Une soirée avec les TINDERSTICKS

Lundi 17 Octobre 2022, La Nouvelle Vague St Malo
« ô temps suspend ton vol. »

Il y a des débuts de semaine qui s’annoncent bien. Ce Lundi 17 Octobre était coché dans mon agenda depuis un petit moment. Il ne s’agissait pas de s’enthousiasmer, uniquement pour un retour dans la cité corsaire quelques mois seulement après tant d’émotions musicales partagées à quelques encablures au fort St Père, mais il était si bon d’imaginer retrouver de vieux camarades dans cette belle salle Malouine. 30 ans après être entré sans effractions dans notre tête, les TINDERSTICKS sont de retour pour une nouvelle tournée et la promesse d’une écoute attentive et forcément nostalgique.

Quoi de mieux que d’embarquer dans ce voyage onirique avec de très bons amis, fans invétérés de la bande de Stuart Staples. Tous n’ont pas fait le voyage, la rumeur courant que le concert était « Sold out » (erreur regrettable !).

À l’approche de la salle, la rumeur grandit. Parking 1, Parking 7, fléchage dans toute la ville, que de logistique pour le groupe anglais ! La pluie fine sur un pare-brise gras embrouille ma pensée, « Sold Out » un Lundi soir ? Incroyable ! A la lecture du dernier panneau, je comprends rapidement qu’il y a méprise sur la Route : du Rhum et non du Rock !! Ce foisonnement de places de parking est réservé aux futurs spectateurs, fans de bateaux et d’aventure en mer. Mais pas que! En effet, une belle file d’attente devant la salle (poivre et sel la file d’attente) témoigne de l’engouement d’un public de quinqua (mais pas que !) en attente du concert du groupe Londonien.

tinderstick

crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée.

Entrée en matière acoustique

20h30 Stuart Staples, Dan McKinna à la basse et aux claviers sont les premiers à entrer sur scène. Suivront dès le 2nd morceau David Boulter aux claviers, Earl Harvin aux percussions et le guitariste de toujours Neil Fraser. Un 6ème garçon complètera ponctuellement le groupe à la guitare sèche.

D’emblée la grande silhouette, élégante de Stuart s’avance. Chapeau sur la tête, celui-ci impose une allure à la Paddington. Il ne s’agit à aucun moment d’évoquer autre chose qu’une ressemblance vestimentaire. Le célèbre Ours Londonien étant plus âgé de 10 ans que le crooner de Nottingham et mon respect envers l’artiste étant largement supérieur à ce trait d’humour « So British » !

Le timbre de voix sensible de Stuart Staples raisonne dès le premier titre « Willow ». Le rythme est lent, les gestes précis, les yeux fermés, au mieux mi-clos, expriment la concentration, l’envoutement du chanteur.
Le son de la salle « nouvelle Vague » est parfait (merci aux ingés sons au passage). Le public est happé, silencieux, il ne quittera plus la scène des yeux.

crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée.

Subtil et plein de finesse.

Les lumières bleues qui accompagnent le second morceau sont l’ennemi juré des photographes me dira un ami. Il a raison, mes clichés sont loupés. Qu’importe, on n’est pas là pour cela et le crépitement des appareils est de trop en ce début de set à l’acoustique sourd si subtil.

Tout le monde est à sa place. Les musiciens en retenue, Stuart enchaîne les titres et nous entraine dans une danse mélancolique, le corps oscillant légèrement sur cette mer calme et tranquille. On est loin des slams farouches des surfeurs de « Nouvelle vague » habitués au son plus sauvage de la Route du Rock « Hiver ».

L’élégance est au rendez-vous et cela se respecte, le public est calme. Quelques encouragements sont scandés, mais ce qui prédomine c’est le silence sacré. Il y a bien longtemps que j’ai enlevé mes bouchons de protection. C’est une prestation sans « danger » pour nos précieuses oreilles en ce début de set.

Les titres suivants glisseront eux aussi tout seuls : « sur du velours ». On pourrait même verser quelques larmes en écoutant le titre “Trees Fall” : “And oh, trees fall with no one to hear, Tears fall into our beer And we laugh”, mais puisqu’on nous encourage à rire, alors on ne va pas gâcher la bière qui accompagne ce concert et l’innocence qui va avec.

crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée.

Sur du velours.

Ah! « Pinky in the Daylight”. L’acoustique est parfaite, il y a fort à parier que même une application de téléphone célèbre aurait reconnu ce morceau. La nature étant bien faite, les sourires des spectateurs ont été plus rapides que l’algorithme. Cette musique plait et le groupe, à ce stade du concert, est un tout magnifique. L’individualité n’est plus permise, Stuart reste le point central vers lequel les yeux des musiciens convergent, mais le rythme, le souffle, l’âme est collective.

