Arnaud Chatelard / Innocent but guilty

ARNAUD CHATELARDPropos recueillis par Ben.

Lors de notre première chronique pour Litzic, nous avions écrit tout le bien que nous pensions d’Arnaud Chatelard et de son projet musical Innocent But Guilty. Très actif au sein de la scène underground ambient / expérimentale via les productions de son label Foolish Records, Arnaud Chatelard a accepté de nous consacrer quelques minutes de son précieux temps pour répondre à nos questions.

Salut Arnaud. Tout d’abord, commençons par une de tes actualités les plus récentes : cette double compilation que tu as sortie à la fin de l’année. Pourquoi avoir ressenti le besoin de faire ce travail de compilation ?

Salut, Ben. Pour être honnête, j’avais surtout pensé dans un premier temps à la compilation avec le meilleur (selon moi…) de ce qui était sorti sur le label en 2022. Cette année a été très intéressante d’un point de vue artistique et humain, et je voulais revenir sur le fait que depuis la création de Foolish Records en 2019, jamais autant de qualité et de constance ne s’étaient matérialisés. Et puis en même temps je me suis dit que ce serait un petit peu injuste de laisser de côté ceux qui avaient contribué à l’émergence et au développement du label depuis ces débuts, et j’ai décidé de proposer une autre compilation qui reprenait le meilleur du label entre 2019 et 2021. Comme ça, la boucle était bouclée. Je pense désormais sortir une compile best of par an.

Cela va faire maintenant environ quatre ans que Foolish Records existe. Qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer dans la création d’un label ?

L’idée de la création du label Foolish Records est surtout née de l’envie de pouvoir collaborer avec d’autres artistes et de proposer un catalogue sur lequel je serai partie prenante dans chacun des divers projets publiés. Je ne voulais, par contre, surtout pas me lancer dans l’aventure d’un label « classique », où je ne ferai que promouvoir le travail d’autres artistes, car la gestion de ce genre de média est souvent complexe en terme de droits et de financement et je ne voulais me concentrer que sur l’aspect artistique de la chose, sans m’empêtrer dans des questions d’ordre fonctionnelle. Le fait de participer à des projets communs me donne, il me semble, plus de liberté artistique. Et puis cela permet de créer une motivation et une émulation constante entre les artistes qui y contribuent.

Tu proposes des univers très variés. Il y a pourtant une grande cohérence. Y a-t-il des genres ou des sous-genres que tu t’interdises de publier ?

Je suis assez ouvert de manière générale en termes de style, mais comme tu dis, je mise tout de même sur une certaine cohérence qui naît principalement du fait que j’amène ma « patte » et mes diverses influences dans la création des albums. Je suis souvent à l’initiative et donc j’amène du matériel qui correspond déjà à une esthétique, et que je confie aux bons soins des artistes avec qui j’ai choisi de collaborer et dont, bien souvent, l’univers me plaît. Cela peut aller du hip-hop lofi de Konejo, au trip-hop electro de Grosso Gadgetto, en passant par l’indie de Wolf City, l’ambient cinématographique de Philippe Neau ou de NLC, et même l’éléctro complètement barrée et énergique du Batard Tronique. Étant eux aussi influencés de multiples façons, ils contribuent à donner une vision qui vient compléter la mienne pour aboutir à un résultat ou l’alchimie fonctionne souvent merveilleusement bien! Donc pour répondre directement à ta question, je ne me refuse rien, sauf peut-être certaines (je dis bien certaines) formes de techno ou de hardcore, car j’y suis assez hermétique. J’ai même tendance à m’ouvrir un peu plus en termes de collaboration.

Pour être honnête, je reste tout de même assez éloigné et distant de l’évolution de l’industrie musicale, et surtout des médias

Tu proposes les albums à 1€. On est vraiment dans ce qu’on appelle « l’euro symbolique ». Peux-tu nous expliquer pourquoi tu proposes les sorties Foolish à un prix si peu élevé ?

