[ ROMAN ] GUY TORRENS, Les saisons de l’après.

Les saisons de l’après par Guy Torrens, aux Éditions Publibook.

Ce roman, Les saisons de l’après de Guy Torrens, a reçu le a reçu le prix Coup de cœur du jury du Roman gay 2014, ce qui nous semble largement mérité. Cette histoire, entre drame historique, voyage initiatique, critique d’une société et histoire d’amour est un livre émouvant, du début à la fin.

L’histoire.

2 bombes. L’une sur Nagasaki. L’autre sur Hiroshima. Deux femmes courent pour échapper au feu et aux cendres. Chacune d’entre elle a une fille. Keiko et Moeko. Elles deviennent, dans une cave, pour laisser passer la vague du souffle des explosions charriant les radiations qui tueront leur mère et les affligeront de leucémie, plus que deux sœurs. Elles veulent avoir un bébé, un garçon, chacune. Alors, elles s’entichent d’hommes qui cherchent des femmes, mais pas d’histoire. Enceintes, elles sont plaquées. Ça leur va très bien comme ça. 9 mois plus tard, elles accouchent, le même jour. Elles ont chacune un garçon. Kenji et Yukio, tout de suite orphelins, car leurs mères succombent en donnant la vie. Les deux bébés grandiront, deviendront amants, jusqu’au décès de Yukio.

Le narrateur tentera de retrouver Kenji, son histoire, paru dans un journal, l’a ému. Il est perdu et ce voyage, au Japon, sera pour lui l’occasion de.. Il ne le sait pas encore. D’ailleurs, il ne donne jamais son nom, jamais son vrai nom. Il se surnomme l’autiste urbain. Durant ce voyage, entre le Japon et Marseille donc, il rencontrera un vieux professeur, un flic, une barmaid, un vieux collectionneur de poupée et surtout lui-même.

Poids de la société, punk, et amour.

Ce roman, sorte de road trip sur fond d’enquête pour retrouver Kenji, brasse plusieurs thèmes, dont celui, récurrent dans la littérature , de l’amour. Mais ici, il s’agit plus de la dimension symbolique de l’amour que de sexe, ou que de couple. Il s’agit de ce sentiment d’être bien, en phase avec soi, avec ce qui nous entoure, avec ce qui se présente à nous. Il y a l’histoire d’amour forte, entre les deux survivants de l’apocalypse, Kenji et Yukio, dont l’amour est lié par un fil invisible mais qui les relie l’un à l’autre, contre vents et marées.

Il y a l’amour de ce vieil homme pour la mer. Celui de cette barmaid pour la musique de Yukio (et pour la personne qui la compose, mais de cet amour que l’on nomme amitié véritable). Et puis, il y a la rupture, la mort de Yukio, qui ébranle les certitudes de tout le monde mais qui, comme par une étrange magie surnaturelle, rendra dix fois plus qu’elle ne brisera.

Mais Les saisons de l’après dresse aussi un portrait d’un Japon figé dans sa rigueur, peu enclin a tolérer l’homosexualité masculine (il est très peu question d’homosexualité féminine). Ce flic marié de force à une femme et qui doit quitter l’amour de sa vie, son amant depuis de longs mois. Ce professeur, homo refoulé, qui, faute de ne pouvoir profiter du corps de Kenji, le corrigera plus d’une fois. Ce portrait sans cynisme, mais avec une acuité pleine de sensibilité, nous dépeint le poids de nos sociétés dites modernes, tolérantes.

Une quête de soi.

Les saisons de l’après est une véritable quête de soi. Non seulement celle de Kenji qui se remet du drame de son amant et que nous suivons par le biais de l’enquête du narrateur, mais également celle de ce flic qui aura toujours tout accepté par poids d’une culpabilité générée par la société. Quête de soi, également, pour ce narrateur anti-héros, un être mal dans sa peau, mal dans sa vie, qui se lance, sans véritablement savoir pourquoi, dans cette recherche effrénée de la moitié du couple restant. Chaque rencontre le guidera un peu plus vers ses réponses, vers sa vérité intime.

L’écriture de Guy Torrens est ici subtile, sensible, lumineuse, quoi que relativement mélancolique, aiguisée, surnaturelle, poétique, emplie de sagesse, de tolérance. En 20 pages à peine, nous savons que nous tenons un roman qui nous tiendra en haleine. Parce que tout y est exposé sans faux-semblant, avec un sens du détail qui fait mouche, avec des univers contrastés mais jamais manichéens. Ce roman, avec une couverture que nous apprécions tout particulièrement, est un concentré jubilatoire d’émotions. Car ce livre nous a émus, comme rarement livres le font. Nous aussi, nous sommes tombés amoureux de Kenji, de sa vie, de sa philosophie, et ce n’est pas rien puisque cela nous prouve qu’un livre, quel qu’il soit, possède de sacrés pouvoirs magiques.

les saisons de l'après Guy Torrens

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