22-34, de Marrow à Sibylle.

Nouvelle sélection musicale du vendredi 21 octobre.

Alors que commencent ce soir les vacances de la Toussaint, promenons-nous dans les bois tant que le loup n’y est pas. Pourtant, Marrow pourrait presque nous l’évoquer, ce grand méchant loup avec sa voix rocailleuse. Mais c’est sans compter sur les autres artistes ici présents, n’ayant rien à voir les uns avec les autres et qui nous proposent un beau lot de nouveautés comme nous les aimons. Surprenante, c’est playlist 22-34 l’est assurément, notamment notre coup de cœur final dénommé Sibylle. On vous laisse découvrir tout cela.

22 34 marrow sibylleMARROW

Un esprit un peu dans la veine de ce que l’on peut voir à l’écran dans Ghost Dog, la voie du samouraï, film de Jim Jarmush incarné par un épatant Forrest Whitacker, Fall de Marrow nous plonge dans un paradoxe entre musique contemplative évoquant le pays du soleil levant et rap un poil agressif, rugueux (surtout dans cette voix qui ne laisse absolument pas indifférent), mais dont le flow nous embarque très loin.

À deux doigts de flirter avec une forme d’ambient prescient, Fall nous hypnotise tout en déclenchant une vague d’émotion et de réflexion inattendue. On pense parfois un peu à Eminem, dans cette impulsion presque viscérale de porter la voix vers l’avant, en mettant ses tripes et son cœur dans la parole, tandis que la musique devient presque transparente. Pourtant son importance n’est pas à nier, car elle habille l’ensemble d’une touche de légèreté. Bref, un paradoxe comme on les aime.
NB : le titre est produit par Wolf City que l’on connait bien sur nos pages.

KODACLIPS

Kodaclips délivre un titre au parfum cool, l’assez génial Muffing. Pourquoi assez génial ? Parce qu’il revisite avec classe et une touche d’originalité un esprit, une esthétique, en brassant pas mal d’influences, du shoegaze (ces voix noyées sous un déluge d’effets et du fameux mur du son), du psychédélisme (cette basse et ces mêmes effets sur les voix), et enfin un soupçon de garage avec ces rugosités de guitares qui, forcément, nous mettent un peu les poils au garde-à-vous. Bref, c’est bien fait, c’est malin, ça reste frais, et en plus le clip est bien réalisé. Que demander de plus ?

 

CARRELLEE.

Comme un parfum de cold wave. L’univers dessiné par Carrellee dans Morning sun dégage cette distance un peu froide propre au genre, qu’elle délivre d’une voix bien incarnée, plutôt chaude au final. Les effets électroniques, ses tessitures, participent au côté feutré de l’ensemble. Intime, exposant sans fard un état intérieur, Carrellee impose sa patte, sans forcément bousculer les convenances du genre, mais gardant malgré tout une certaine originalité de ton sur cette composition. Les arrangements sont particulièrement bien sentis tout en restant discrets et l’on sent une vraie touche personnelle, laquelle revisite, sans dévoyer, l’âme propre à ce courant musical. C’est donc bien fait, intense, dense, et reste une belle surprise, à découvrir.

GAUME

C’est un artiste dont nous n’avions pas entendu parlé, mais ici, il nous tape littéralement à l’oreille, par la douceur de sa pop et de sa poésie. Si le chant en français tend souvent à laisser croire que l’univers sera chanson française, il échappe à cette étiquette en proposant une musique pleine de finesse, qui s’avère totalement internationale, ou en tout cas qui va bien plus loin que la seule langue l’impose. C’est délicat, tendre, plein de finesse, d’amour, bref, ça nous touche directement au cœur. Magnifique ! Ce titre est extrait de l’album Quand j’étais sur terre.

SIBYLLE.

Nous aimons être surpris, et Souminatrice ne manque absolument pas de nous surprendre. Très féministe dans ses paroles, mais d’une façon tellement futée que nous pensons que certains n’y pigeront que dalle, Sibylle joue l’ingénue roublarde, sur fond de rnb ou d’electro pop déconstruite, elle aussi maline comme tout. On aime cette forme de candeur machiavélique, cette inventivité explosée, cette pop maligne, reposant sur une forme d’exploration musicale sans frontières. Tout est aligné et délivre un texte légèrement piquant et provocateur. Bref, Sibylle a tout pour nous plaire et évite avec folie tous les pièges possibles (à savoir musique ultra rabâchée et textes insipides en première ligne) grâce à une personnalité hors normes. Gros coup de cœur !

Patrick Béguinel

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