Je ne me fais guère d’illusions sur le développement économique des labels présents sur Bandcamp, ou d’autres plates-formes… clairement il y a tellement d’offre que se faire une place est très difficile, voir même impossible quand on fait ça de façon amateure et passionnée. Ce que je recherche avant tout, ça n’est pas la rentabilité, mais c’est une diffusion la plus large possible du catalogue de Foolish records, tout en partant du principe que ce qui est publié sur le label n’est pas en libre accès non plus. Je souhaite quand même que les gens qui désirent obtenir un album, le fasse en s’inscrivant dans une démarche qui respecte quand même un minimum (ridicule devrais-je dire…) le travail des artistes. Après, j’ai parfaitement conscience que tout le monde n’a pas forcément les moyens d’investir même ne serait-ce qu’ un euro symbolique dans une œuvre. J’ai du respect pour le public, mais je respecte encore plus les artistes avec qui je travaille. Donc je me refuse catégoriquement à livrer leur travail, prêt à consommer gratuitement.

Tu évoques ici le public et la manière dont il reçoit la musique proposée par Foolish et ses artistes. Quel est ton regard sur l’industrie musicale actuelle ?

Il est assez désabusé à dire vrai… d’un côté je suis assez désabusé par les politiques artistiques de certaines grandes structures (et cela depuis de longues années…) de l’autre sens je me réjouis de me trouver aux côtés de beaucoup plus petites structures, comme IRM, Lotophagus, HAMFUGGI, GodHatesGod et bien d’autres, dont je respecte le travail et la vision. Je reste conscient du fait que malheureusement nous ne gagnerons pas, et je suis assez pessimiste, mais des fois je me mets à rêver d’une sorte de coopérative réunissant pleins de petits labels organisés en conglomérat et mutualisant les offres et les perspectives de développement, le tout afin d’être plus visible et plus pertinent.

Je partage assez ton avis. Je trouve qu’il y a une distorsion énorme entre ce qu’on peut lire dans les rares magazines qui restent et le foisonnement qu’on peut trouver sur des plateformes comme Bandcamp ou SoundCloud. On dirait qu’on ne vit pas dans le même monde.

Pour être honnête, je reste tout de même assez éloigné et distant de l’évolution de l’industrie musicale, et surtout des médias, dont j’étais très friand avant l’explosion d’internet… Je reste quand même convaincu que trop de choix tue le choix… Mais en même temps je contribue moi même à cette opulence, donc je préfère laisser tout ça de côté et me concentrer uniquement sur l’aspect artistique. Même si effectivement, certains détracteurs pourraient me reprocher une forme de lâcheté.

Ce ne sera pas moi qui le ferai. Que penses-tu des Groover et autres qui demandent aux labels ou aux artistes de payer pour faire écouter la musique ?

Pour moi, cela reste à l’image du monde ultra capitaliste dans lequel nous sommes malheureusement encore enfermé… L’essentiel des recettes issues du travail et générées par la créativité devrait aller dans les poches de ceux qui le font vivre et pas dans les bas de laine de certains acteurs « périphériques », qui savent exploiter un filon, qu’ils soient actionnaires ou diffuseurs. C’est assez naïf comme vision des choses, mais je pense que l’essentiel est là.

Venons en à ton projet principal, Innocent But Guilty. Mais avant cela, il me paraît intéressant qu’on revienne sur tes projets antérieurs. Il me semble que tu as longtemps fait partie d’un groupe plus « classique », non ? Peux-tu nous en dire plus sur cette période pré-IBG ?

