ARAB STRAP, une première escale à Lorient !

arab strap

Arab Strap crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée

Suite des reports du festival Les IndisciplinEés

16 ans qu’ils n’étaient pas venus à Paris, et c’est à Lorient qu’on les retrouve, aux IndisciplinEés. En ce Vendredi 11 Novembre 2022, Arab Strap était dans la place et il fallait être là tôt : 17h30 ouverture des portes ! C’est un goûter ou une soirée au pub ?

La Bretagne, est une terre d’accueil. Elle avait déjà eu la chance de voir le duo d’écossais AIDAN MOFFAT et MALCOM MIDDLETON rejoindre les flots tranquilles de la Route du Rock à l’été 2017. Le groupe alors s’était reformé pour une tournée live, 11 ans après leurs adieux officiels de 2006. Nous n’aurions pas pu attendre encore une décennie pour les retrouver. Les revoilà donc pour cette mini-tournée en France (4 dates seulement : Lille, Paris Nantes et Lorient).

Un plaisir partagé avec 300 spectateurs venus retrouver des « anciens » copains (ils n’ont pas encore 50 ans !) autour d’une bière et d’une setlist reprenant des anciens titres et surtout les perles de leur dernier album, le remarquable « As Days Get Dark » sorti en 2021.

Passé à côté.

Les Arab strap, je suis passé à côté ! « Honte à moi !». Sans doute pris par un quotidien d’écoute saturée d’excellents groupes écossais : Franz Ferdinand, The Jesus and Mary Chain, Primal Scream. Par contre je suis resté scotché (Ecossais) à la sortie de cet album que je positionne dans les tous premiers du cru rock indépendant de 2021.

Non, pas seulement pour les R roulés du parlé-chanté d’AIDAN MOFFAT (l’accent écossais est un accent rhotique : le « r » orthographique est toujours prononcé), mais surtout par la magie qui en ressort et l’alchimie de la musique et des paroles (on peut aussi rouler le R de Google tRaduction).

Alors j’avais vraiment hâte de rejoindre la salle l’hydrophone en cette fin d’après-midi (juste après le goûter), après avoir laissé derrière moi mes meilleurs amis d’un week-end à pont, mais en compagnie de ma fille MaRie née en 1996 : date de formation des ARAB STRAP.

Arab Strap crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée

Un peu d’histoire.

Amis d’enfance Aidan et Malcolm publient un premier single intitulé « The First Big Weekend » en septembre 1996. S’en suivront 6 albums studio et 3 albums live, pour une première décennie d’existence riche de compositions mais aux « succès commerciaux » injustement absent au rendez-vous (vive l’Underground !).

En décembre 2006, après une tournée d’adieux et une compilation rétrospective, le groupe annonce sa séparation : « Après dix ans, six albums studio, trois albums live et de toutes les manières possibles, on a décidé de conclure ce chapitre. Il n’y a aucune animosité, pas de larmes, on sent qu’on a fait le tour… tout le monde aime les fins heureuses », dira Aidan au magazine canadien Exclaim! En 2007.

Alors lorsque nos 2 amis réapparaissent en 2022, 16 ans après l’album « The Last Romance », la barbe est grisonnante pour l’un, les cheveux plus discrets pour le second. Le temps qui passe avec son lot de transformations mais aussi de « bon vieillissement ». Du 26 ans d’âge !

On retrouve un style musical mêlant des éléments de post-folk et de rock, une écriture affûtée, un parlé-chanté aux envolées mélodiques oscillant entre sujet grave et turpitudes du quotidien. Le tout relevé de percussions électroniques ou avec maillets, accompagné d’un piano-synthé alternant avec les riffs de guitare et de basse. On a envie de dire « Bonne dégustation ». Après tout on est à l’heure du diner.

Arab Strap crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée

En tournée pour leur album As day get dark.

Ne nous fions pas au titre de l’album As Days Get Dark (« Alors que les jours s’assombrissent ») pour passer une soirée triste à l’heure de la soupe. Non ! même si l’introduction du concert dans une salle plongée dans le noir se fait par un titre hommage à la chanteuse du groupe Low Mimi Parker disparu une semaine auparavant, « Long Way Around The Sea », et que le premier morceau joué ce soir est le magnifique « The Turning Of Our Bones » au titre évocateur de renaissance après la mort, tout se fait en pleine lumière. Ce n’est d’ailleurs pas forcément un hasard, si c’est ce morceau qui est choisi tant il marque nos esprits du retour d’un groupe essentiel qu’il ne fallait pas enterrer trop vite.

Aidan Moffat est au centre de la scène, chemise noire et bermuda, un atèle (noire) au genou, tel un brassard de capitaine reprenant la marche des concerts. Malcom Middleton, sur la gauche de la scène se fait discret, sa feue tignasse rousse cachée sous une casquette lui donne un air de vieux lion (48 ans seulement) prêt à faire rugir sa guitare.

