ALYS H.WOOD Ventena

Ventena, c’est une histoire de famille, une histoire de femme, une histoire de la vie, de la mer, d’un territoire. Tout se déroule dans le bassin d’Arcachon, suite au décès d’Éric Tréville, constructeur naval. Sa veuve, Laura, hérite de son défunt époux, son aîné de 25 ans, et découvre avec stupeur les secrets de celui-ci.

Ce roman d’Alys H.Wood paru chez La p’tite Hélène Éditions nous emmène en Aquitaine pour y suivre la vie de Laura, artiste peintre ayant vécu 25 ans d’une idylle « captive » auprès d’un mari particulièrement égoïste (ce commentaire ne regarde que nous). Nous y suivons son deuil, sa reprise de contact avec sa vie d’artiste mais également les liens qui se renouent avec son père et sa sœur.

Si le cadre est idéalement dépeint par Alys H.wood dans de magnifiques descriptions (qui nous amènent à penser que le fait que son héroïne soit peintre n’est pas fruit du hasard), résultantes d’un amour certain pour cette région où il fait bon vivre, les relations humaines qu’elle traduit sont moins idéales.

Il est ici question d’une forme de manipulation, de dissimulation, d’un mari à sa femme. La plume de l’auteure fait s’écrouler petit à petit ce château de cartes en y imbriquant également les tourments d’une sœur quant à sa vie de couple, l’histoire d’un fils délaissé, d’amours de jeunesse également. Le tout est habilement agencé, nous maintient captifs par une série de flash-back joliment maîtrisés (et pour le coup pas du tout téléphonés). Seuls quelques dialogues, à une ou deux reprises, nous semblent un peu faible, sans que nous ne sachions réellement à quoi cela est dû, mais ils sont peu nombreux et n’entravent en rien la lecture du roman.

La psychologie des personnages est fouillée, tout comme peuvent l’être les descriptions du bassin d’Arcachon et celles des chantiers navals. Il n’y a pas de place pour la moindre imperfection (tout comme le caractère de l’Héroïne peut en être l’image) et tout s’avère particulièrement crédible, avec cependant un léger bémol quant aux rencontres fortuites entre un certain triangle de personnages dont nous ne pouvons pas vous révéler les mécanismes sous peine de gâcher la surprise.

L’histoire se déroulant en 1993, nous redécouvrons avec nostalgie des éléments du quotidien de cette époque (les cabines téléphoniques notamment, la « Poire » de Cécile) ce qui déclenche en nous une forme d’attachement particulier, de ceux que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Cela ne fait que renforcer la proximité avec les personnages de Ventena, avec leur histoire.

Pour autant, les moins de vingt ans ne se trouveront pas face à un roman sentant la naphtaline car il est fortement ancré dans certains combats sociaux menés ces dernières années, même s’ils ne sont pas développés à 100% (ce qui sera peut-être ? sans doute ? Le cas dans la suite de Ventena promise par Alys H.Wood dont nous vous invitons à (re)découvrir l’interview ICI).

Ventena nous a procurés de belles sensations de lecture, a créé un lien invisible vers cette région de France et vers des personnages auxquels il s’avère difficile de ne pas s’identifier. La plume de l’auteure virevolte, légère, précise, mais aussi parfois inquisitrice, ce qui nous laisse augurer d’une suite dans la même veine. Il nous faudra juste patienter un peu.

Ce qui nous est d’une intolérable, mais délicieuse, cruauté.

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