Alors, pour récapituler… et sans remonter trop loin, j’ai été batteur dans un groupe pop-rock entre 2008 et 2019 qui s’appelait Moonhaven. Parallèlement à ça, j’ai commencé à travailler solo dans mon coin vers 2009-2011, sur des influences qui lorgnaient plus vers l’electro, le trip hop et le hip hop, avec un projet qui a eu pleins de noms différents et qui aujourd’hui s’intitule 154 fRANKLIN. C’est par ce biais que j’ai découvert et me suis familiarisé avec la scène ambient, dark et experimental. En 2015 j’ai créé une autre entité qui s’appelait Apocalypse Sounds, et qui allait être à la base de Foolish records. J’ai commencé à collaborer avec certains artistes comme S R V T R, i,eternal, Eisenlager, BRTHRM, et d’autres. Je me suis fait voler du matos et j’ai été obligé de changer de set-up et d’instruments. De cet événement est né IBG qui est mon projet solo principal aujourd’hui et celui dans lequel je me suis le plus épanoui.

Les formats m’ont toujours un peu gonflé

Dès « At The Beginning », l’EP qui lance vraiment Innocent But Guilty, tout est là : ce son à la fois froid mais avec tout de même une dimension émotionnelle marquée, le côté enveloppant de ta musique et cette alternance entre plages calmes et vagues de sons, cette submersion qui déferle sur l’auditeur.

Oui c’est ça, même si l’entité IBG est née avant, sur le label où j’avais déjà testé cette esthétique sur certaines collaborations. Vu que les retours étaient plutôt très positifs, j’ai voulu creuser le sillon et me développer en solo. J’ai une fascination pour le son qui envoûte, celui qui te fait voyager et que tu peux aussi écouter d’une oreille distraite mais qui t’inspire. Je suis photographe et ma ruée vers l’ambiant et le dark correspond à cette envie de faire une musique qui pourrait servir de support à certaines de mes photos, ou peut-être comme musique de film, ce à quoi j’espère toujours un jour parvenir. Dans At the beginning, qui n’est pas vraiment l’acte de naissance d’IBG, mais qui est une sorte de carte de visite, je voulais transmettre cet état second, cette sensation d’hypnose que j’avais parfois quand je faisais de la photo.

On reviendra tout à l’heure sur l’aspect visuel de ton travail. Tu proposes sur tes albums beaucoup de titres oscillant entre les 10 et 20 minutes. Mais tu en proposes beaucoup ce qui fait de longs albums. Pourquoi un tel foisonnement ? Est-ce une envie délibérée de sortir du format classique du LP entre 40 et 70 mn ?

Les formats m’ont toujours un peu gonflé, même si je dois reconnaître que j’y reviens un peu ces derniers temps… j’avais besoin d’aller au bout de la démarche et je ne pouvais pas traduire tout ce que je voulais traduire comme émotion en seulement 3 ou 5 minutes (même si parfois j’y suis arrivé…). C’est sûr que la majorité des albums de IBG sont longs et charnus, mais je ne me serais pas complètement réalisé si je les avais écourtés pour des besoins de formats. Je comprends que cela peut rebuter, mais vu que je fais de la musique avant tout pour moi, pourquoi se priver ! C’est en cela aussi que j’aime l’indépendance artistique. Et que je la situe au-dessus de toute autre considération. Enfin autre chose importante, je base beaucoup de ma production musicale sur des principes de création oulipiens, c’est-à-dire avec des contraintes, comme un nombre de morceaux impairs ou le fait que chaque albums fait 3,5,7,9 ou 11 tracks maximum. La construction et l’élaboration des morceaux dépend aussi de ces préceptes. L’oulipo, le surréalisme, l’absurde sont des influences majeures pour moi. Le hasard aussi.

C’est quelque chose qu’on retrouve chez quelqu’un comme Jordane Prestrot. Tu te sens proche de ce qu’il propose ?

Oui complètement ! J’apprécie l’univers « multimédias », de Jordane que je connais artistiquement depuis de longues années, et je me retrouve beaucoup dans son esthétique ! Je suis tout d’abord entré dans son univers par le biais de la photo, passion que nous avons encore en commun, puis par le biais de sa musique, et notamment de son album, l’Âge sombre sorti en 2016. (https://jordaneprestrot.bandcamp.com/album/l-ge-sombre)

Entre « House Of Metal » et « Mother’s Tears », tu délaisses un peu les formats très longs qui faisaient ta signature. Qu’est-ce qui a provoqué ce resserrement au niveau des formats ?