Les 3 autres membres du groupe assureront une setlist sérieuse et musclée, comme il se doit sur les titres « Girls Of Summer » ou « Don’t Ask Me To Dance », ou plus lente sur la « Fable Of The Urban Fox ». Le tout sous la surveillance protectrice d’un « vieux loup » de mer écossais tournant sur la scène entre une console synthé, une batterie électronique et son micro à fil qui finira par s’enrouler à force d’être manipulé.

Arab Strap crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée

Une éclipse, un retour.

Aidan quittera la scène 30 minutes après le début du concert pour une pause qu’on imagine salvatrice. Peu Loquace en français, il nous expliquera en scottish accent que les « toilettes sont loin dans cette salle ». Une spectatrice, adepte des hululements au format « sirène de pompiers » hurlera pendant cette pause « Vous avez perdu le chanteur ? Puis au retour de celui-ci « il l’a retrouvé son verre il est rassuré ». Grivoiserie à l’heure d’après soupe pendant que le chanteur des Arab Strap se servait un verre d’excellent cidre breton ! C’était sans doute La Duchesse Anne qui heureuse de la prestation du groupe encourageait le public un peu trop timide à saluer comme il se doit les musiciens.

Le concert se poursuit entre chansons généreuses – qui parlent de « compersion » : ce sentiment que l’on éprouve quand on est heureux de ressentir le plaisir chez l’autre – ou de rêverie avec notamment cette fable sur le renard urbain « The Fable of Urban Fox ». C’est beau, mais ça passe vite ! Trop vite. Il faut savoir en profiter car déjà Aidan laisse le micro à Malcom sur le titre très dansant « The First Big Weekend ». Le groupe quitte la scène et l’Ecosse nous manque déjà.

Déjà la fin.

Retour quasi immédiat pour 2 derniers morceaux dont le final « The Shy Retirer » joué à deux. Aidan et Malcom restant seuls sur scène en digne représentant de ce duo magique.

Une longue minute d’applaudissements et il faut se rendre à l’évidence le concert est terminé. Nous ne verrons plus nos amis écossais et ce d’autant plus qu’à cause de ce vilain Brexit le Merchandising est en berne ce soir. Pas de troisième mi-temps donc mais attention Messieurs avec un tel niveau de prestation moi j’en redemande ! Après tout vous n’avez pas encore 50 ans !

Arab Strap crédit photo Fabrice et l’Oreille Classée

Nous quittons Lorient à l’heure où les organisateurs font déjà le bilan de cette 17ème édition du festival. C’est une réussite, il reste 2 soirées et la jauge de 8000 entrées sera atteinte pulvérisant la précédente édition (5 500 l’an passé). Une programmation éclectique faisant la part belle aux découvertes et aux groupes plus confirmés. Un mélange de musique proposée en plusieurs lieux parfois atypiques ( chapelle ou haras), dans des conditions d’écoute très appréciables, jauges réduites et prix très attractifs.
Félicitations à l’équipe et aux nombreux bénévoles. Nous suivrons avec attention la prochaine programmation.

Fabrice et l’Oreille Classée

Depuis mon adolescence j’écoute de la musique. Mes gouts ont évolué au gré de mon acné mais se sont très rapidement orientés vers un Rock plutôt sombre, au premier abord, mais toujours lumineux une fois qu’on a parcouru le chemin de la mélodie. Des CURE aux SMITHS en passant par NEW ORDER, cela vous donne un indice sur mon âge et de mon terrain de jeu de prédilection. Derrière cette coquetterie, se cache une vraie passion.
Depuis toujours : j’ai l’oreille curieuse et tendance à classer les choses. Un TOC ? Non ! une exigence vis-à-vis d’un art majeur et ce d’autant quand il s’exprime en Live.
Fabrice et l’oreille classée est une page musicale que j’ai créé il y a 2 ans. A travers mes chroniques je cherche à faire connaître à un maximum de personnes cette musique, qui me remplit l’esprit et me fortifie le cœur. Je ne suis pas nostalgique d’un passé révolu mais tourné vers le moment présent, avec un œil dans le rétroviseur de temps en temps, tout de même.

Le live est un moment intemporel, il révèle (ou pas) l’artiste.

Je vis l’expérience de la scène généralement après une écoute approfondie des albums du groupe. Maîtriser son sujet, en restant d’abord dans le contrôle et se laisser ensuite balayer par l’émotion individuelle puis collective. De vrais moments de communion que j’aime ressentir et retranscrire en toute humilité dans les live report. Une petite histoire, à l’écoute des spectateurs et au service de la musique. Sérieux le garçon !
Concentré, certes, mais toujours disponible pour parler musique autour d’une bonne bière entre 2 concerts.

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Lire un autre live report de Fabrice : Laura Wild, au Barbe

 

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