FLORENT LUCÉA « La cérémonie » première partie

florent lucéa luxis luceartistDécouvrez le premier extrait de la nouvelle La Cérémonie de notre auteur du mois Florent Lucéa.

Alizée Vagamanga est âgée de trente-cinq ans. Elle est grande, élancée, musclée, et promise à un avenir radieux.
En ce matin du 25 décembre 2981, elle se lève d’un bond. Elle saute dans sa tenue, caresse son chat cybernétique, et se sustente de céréales violettes.

Elle a des milliers de choses à faire avant la cérémonie du souvenir, programmée ce soir, au moment où l’astre ardent déclinera à l’horizon. Cette importante célébration est l’apogée des festivités de l’année. Noël, et la Saint-Sylvestre passent au second plan.
Tous les habitants de Francemagne y sont conviés, ainsi que des concitoyens de fiefs plus éloignés. Bordevigne est la capitale de ce pays où la quiétude règne. Les immeubles de cette cité tutoient les nuages et s’imbriquent comme un véritable puzzle géant.
Ils défient les lois physiques les plus élémentaires. Les architectes se sont affranchis des règles antérieures. Des anneaux de lumière scintillent autour des bâtiments pour les protéger des tremblements de terre, des tornades et autres cyclones qui ponctuent la vie des Bordevignois.

Si la gravité n’est plus un problème, les phénomènes climatiques sont aléatoires. Même si ce royaume est sous cloche, la nature reste la seule maîtresse, et tente d’imposer sa domination, comme si elle voulait punir les gens des crimes perpétrés jadis. Heureusement, les scientifiques conjuguent leur talent pour créer des boucliers et des machines capables de canaliser la puissance des vents.

Des rails circulent entre les gratte-ciel, empruntent des tunnels transparents en suspension dans les airs et supportent des métros en verres colorés, ou des trains soniques qui filent à une vitesse irréelle. Les passagers ne ressentent aucun mouvement et ont l’impression d’être dans leur canapé devant un bon film sur leur télévision à hologrammes.

La magnifique demoiselle sort de sa maison de gré rose, irréductible bâtisse au milieu d’une forêt de béton, de quartz et d’acier. De vrais chênes agrémentent le jardin, un potager, des petites cages à poules et à lapins aux teintes improbables. Sur le bord des voies routières, des plantes, épineuses, et imposantes accueillent des oiseaux poilus qui chantent durant toute la journée.

Alizée a coiffé ses longs cheveux bruns en un chignon structuré pour éblouir l’autre sexe. Les gens, qui la croisent, la trouvent divine. Elle est ce que l’on fait de mieux en matière d’être évolué et pensant.

Ses talons de cristal battent le pavé avec une musique caractéristique. Les rues sont recouvertes de dalles réfléchissantes si bien que les badauds et les véhicules lévitant s’y reflètent.

Ce texte est publié avec l’aimable autorisation de Florent Lucéa.
© Florent Lucéa – tous droits réservés, reproduction interdite.

Retrouvez le portrait de présentation de Florent Lucéa ICI 

Suivre notre auteur du mois sur fb, twitter, instatgram

 

Ajoutez un commentaire