2nde partie de set et le rythme s’accélère légèrement. Dan McKinna groove presque à la basse et complète, en retour de voix, Stuart. Earl Harvin à la batterie apporte un son plus soul.

La set list fait la part belle aux derniers albums du groupe « No treasure but hope » (2019 ), « the waiting room » (2016) mais les titres plus anciens complètent aussi la prestation. Celle-ci reflète très bien le double album compilation de leur 30 ans d’aventures : « Past Imperfect: The Best Of Tindersticks ’92-’21 » (City Slang -2022).

crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée.

Trop court (pour tout fan se respectant).

15 titres passent et voilà que Stuart, dans la langue de Shakespeare, nous annonce qu’il s’apprête à chanter le dernier !

Comment cela ? déjà ! et pourquoi le dire en anglais ?  Moi je pensais que ce résident périodique du département de la creuse allait échanger en «français» avec ces supporters d’un soir.

Excès d’élégance ou de timidité ? Cette nouvelle retenue ne gâche en rien l’impression générale de ce concert. Il nous reste à vivre encore de merveilleux moments.
Une pluie de lumière et d’émotions tombe en même temps que les notes de piano de la chanson « For The Beauty » sont rattrapées par la voix grave de Stuart. Un voyage perpétuel entre obscurité et lumière.

22h revoilà nos élégants anglais pour un dernier rappel de 3 titres. 15 minutes de bonheur supplémentaires avec ce titre « Her » sous des lumières rouges nous rappelant la robe magnifique qu’arborait la danseuse de flamenco sur le tout premier album éponyme sorti il y a 30 ans. Merveilleux ! Neil Fraser peut enfin lâcher les chevaux et faire vibrer sa guitare.

Le groupe terminera son set, une nouvelle fois, tout en bienveillance et nous encouragera à prendre soin de nos rêves « Take Care in Your dreams ». Merci aux TINDERSTICKS d’avoir suspendu le temps et de nous avoir faits voyager de 1993 à aujourd’hui.

crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée.

Une madeleine de Proust pour beaucoup d’entre nous.

Et pour moi, si j’ai osé la comparaison avec le célèbre ours, c’est que je me souviens, avec nostalgie, qu’au moment où j’écoutais les premiers albums des TINDERSTICKS, Mr Paddington (le gentil ours) aidait ma petite fille sur un logiciel à reconnaitre les instruments de musique.

Ce soir le Grand Stuart et ses musiciens, nous ont appris, en y jouant, à quoi ressemblait un Agogo bells, un triangle, un xylophone, un mélodica. Reste un mystère, quel est ce nom du petit tambour creux que Stuart frottait intérieurement ? Dis Mr Paddington tu le sais ?

Le public se questionnait encore, en repartant tout sourire, rejoindre les bras de Morphée après cette soirée magique.

crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée.

Fabrice et l’Oreille Classée

Depuis mon adolescence j’écoute de la musique. Mes gouts ont évolué au gré de mon acné mais se sont très rapidement orientés vers un Rock plutôt sombre, au premier abord, mais toujours lumineux une fois qu’on a parcouru le chemin de la mélodie. Des CURE aux SMITHS en passant par NEW ORDER, cela vous donne un indice sur mon âge et de mon terrain de jeu de prédilection. Derrière cette coquetterie, se cache une vraie passion.
Depuis toujours : j’ai l’oreille curieuse et tendance à classer les choses. Un TOC ? Non ! une exigence vis-à-vis d’un art majeur et ce d’autant quand il s’exprime en Live.
Fabrice et l’oreille classée est une page musicale que j’ai créé il y a 2 ans. A travers mes chroniques je cherche à faire connaître à un maximum de personnes cette musique, qui me remplit l’esprit et me fortifie le cœur. Je ne suis pas nostalgique d’un passé révolu mais tourné vers le moment présent, avec un œil dans le rétroviseur de temps en temps, tout de même.

Le live est un moment intemporel, il révèle (ou pas) l’artiste.

Je vis l’expérience de la scène généralement après une écoute approfondie des albums du groupe. Maîtriser son sujet, en restant d’abord dans le contrôle et se laisser ensuite balayer par l’émotion individuelle puis collective. De vrais moments de communion que j’aime ressentir et retranscrire en toute humilité dans les live report. Une petite histoire, à l’écoute des spectateurs et au service de la musique. Sérieux le garçon !
Concentré, certes, mais toujours disponible pour parler musique autour d’une bonne bière entre 2 concerts.

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Lire un autre live report de Fabrice : Laura Wild, au Barbe

 

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