répéter, on vous partage ce titre qui commence comme du slam, puis enchaîne sur une partie plus hip-hop, pour, comme un chat, retomber sur ses pattes slam. Notre époque de Toan’co nous surprend aussi par son texte, véritable décryptage de nos sociétés modernes, de cette époque le nez dans le guidon, se souciant peu de ce qui l’entoure, qui oublie d’être intelligente, qui est simplement reflet de qui nous sommes, bercés des illusions qu’on affiche sur la télé, sur internet. Via tout ces mots décomplexés d’une horreur sans nom dont on ne s’offusque plus vraiment également. Bref, ce morceau est important et intelligent. Et on aime ça, autant que d’être surpris.

Le duo sera jeudi 17 mars au Jack Jack (Lyon) dans le cadre de la 16ème édition du festival « Les Chants de Mars » et le samedi 26 mars au Bateau El Alamein (75) pour fêter la sortie officielle, en format physique, de leur premier EP « Synopsis.

JON SPENCER AND THE HITMAKERS

Faut-il encore présenter Jon Spencer ? Non, on ne croit pas. En revanche, nous pouvons expliquer qui sont les Hitmakers qui l’accompagnent ici ? Ok ! Alors The Hitmakers est le groupe qui avait épaulé Jon Spencer lors de la sortie de son premier album solo. The HitMakers c’est Bob Bert (Sonic Youth, Pussy Galore, Chrome Cranks, etc), Sam Coomes (Quasi, Heatmeiser, Elliot Smith), M. Sord (No Monster Club, M.Sord). Du bien joli monde pour épauler ce musicien au CV plus long que le bras, toujours à la pointe du rock indépendant, fier dans ses bottes.

Junk man ne déroge pas à la règle et étonne par sa ritournelle obsédante, toujours lofi mais toujours gorgé d’une électricité salvatrice de laquelle nous nous délectons sans modération. Spencer gets it lit, son prochain album, sort le 1er avril (et ce n’est pas une blague)
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CLAIR

Tout nouveau, tout beau, et bien décalé, voici le premier single de Clair, Tout est dans la tête. Cet extrait du premier album de cette chanteuse, lequel a été écrit avec Philippe Katerine, d’où sa présence à la fois dans le clip et à la réalisation de celui-ci.
La jeune femme n’est pas une inconnue du trublion de la scène musicale française puisqu’elle a déjà travaillé avec lui comme choriste notamment. L’album à venir est la première signature du label Maison magique créé par ce même Philippe Katerine (quelle santé !).

Bref, c’est un titre à savourer en toute relaxation, avec les idées mal placées comme le suggère ce clip inspiré par l’artiste contemporain Edouard Levé, adaptation de sa « pièce » Pornographie habillée.

THE TOGS (Bonus)

La vidéo n’est pas forcément récente (elle est sortie en 2020, à l’époque d’on sait quoi et mérite une seconde chance, à notre humble avis), mais le groupe, lui, s’apprête à sortir un troisième album. Alors on ne boude pas notre plaisir avec ce bon vieux blues à la voix rocailleuse, qui fait un bien fou par où il passe !

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