22-13 : De Périsélène à The Orchid
Nouvelle sélection musicale du vendredi 15 avril.
Une fois encore, ce sont les surprises qui nous cueillent au ventre pour cette playlist 22-13. Les coups de foudre s’y enchainent pour notre plus grand plaisir, avec inventivité, originalité, et surtout avec une force d’expression sans limite. Nous succombons ainsi à des charmes totalement différents, mais totalement dans ce même élan, celui qui nous fait ressentir la vie un peu plus fort.
PÉRISÉLÈNE
À quoi bon s’en tenir aux sentiers battus en matière de musique ? La musique n’est-elle pas un moyen d’expression personnel ? Alors, si oui, pourquoi s’en tenir aux diktats normatifs pour pondre la même chose que son voisin ? Périsélène l’a bien compris et le met en pratique en proposant une musique à la fois cérébrale et viscérale, une musique à la fois osée et intime, une musique qui ne ressemble à celle de personne mais qui pourtant peut parler à tous.
Le titre est long. Mais il nous paraît bien moins long que certains titres de 3 minutes déjà rabâchés un milliard de fois. Il pourrait être abscons mais il reste concret, porté par une poésie folle, un texte littéraire nébuleux mais faisant naître son lot d’images. Musicalement, ça navigue entre rock prog, pop, poussées de sève, mais sans guitares. Pourtant, le titre ne perd jamais en sauvagerie, ou en expressivité.
Fort, nous forçant à sa manière à l’introspection, ce titre déroule ses idées de façon totalement abouties, nous terrasse par ce truc un peu plus grand que d’ordinaire, et nous ravis au plus haut point. Fort et vibrant, bref tout ce qu’on aime, Hélio est une excellente surprise !
ROUGE CONGO
En lisant les références du groupe, on s’est dit tout de suite « ça ne va pas coller ». Et puis arrive Rouge Congo, avec Riga, et force est d’admettre que le titre nous fait un bel effet, ce genre d’effet qu’on ne croit pas possible tant tout nous oppose, dans nos goûts personnels, aux goûts personnels des membres du groupe.
Mais, quand il y a de la qualité, il faut la mettre en avant, et Riga n’en manque pas. Gros travail sur le son, sur les voix, sur la composition et, ce n’est pas une de ses moindres qualités, sur le texte. Il dégage une poésie bien définie, mise en valeur par une sobriété instrumentale et vocale qui, loin d’être austère, lui donnent de bien belles couleurs.
Ainsi, contre toute attente, on tombe très rapidement sous le charme de ce groupe ultra prometteur dont on croit, à coup sûr, qu’il sera une prochaine révélation française. À savourer donc.
CUCAMARAS
En provenance de Nottingham, ces jeunes gens portent haut et fort les couleurs d’un post punk fiévreux et nerveux. Loin de sentir la posture, leur musique transpire une sincérité et une urgence terriblement abrasives. Haute teneur en énergie pour Winners Chapell, qui nous rétame magnifiquement grâce à son travail sur le son, mélange de fureur et de stridence, comme pour marquer une douleur interne qui ne pourrait s’atténuer que dans des riffs solides et tranchants. Puissant !
TORONTO TABLA ENSEMBLE
C’est marrant. Enfin pas genre marrant ahah, mais marrant rigolo d’où les connexions du cerveau nous prennent et d’où elles nous déposent. Ici, on pense à Bjork, allez savoir pourquoi. Parce que l’elfe islandaise n’use pas de tabla, comme c’est le cas de Toronto Tabla Ensemble. Ce titre, assez improbable, éveille un petit psychédélisme rock presque hendrixien lorsque la guitare se fait entendre. On navigue donc entre deux sphères distinctes, une orientale, une occidentale, et ça fonctionne plutôt très bien.
Le trip est au rendez-vous, avec une belle présence vocale, une belle présence musicale également, et un clip DIY absolument improbable mais qui contribue à rendre l’image du groupe unique, et un peu magique. Bref, on aime.
EMILY LOIZEAU
Nous connaissons relativement peu l’univers d’Emily Loizeau. Faute avouée à moitié pardonnée ? On espère parce que son nouveau clip nous dit qu’il faudrait nous plonger un peu plus attentivement sur sa discographie. Il faut dire que We can’t breathe est terriblement parlant par ses images, mais que son titre ramène aussi à ce sentiment très étrange qui nous a traversés depuis 2 ans, celui de respirer à travers un masque.
Fort heureusement, avec son morceau d’obédience blues rock, l’artiste nous fait un très bel effet, chose pas forcément évidente quand on y entend le français et l’anglais mêlé. Souvent assez aléatoire, le résultat s’avère ici totalement pertinent, d’une grande sobriété, et surtout réalisé sans arrière-pensé purement marketing. On sent et entend une universalité, pour le climat notamment, un propos fort, un cri de révolte qui vient de là, qui vient de l’intérieur. Fort et beau. Que dire de plus ? Ah oui, le titre est extrait d’Icare, le nouvel album de la chanteuse/compositrice.
THE ORCHID
Parfum folk, douceur indé, chanson poétique et amoureuse, Les embellies nous fait un effet gros comme ça. Une sobriété image et son bienvenue, une tendresse qui jaillit de peu de note, d’un minimalisme expressif, une émotion qui naît au creux du ventre qui, un peu magiquement, se transmet au reste du corps, cœur et tête en premier.
Quand un morceau possède une telle âme, nous ne pouvons qu’accrocher au-delà du raisonnable. Le groupe manceau sortira en mai prochain, le 6, son premier album (après deux Eps déjà disponibles) du nom de ce titre. Dire que nous l’attendons de pied ferme relève de l’euphémisme.
BONUS : Mackenzie Leighton
Nous avons déjà eu le bonheur de vous faire découvrir le travail de cette artiste un peu à part avec ses titres Un jour la vie et Fleurist by day. Elle revient avec Je ne suis pas poète, titre au charme instantané nous rappelant, comme ça, l’air de rien, un peu du travail de Maxwell Farrington. Comme lui, Mackenzie Leighton est étrangère (américaine) mais s’exprime en français (elle vit en France) d’une façon absolument adorable. Bref, il serait dommage de se passer de ce titre doux et léger.