Ces 7 albums, ont été composés différemment des premiers, car je n’ai travaillé uniquement qu’avec une mpc 1200, et j’ai beaucoup plus fait appel au sampling que ce que je faisais jusqu’à Still i’m leaving, où je bossais essentiellement sur synthé, basses et guitares. Cela a donc impacté la durée des tracks que je voulais plus comme des pastilles sonores, une sorte de récréation ludique et un peu plus instinctive avant de repartir sur du format plus long. Au moment où j’ai composé ces albums, j’étais dans un état d’esprit différent beaucoup plus stressé et où je doutais beaucoup de ce que j’avais fait précédemment. C’est aussi une de mes caractéristiques : le doute permanent. C’est ce doute permanent, aussi, qui fait que je privilégie beaucoup les collaborations car cela a un côté rassurant et stimulant. Je suis donc moins confronté uniquement à moi même…

« Open Bars » marque un nouveau changement avec l’arrivée de beats empruntés au trip-hop ou au boom bap. Là encore, qu’est-ce qui a engendré cette nouvelle mue ?

Une envie naturelle d’essayer de faire évoluer mon son vers d’autres univers compatibles. J’ai toujours pensé qu’ambient et trip hop pouvaient se compléter à merveille.

On en vient à « C’est pas ma faute », sorti un mois jour pour jour après le début de l’invasion de l’Ukraine. C’est, à ma connaissance, la première fois que ta musique s’inscrit explicitement dans l’actualité.

Oui j’ai été particulièrement marqué par le siège de la ville de Marioupol, qui m’a inspiré le morceau de clôture de l’album, Ode to the Marioupol’s Martyrs. Ce conflit génère en moi une angoisse palpable car il est annonciateur de catastrophes à venir. Et j’ai souvent besoin de traduire mes angoisses en musique et en sons, cela m’aide en quelque sorte à les exorciser.

Le dernier album d’Innocent But Guilty date presque d’un an. A ton échelle, c’est beaucoup. Doit-on comprendre que l’entité Innocent But Guilty est en pause ?

En pause, c’est le mot. Je ressens davantage, pour l’heure, le besoin de travailler en collaboration avec d’autres artistes pour le moment. J’ai des projets parallèles qui m’inspirent encore beaucoup et pour lequel j’ai envie de continuer à contribuer, comme Ben and the Trinity, Wintermute, 2 Tones ou encore Stalsk, d’autres artistes avec lesquels je ne penses pas être encore arrivé au bout du processus créatif, comme Grosso Gadgetto, DzEta, Julien Tomas, l’équipe de NLC ou encore d’Inhum’Awz et Christophe Bailleau, et enfin certains avec qui j’entame juste le processus créatif, comme Djane Ki, Konejo, Wilfried HANRATH ou r$kp.

J’aime composer de la musique de manière assez instinctive, libérée de tout cadre et carcan

Tu accordes une place très importante au visuel de tes albums. Cela se voit chez Foolish, bien sûr, mais sans doute encore davantage chez IBG avec ce parti pris très charté : une photo (celles de « Discrete Signs » ou « Untitled », entre autres, sont remarquables), le noir & blanc et la même police de caractère.

Je cultive un rapport évident entre l’image et le son depuis longtemps. J’ai d’ailleurs fait de la photo par passion, grâce à mon père, qui m’y a initié assez tôt, et avant de passer à la musique. Beaucoup de mes albums naissent souvent (pas tous…) d’une émotion qui part d’une photo, à moi ou à d’autres. J’ai d’ailleurs sauté le pas vers la production sonore non pas pour partager mon travail, mais d’abord pour m’accompagner dans mes pérégrinations photographiques. L’ambient, le downtempo, le trip hop, tout comme le post-rock sont des atmosphères propices selon moi à la production d’image, et contribuent à mieux s’immerger dans le processus créatif.

