[ NOUVELLES ] GUY TORRENS, La tectonique des planques.
Recueil de nouvelles La tectonique des planques de Guy Torrens (aux Éditions du désir).
La nouvelle Bourbon Jack, que vous avez pu découvrir il y a quelques jours et dont le lien vous y conduisant se situe en bas de page), est tirée de La tectonique des planques de notre auteur du mois Guy Torrens. Cela devrait vous donner un ordre d’idées sur ce que contient ce recueil à la cohésion forte dont certains thèmes se dégagent avec netteté.
Amour, révolution, et surnaturel.
En effet, ces trois thèmes semblent ressortir de La tectonique des planques. Amour. Souvent homosexuel, mais pas que. L’amour est un thème central de la littérature, et nous savons tous pourquoi. Si vous ne le savez pas, c’est parce que l’amour rend tout plus beau, ou plus laid, mais toujours met en relief les émotions d’un être humain, d’un auteur ou d’une autrice qui cherche à exprimer ses ressentis. Comme pour mieux permettre à tout le monde de comprendre les siens.
Bref, ici, il est question d’amour. D’amour physique ou d’amitié solidement forgé dans le cœur de personnes qui, souvent, sont aux antipodes l’une de l’autre. Un jeune migrant Sri Lankais et un riche propriétaire Italien. Un jeune français et un combattant révolutionnaire du Nicaragua. Un canicroc (croisement entre un chien et un crocodile) et une femme difforme. Les situations sont diverses, mais toutes sont liées à deux êtres humains souvent brisés, à bout de souffle, terrassés dans leur humanité par un passé qui ne cesse de les hanter.
La beauté de l’âme.
Souvent, il est question de révolution. Au sens premier parfois, de genre de celle que l’on mène pour éradiquer un état totalitaire ou fortement injuste, mais également de révolution sur soi-même. Les différents personnages principaux sont souvent au bout d’un cycle, attendent de reprendre leur souffle pour en entamer un nouveau. Mais, égarés dans leur propre vie, il leur faut un signe du destin pour se mettre en marche. Dans La tectonique des planques, ce signe est une rencontre, forte, parfois irréelle qui permettra à chaque être, à chaque narrateur, de faire le tour de sa question intime. Des fois, ils repartent sans réponses, des fois avec, tout dépend de ce que vous mettez de vous dans chacune des nouvelles du recueil.
L’une des particularités de Guy Torrens et qu’il insuffle une légère dose de surnaturel dans ses histoires. Non, pas à la Stephen King ou autres, mais un soupçon d’inexplicable plane toujours sur son écriture, combien même il n’est pas présent « physiquement » que nous y sentons comme une réminiscence. Ici un chat qui demande à un guitariste de dépouiller son jeu, là un socle vide prêt à recevoir l’âme damnée d’un homosexuel refoulé, fasciste qui plus est. Toujours, il y a cette note vaguement angoissante qui rôde, comme une ombre que projetterait notre psyché en quête d’explications irrationnelles à des faits pourtant rationnels (ou inversement). Parce que les fêlures de chaque narrateur, si elles ne sont pas forcément nôtres, mettent en exergue certaines de nos interrogations.
Une fragilité pleine de force.
Ce qui ressort au final de ce recueil, c’est cette fragilité pleine de force de chaque protagoniste. Nous sentons sous la plume de Guy Torrens un amour pour ces êtes imaginaires plus vrais que nature, dont les errances n’ont pour seul but que de trouver une fin. La sensibilité de l’auteur transparaît dans chaque «conte » de La tectonique des planques, une sensibilité d’écorché vif plein de pudeur et presque même de retenue.
Il ne suffit pas de gueuler pour se faire entendre. Il peut parfois suffire de murmurer à la bonne oreille pour ce faire. Chose que réussit, avec une écriture à la fois raffinée et brute, Guy Torrens. Parce que son écriture peut être tout à la fois douce et rugueuse, poli et (presque) vulgaire, poétique et crue. Les décalages sont là, exposent des sentiments contrastés de personnages haut en couleur mais toujours d’une humanité déconcertante. Tout cela pour nous conduire dans un pays des merveilles qui n’est autre que notre propre vie. Et ça, ce n’est pas rien, croyez-nous sur parole !
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