DON NINO Interview
Son album Rhapsody for the dead butterfly sort le 29 mars chez Prohibited Records. C’est l’occasion pour nous de poser quelques questions à Don Nino (Nicolas Laureau de son vrai nom). Découvrez vite l’interview qu’il nous accordé.
Avant toute chose merci de nous accorder cette interview. Première question pour la forme, comment vas-tu ?
Je vais très bien. Je suis heureux.
Ton nouvel album Rhapsody For The Dead Butterflies sort le 29 mars. Pourquoi ce titre ?
J’ai composé et enregistré cet album à la campagne, il y avait un certain nombre de papillons de nuit qui se piègaient à l’intérieur, j’essayais de les faire sortir. Le matin, j’en retrouvais parfois quelques-uns, échoués. J’y ai vu des métaphores possibles.
Quel est le point de départ de cet album ? Qu’est-ce qui l’a nourrit, qui l’a rendu nécessaire ?
D’abord, il y avait le désir d’un album électrique, avec beaucoup de guitares, qui trancherait avec le précédent (The Keyboard Songs). Ensuite, il y avait ce cadre particulier où j’ai travaillé ; j’ai enregistré dans une petite maison proche d’une forêt, en prise directe avec les bois, les animaux, les insectes, un environnement naturel. J’observais, je prenais des notes, des rêves jaillissaient. C’était très simple.
« J’ai l’impression d’avoir retrouvé une part de moi-même que je pensais figée dans le passé. »
Qu’est-ce qui le différencie des 5 précédents ?
Chaque album, sans tomber dans le concept-album, part de contraintes ou de choix très clairs. Je me donne une direction principale à chaque fois. La façon d’enregistrer et de produire est déterminée à l’avance aussi. Pour moi, ce qui comptait le plus pour celui-ci, était d’être loin de la ville, immergé dans ma matière, de m’y consacrer pleinement. Sans autre distraction possible que de me balader dans la forêt, de cuisiner ou de m’exercer au Yi Jing. J’avais des journées très cadencées.
Tu as enregistré cet album dans la campagne Normande, t’es reconnecté avec la nature. Cela a-t-il eut une influence directe sur ta façon de composer ?
Je ne pense pas avoir changé de façon de composer. En revanche, cela m’a permis de vivre une expérience forte. J’ai l’impression d’avoir retrouvé une part de moi-même que je pensais figée dans le passé.
Avais-tu des pistes de travail déjà couchées sur le papier avant l’enregistrement ou bien tout t’est-il venu sur place ?
Non, effectivement tout a été composé et enregistré sur place.
La force tellurique que dégage Rhapsody for the dead butterflies, par ses guitares, sa batterie, le travail sur la voix, est-elle directement liée à l’environnement dans lequel tu étais plongé lors de l’enregistrement ou tout était-il prémédité ?
Il y a eu une phase de recherche de son avant les compositions. J’ai fait des choix esthétiques, de production dès le départ. Les sons de guitare et de voix, les lignes de basse donnent une couleur particulière à l’album. C’est vraiment ce que je cherchais. Et les batteries, enregistrées au finish donnent une sorte de vernis à l’ensemble. C’est un choix aussi.
Peut-on dire qu’il s’agit d’un disque terrien ?
En partie oui. C’est aussi un disque onirique.
« Dans cette expérience, il y a l’émerveillement face au monde naturel, et aussi une inquiétude quant à sa transformation, à sa disparition. Humblement, je fais part de cette expérience. »
Il est question d’anthropocène dans ta bio. Les changements géologiques à l’échelle de la planète, changements résultant de l’activité humaine, sont-ils à ton sens une source d’inquiétudes aussi importante que le réchauffement climatique ? Comment parviens-tu à restituer cette inquiétude dans ta musique ?
Oui, je pense que vu le contexte, il est difficile de ne pas en parler. Ensuite, l’album n’est pas figé sur cette thématique. C’est aussi un album qui parle de l’humanité dans ce qu’elle a d’intrigant, de sauvage. J’ai l’impression de commenter une certaine réalité, et ma musique a parfois vocation à rendre ce commentaire légèrement inquiétant.
Rhapsody for the dead butterfly est un titre assez pessimiste (il nous fait penser à ces études alarmantes sur la disparition de certaines espèces d’abeilles), pourtant ton disque dégage énormément d’espoir. Crois-tu que les choses peuvent encore changer ?
C’est-à-dire que dans l’expérience de ce disque, il y a aussi la confrontation au monde végétal, au vivant, il y a par-ci par là des touches d’humour et des clins d’œil. Peut-être effectivement que le titre trimballe un pessimisme qui n’est pas totalement en accord avec la tonalité globale de l’album. Comme je le disais, mon idée était plutôt de vivre une expérience, d’en faire un disque. Dans cette expérience, il y a l’émerveillement face au monde naturel, et aussi une inquiétude quant à sa transformation, à sa disparition. Humblement, je fais part de cette expérience.
Sur ce disque, nous retrouvons Quentin Rollet, Ludovic Morillon, ainsi que ton frère F/LOR, qui ont joué avec toi dans les groupes Prohibition et NLF3. La fidélité, ça compte pour toi ? Un projet en commun avec eux est-il (à nouveau) envisageable ?
Oui, ce sont les compagnons de toujours. La reformation de Prohibition a été un beau moment. Mais nous n’avons pas rediscuté d’un disque ensemble pour l’heure.
Que peut-on te souhaiter pour ce disque ?
Je souhaite le jouer beaucoup sur scène, car j’adore jouer ces morceaux. J’ai décidé de tourner en solo avec une boite à rythme, un clavier et une guitare. C’est du coup assez différent de l’album et assez performatif. Il y a déjà pas mal de dates.
Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. La chronique de Rhapsody for the dead butterflies, qui sort le 29 mars chez Prohibited records sera bientôt publiée sur Litzic.
Merci à vous.
Si vous aimez les interviews, nous vous proposons de (re)découvrir celles de d’Alissa Thor et celle de Laure Briard