On en vient au côté cinématographique de ta musique. Il y a quelque chose qui me fait penser au cinéma des années 70 – 80. Une sorte de lyrisme à la John Boorman, James Cameron. Comment le cinéma t’influence-t-il ?

Paradoxalement, le cinéma m’influence assez peu, même si, à titre personnel, je rêverais de faire de la musique de film. J’ai quelques références évidentes, comme Lynch, Fincher, Ari Aster, ou Jarmusch et quelques autres, mais je me projette plus de façon photographique dans ma musique. Le parti pris de l’image unique et fixe sur celui de l’image multiple et en mouvement.

J’ai une théorie sur ta musique. Tu la vois presque davantage que tu ne l’écrit. Je me trompe ?

Tu as vu juste. J’aime composer de la musique de manière assez instinctive, libéré de tout cadre et carcan, et en même temps j’ai aussi un rapport assez oulipien au son, ce qui fait que je me complais aussi assez souvent dans la contrainte et le jeu musical. Je ne suis en effet pas à un paradoxe près ! Je ne développe pas un rapport intellectuel vis à vis de ma musique, mais plutôt un rapport sensitif.

On en parlait tout à l’heure, depuis un an, tu sembles te réaliser davantage au travers des collaborations. Peux-tu nous expliquer pourquoi ?

Je suis quelqu’un d’assez peu confiant et inquiet par nature. Je doute beaucoup, et je suis capable sur un coup de tête de tout envoyer bouler, car j’ai l’impérieuse révélation que je me suis trompé, ou que ce que j’ai fais ne va pas exactement dans le sens où je le voudrais. J’ai donc décidé de mettre en suspens les productions solo et de développer mon travail par le biais de collaborations, car cela me stimule plus, et surtout me rassure. Et surtout c’est une nouvelle forme de contrainte que j’accepte plus facilement. Je tiens cela de mes expériences littéraires de jeunesse, où j’étais confronté à ce même doute persistant, et où certains jeux littéraires trouvaient au final beaucoup plus grâce à mes yeux. Et puis j’ai ce besoin vital, viscéral d’être productif, et le travail collaboratif ou multi collaboratif même, m’impose une vitalité créative toujours en éveil, là où confronté à moi-même, je procrastine et me démobilise beaucoup plus facilement. Cela relève beaucoup de la psychologie, j’en ai conscience

Je suis quelqu’un d’assez peu confiant et inquiet par nature.

Y a-t-il des artistes avec lesquels tu aimerais collaborer et avec lesquels ça ne s’est pas encore fait ?

J’ai déjà eu la chance de pouvoir travailler avec beaucoup de ceux que je souhaitais, et il y en a d’autres qui arrivent encore, mais il en reste à ce jour quelques-uns en effet. Après, je ne suis pas quelqu’un qui s’impose, donc je ne préfère pas donner de nom ici, par égard pour les artistes concernés, de manière à ne pas les gêner ou leur mettre une quelconque pression.

Peux-tu nous dire ce qui est dans les tuyaux chez Foolish ?

Encore quelques projets que j’attends de découvrir avec impatience. Un projet avec Konejo, un EP avec Djane Ki, un autre avec r$kp, et puis aussi, le deuxième album de Ben and the Trinity qui devrait sortir en mai. Éventuellement aussi un EP avec Musique Moléculaire, quand, je ne sais pas. Et puis bien entendu, d’autres projets multi collaboratifs et des albums de remixes, car j’ai pleins de sons dispo sous la semelle. Foolish Records est encore un label dynamique !

Tu officies dans une niche. Comment vois-tu la scène underground actuellement ?

