13-23, de Wakan Tanka à Beatrice Melissa

Nouvelle sélection d’EP

Playlist 13-23 en forme de mini-chronique d’EPs avec Wakan Tanka, Dérives, Ublot et Beatrice Melissa

wakan tanka g=heat 13-23WAKAN TANKA, Heat (disponible)

A la croisée des styles, Wakan Tanka propose un rock qui puise ses influences dans le stoner, le blues, le rock et la pop. Avec un traitement sonore qui fleure bon l’analogique d’antan, celui qui possède un joli grain, le groupe de la région parisienne ravive les couleurs d’un rock lourd et une certaine notion d’élégance (l’ajout d’un piano, même s’il paraît anecdotique sur l’ensemble de l’EP, n’y étant pas pour rien). Racé, les guitares et la voix imposent leur magie, sans forcer l’oreille. Les mélodies sont accrocheuses, les thèmes musicaux s’avèrent à la fois très accessibles et suffisamment travaillés pour ne pas dévier vers le mainstream.

Les entames des titres donnent le la, oscillent entre pulsion cardiaque et mise à nu low tempo. Avec une touche de pop bien sentie (celle qui permet de rendre accrocheuse des mélodies purement rock), Wakan Tanka se démarque de la concurrence « heavy blues » pour proposer une palette plus vaste qui fait consensus (sans, une nouvelle fois dériver vers les contrées rock FM). Les choeurs, utilisés à bon escient, révèlent eux aussi un savoir-faire qui éveille un imaginaire collectif biberonné aux précieux aïeux. Pourtant, nulle pâle copie, mais au contraire un feu sacré ravivé par des thèmes modernes, fortement inspiré par l’état du monde dans lequel nous vivons (et qui ne semble plus tourner vraiment rond).

En 5 titres et un peu moins de 20 minutes, Wakan Tanka impose son deuxième EP Heat comme une très jolie promesse d’avenir pour un groupe qui nous apparaît fortement prometteur. À savourer comme il se doit.

Dérives La nuit ne viendra pas DERIVES, La nuit ne viendra pas.

La nuit ne viendra pas, sans doute parce que la musique de Dérives, formation brestoise, s’avère lumineuse. Entre pop et rock, en français dans le texte, le groupe dévoile une sensibilité à la grâce aérienne. Si les sonorités sont plutôt claires et dégagent comme une pulsation optimiste, les paroles, elles, renvoient à des états d’âme plus sombres, pour autant pas exempts d’espoir ou d’optimisme.

Les textes, poétiques, imprégnés d’un certain romantisme, chantés soit par une femme, soit par un homme, dégagent des images qui comblent ce que les mots ne peuvent exprimer. Ainsi, les images évoquées complètent à merveille les mots, couvrant ainsi un spectre plus large et encore plus immersif. Avec ses 5 titres, La nuit ne viendra pas impose un style personnel qui évite les poncifs chanson française par des textes qui ne mâchent jamais le travail de l’imaginaire et de l’interprétation.

Mid tempo ou plus enlevé (comme Alma par exemple), Dérives alterne les plaisirs, mettant les voix au cœur de leur processus de création. Surtout, jamais ne point la moindre facilité dans les compositions. Celles-ci reposent plus ou moins sur des schémas déjà exploités mille et une fois, mais le groupe, avec inventivité, les rend modernes, parfois nerveuses, d’autres langoureuses. Ce qui ne peut que nous électriser et nous faire nous dire que ce groupe-là a tout pour faire parler à grande échelle. L’avenir nous dira si nous nous trompons.

Ublot ça vaUBLOT, Ça va.

Mêlant électro, inspirations tsiganes et rock, langue française et étrangère, Ublot nous livre un 5 titres surprenant, inventif et tour à tour dansant et ténébreux, en prise totale avec le monde qui l’entoure. En effet, c’est dans les pires moments que le besoin d’évasion se fait le plus ardent, irrépressible. En dosant avec justesse et bon goût ses références, le collectif nous embarque dans un voyage sensoriel captivant.

Tout ici est histoire de tension et de relâchement, de tradition et de modernité. L’esprit tsigane, ou des balkan, traine ici ses chants puissants, provenant du cœur même de la terre, et trouve un écho dans des thématiques actuelles, des mots écorchés ou des sonorités trempées dans la fièvre électrique. Les instruments classiques, comme l’accordéon, s’accouplent avec les guitares et diverses programmations pour un mélange explosif et détonnant.

Les rythmiques, déjà prenantes et dansantes, gagnent en puissance et en présence, nous empêchant dès lors de nous reposer, excitant nos nerfs qui ne trouvent un apaisement que dans le défoulement d’une danse transe organique et viscérale.

Beatrice Melissa SurpriseBEATRICE MELISSA, Surprise

Une histoire comme d’autres. Un duo se forme, propose une musique qui ressemble aux deux entités qui composent le groupe, à savoir un mélange de douceur et un caractère parfois proche de l’expérimentation comme en témoigne le premier titre de leur EP Surprise répondant au nom de Wait on my blood et ses drôles d’arrangements qui dérapent. Entité bicéphale, elle est aussi bi-vocale. Les voix, sur ce même titre, s’harmonisent, dégagent une présence à la fois féérique et inquiétante. Par la suite, c’est un côté plus aérien qui se fait ressentir, agrémenté d’une pop qui, si elle peut paraître parfois convenue, ne l’est jamais.

En effet, les deux femmes s’amusent à nous faire croire que tout ce qu’elles produisent à déjà été entendu, mais tel n’est jamais le cas puisque, grâce à un art de la composition maîtrisé et une certaine fantaisie dans les arrangements, les chansons se démarquent du tout-venant pour exprimer une personnalité originale et forte.

Alternant analogique et numérique, acoustique et électricité, français et anglais, Béatrice et Mélissa brouillent les pistes et créent une musique organique, animale, onirique, parfois mélancolique, lucide et rêveuse. Le mini album contenant 6 titres s’avèrent donc une croisière au roulis d’amplitude qui fait que jamais nos appuis ne sont acquis, nous forçant à une écoute attentive révélant mille et une surprises. Et porte donc très bien son nom.

Patrick Béguinel

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