YVES MONTMARTIN, Le livre qui vole.

le livre qui vole Yves montmartinOublier l’horreur

Paul est écrivain. Il a perdu sa fille et sa femme lors des attentats du Bataclan. Lui, il n’y était pas, il avait offert la place du concert des Eagles of Death Metal à sa fille, pour son anniversaire. Une soirée entre filles, avec sa mère, qui malheureusement, tragiquement, sera la dernière. Paul met du temps à se remettre du drame, boit plus que de raison, mais un jour, à force d’avoir tant pleuré, il revient à un semblant de vie. Pour reprendre pied, il s’installe à Keravan, un village breton, dans l’espoir d’écrire un nouveau livre. Là, entre son lieu d’habitation et Le livre qui vole, une libraire salon de thé, il fait la rencontre des habitants.

Dans ce roman, Yves Montmartin esquisse les portraits de ces habitants, des gens tout ce qu’il y a de plus normal, mais dont les vies sont comme autant de puzzle que son personnage reconstitue dans une sorte d’élan amical. Des portraits succincts mais bourrés d’amour qui donne au roman une aura positive, pleine de tendresse et de douceur.

L’horreur.

Forcément, la douleur liée aux attentats donne une teinte particulière au début du roman. Un homme dévasté par la perte de sa femme et de sa fille tente de continuer à vivre malgré l’incompréhension de ce crime horrible. Yves Montmartin pourtant passe très vite sur celui-ci, se contente de quelques mots, emplis de pudeur, pour évoquer l’indicible. La douleur réside dans quelques mots, le regret de n’avoir pas pu être sur place pour protéger celles qu’il aime également. Mais plus que d’écrire un roman sur l’apitoiement d’un homme, Yves Montmartin nous parle de sa capacité à revenir à la vie, là où, peut-être, il aurait pu ne rien se passer.

Mais la vie est ainsi faite. En quittant Paris pour s’installer en Bretagne, dans un petite location, au début pour un trimestre, Paul s’implantera dans le décor. Il y fera la rencontre d’Alice, qui tient Le livre qui vole, une librairie salon de thé. Elle lui racontera son histoire, tout comme Clémence, institutrice qui reprendra la direction de cette librairie. Et, en autant de petits chapitres qu’il n’en faut pour le dire, il dresse le portrait de chaque habitant avec qui l’écrivain à fait connaissance.

La forme.

Chaque chapitre commence par un prénom, et par une citation de livre. Suite à ce prénom évoqué, Yves Montmartin écrit une mini-biographie revenant sur certains aspects de cette vie. Qui était ses parents, que faisait-elle dans la vie, quels sont les événements majeurs qui l’ont jalonné ? Il entre ainsi dans l’intimité de chaque personnage, avec ses petits drames et ses grandes joies, et termine le chapitre sur un autre prénom, qui donnera la tonalité du chapitre suivant.

Cet entrainement d’un prénom à l’autre forme comme une grande boucle car, au terme de celle-ci, nous en revenons au point de départ, c’est-à-dire en gros au moment où Paul s’installe à Keravan. Le rythme est donc assez particulier, vif, très souvent empli d’une tendresse incroyable, d’une forme de gentillesse également, de celle qui redonne confiance en l’humanité. Ce n’est pas rien notamment lorsque nous savons que cet homme a perdu ses proches à cause de l’inhumanité de certains fanatiques religieux.

La plume.

La grande qualité de la plume de l’auteur réside en partie dans le fait qu’elle ne soit pas démonstrative. En revanche, elle s’arrête sur une infinité de détails très pertinents qui permettent de s’approcher au plus près de la vérité de chaque protagoniste de cette histoire délicate. Très descriptive, la patte d’Yves Montmartin n’est pourtant jamais pesante. Elle est au contraire aérienne, solaire, permet de dessiner le meilleur de chaque être qui peuple ce roman.

Il aurait pu choisir de parler d’hommes et de femmes extraordinaires, mais il s’arrête sur des « petites gens », aux vies on ne peut plus banales, ce qui les rend finalement si attachantes et extraordinaires. En peu de mot (les chapitres sont relativement brefs, une dizaine de pages par prénom), il expose des parcours de vie très particuliers, comme le sont finalement tous nos parcours, ce qui tend à rendre l’ensemble universel.

Il y a de l’amour dans ses descriptions, un profond respect pour chaque personnage et nous sentons que l’auteur a mûrement travaillé leur portrait pour les rendre les plus crédibles et solides possible. Avec leurs vécus, chacun d’entre eux permet à Paul de se réapproprier le sien, à retrouver fois en l’autre, mais non pas une foi religieuse, simplement une foi basée sur le partage, la fraternité, dans tout ce qu’elle a de plus noble.

Un grand livre.

Ce petit livre est un grand livre dans ce qu’il véhicule de positif. Il est l’antithèse de tout ce que l’on veut bien nous faire avaler comme couleuvre dans les médias, notamment sur le vivre ensemble. Le livre qui vole n’est pas naïf, pas plus qu’il n’est cucul. Il est au contraire une photographie de ce qui nous unit à notre prochain, que nous le connaissions ou pas encore. C’est un livre humaniste qui n’a pas la prétention de l’être. La pudeur d’Yves Montmartin est donc plus que touchante, et ses personnages représentent un peu toutes ces connaissances qui font notre tissu social, amicale, amoureux aussi, pourquoi pas.

C’est donc un excellente surprise que ce roman feel good qui ne manquera pas d’émouvoir tout le monde et de le porter à la conquête d’un monde meilleur.

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