Je vois une scène underground (ce terme me fait sourire gentiment des fois, d’ailleurs…) multiple et très dynamique, mais qui malheureusement se retrouve noyée par cette abondance et la démocratisation des moyens de diffusion. je pense que cette scène aurait intérêt à se fédérer en conglomérat ou en « coopératives » sonores, pour pouvoir peut-être peser un peu plus dans le paysage sonore mondial. C’est une belle utopie communisante, qui n’a aucune chance d’aboutir, j’en conviens, mais je me mets à rêver d’une telle possibilité, même si de façon concrète, il n’y a que très peu de chance que cela existe un jour. Après pour être franc, j’ai moi-même l’impression d’être à la marge, de ce qui est qualifié d’underground. Je fais partie de l’underground de l’underground, qui n’est ni un gage de qualité, ni de pérennité. J’ai enterré depuis longtemps le fait de pouvoir vivre de ma musique, par contre, je crois encore dur au fait que faire de la musique m’aide à vivre, et donne un peu plus de sens à ma vie. Elle m’a permis de faire des rencontres artistiques et même amicales extraordinaires, de monter certains projets qui à mon tout minuscule niveau, n’était même pas envisagé il y a de cela cinq ans. Produire et diffuser ma musique suffit clairement à me remplir émotionnellement et humainement, à défaut de me remplir les poches, et c’est bien là l’essentiel. Je me sens appartenir depuis près de deux ans, à une communauté sonore évidente qui reste vivace et dynamique, et même si nous ne sommes peut-être pas tous sur la même longueur d’ondes, nous arrivons à nous retrouver autour de projets communs et à être productifs ensemble, et ça, ça n’a pas de prix. Là je peux donc me permettre de faire du name dropping, mais des noms comme Grosso Gadgetto, Wolf City, Julien et Aloïs de NLC, Jordane Prestrot, Ben et Olivia de The Trinity, Antonella Eye Porcelluzzi, r$kp, I, eternal, Wilfried Annrath, Black Saturn, Seb d’IRM netlabel aka Konejo, Philippe Neau, Batard Tronique, DzEta, Julien Thomas, et tant d’autres, en font indéniablement partie ! J’en ai oublié plein, désolé !

Aurais-tu des artistes de cette scène à nous recommander ?

Ceux que je viens de citer précédemment.

Merci pour ton temps.

10 incontournables Foolish Records

Inhum’Awz & Innocent But Guilty – Away From Home
https://apocalypsesounds.bandcamp.com/album/away-from-home

2 Tones – High Five
https://apocalypsesounds.bandcamp.com/album/high-five

Anteraks – Les Yeux Grands Ouverts
https://apocalypsesounds.bandcamp.com/album/les-yeux-grands-ouverts

Stalsk – Dreamin’ Ghost
https://apocalypsesounds.bandcamp.com/album/dreamin-ghost

Innocent But Guilty & Grosso Gadgetto – Basement
https://apocalypsesounds.bandcamp.com/album/basement

Innocent But Guilty & Wilfried Hanrath – Adrenaline
https://apocalypsesounds.bandcamp.com/album/adrenaline

Eisenlager & Apocalypse Sounds – Absolute No Body Noise Control
https://apocalypsesounds.bandcamp.com/album/absolute-no-body-noise-control

Power Station – A. H. M.
https://apocalypsesounds.bandcamp.com/album/a-h-m

Ben & The Trinity – Music For Yoga
https://apocalypsesounds.bandcamp.com/album/music-for-yoga

Innocent But Guilty – Still I’m Leaving
https://innocentbutguilty.bandcamp.com/album/still-im-leaving

BenBEN

Frontman de Wolf City, impliqué dans des projets aussi divers que The Truth Revealed ou La Vérité Avant-Dernière, Ben a grandi dans le culte d’Elvis Presley, des Kinks et du psychédélisme sixties. Par ailleurs grand amateur de littérature, il voit sa vie bouleversée par l’écoute d’ « A Thousand Leaves » de Sonic Youth qui lui ouvre les portes des musiques avant-gardistes et expérimentales pour lesquelles il se passionne. Ancien rédacteur au sein du webzine montréalais Mes Enceintes Font Défaut, il intègre l’équipe de Litzic en janvier 2022.

soutenir litzic

Pour faire en sorte que litzic reste gratuit et puisse continuer à soutenir la culture

Nous retrouver sur FB, instagram, twitter

Ajoutez un commentaire