BENOÎT PEETERS, 3 minutes pour comprendre…

3 minutes pour comprendre 50 moments-clés de l'histoire de la bande dessinée Benoît Peeters

… 50 moments-clés de l’histoire de la bande dessinée (éditions Le courrier du livre).

Le 9é art a gagné ses lettres de noblesses de longue guerre. En effet, depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui, la bande dessinée a longtemps été considérée comme le parent pauvre de la littérature. Souvent connotée comme destinée à un public enfant, les dessinateurs/illustrateurs et scénaristes de BD, à force d’inventivité, ont propulsé cet art dans tous les foyers, réussissant aussi à inclure les femmes dans leur univers (en tant qu’ autrices/illustratrices/dessinatrice, mais aussi en tant que lectrices). Benoît Peeters nous retrace l’histoire de la BD en 7 grands chapitres bourrés d’informations, essentielles.

Benoît Peeters est critique et auteur de bande dessinée. Il est aussi, et avant tout, un passionné qui partage avec nous son savoir et son amour des phylactères (les bulles représentant les paroles d’un personnage) et des comic strip. S’il a publié des essais sur Hergé, Rodolphe Töpffer et d’autres, il balaye l’histoire de la bd d’une manière jubilatoire, en s’adressant aux novices (mais pas que) sans les prendre pour des idiots. Explicatif mais loin d’être inaccessible, il fait de ces 3 minutes pour comprendre 50 moments-clés de l’histoire de la bande dessinée un ouvrage simplement nécessaire pour comprendre l’essence et les enjeux de la bd.

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La forme.

Des fois, des schémas valent mieux que de longs discours (dont acte). Nous pouvons néanmoins rapidement dire que chacun des 7 chapitres se présente de la manière suivante. Un portrait d’un auteur de BD ou d’un genre (Alan Moore, Osamu Tezuka, Chris Ware, Hergé, Gosciny, Winsor McCay, Rodolphe Töpffer) sur une double page, puis différents sous chapitres revenant sur un auteur le plus souvent, ou sur une œuvre.

exemple double page auteur

exemple double page auteur

Sur ces pages, en bandeaux latéraux, vous retrouvez un condensé en 3 secondes, une réflexion en 30 secondes à gauche, une biographie en 3 secondes, et un texte en 30 secondes à droite (plus que de texte, il s’agit avant tout de citations). En pleine page vous trouvez un développement en 3 minutes, très bien équilibré et, aussi étonnant que cela puisse paraître, relativement exhaustif pour bien comprendre de quoi il retourne.

Tout ceci se passant sur la page paire (autrement dit celle de gauche). Sur la page de droite, un extrait de bd pour illustrer le tout. La qualité d’impression et celle du papier sont de très bonne qualité, certains extrait étant simplement stupéfiant par leur rareté, faisant de cette mini encyclopédie, n’ayant aucune prétention d’être exhaustive comme le souligne l’auteur, un beau livre à garder précieusement près de soi.

exemple double page « développement »

Outre ce développement, chaque chapitre s’ouvre sur un glossaire, pas forcément inutile. En début de livre, une introduction nous explique le pourquoi du livre. On y découvre donc le ton de l’auteur, vif, léger, aisément accessible puisqu’il vulgarise son art avec passion, avec pour but de partager et non de s’adresser à des connaisseurs purs et durs de l’histoire de la bd (peut-être ceux-ci s’ennuieront-ils un peu… On ne sait pas).

Le fond.

7 grands chapitres rythment le livre : Les précurseurs, L’âge d’or américain, La BD Belge, Vers l’âge adulte, Le monde des mangas, L’ascension du roman graphique et La bande dessinée d’aujourd’hui (plus les annexes). Chacun d’entre eux nous délivre une somme d’informations digeste. Les différents exercices en 30 secondes ou 3 secondes rendent la lecture ultra dynamique, et servent à merveille les développements en 3 minutes. Chaque sous chapitre suit une certaine chronologie, donc nous évitons le grand écart entre bd contemporaine et bd classique (nous suivons donc le courant sans avoir à nous resituer dans le temps).

Avec acuité, l’auteur nous parle de Grandes Pièces de cet art en constante croissance. Défilent au travers des Chapitres Hergé (Tintin), René Gosciny (Astérix, le journal Pilote), Gotlib (Rubrique-à-brac), Zep (Titeuf), Riad Satouf (L’arabe du futur), Katsuhiro Ôtomo (Akira), Art Spiegelman (Maus), Franquin (Spirou, Gaston Lagaffe), Rodolphe Toffer (l’inventeur de la bd), Charles Schultz (Peanuts), Marjane Satrapi (Persepolis), Claire Bretécher (Les frustrés) et encore plein d’autres.

Chacun et chacune ont, à leur manière, apporté de la diversité à cette littérature qui ne se prive rien, qui déjoue sans cesse ses propres codes, en imposant leur patte artistique, leur vécu, en franchissant les frontières entre roman et livre d’images (les fameux romans graphiques). Comme un ado dont la voix mue, la bande dessinée est encore en pleine croissance, remettant sans cesse en question les dogmes imposés.

Richesse.

Ce que nous retenons de ce livre, c’est avant tout que les auteurs et autrices de bd sont des artistes complets, autant doué pour l’écriture que pour le dessin. Nous retenons, dans le même ordre d’idée, que ces fameux dessins (ou illustrations), ont eux-mêmes leur propre langage. La bande dessinée réveille les sens, qu’ils soient visuels, évidemment, mais aussi olfactifs ou sonores. Pourquoi ? Par l’utilisation de traits représentatifs (ce ressort, placé au-dessus de la tête d’un personnage, pour indiquer qu’il est étourdi par exemple ou s’il renifle une odeur particulière), d’onomatopées qui permettent, d’un coup d’oeil, de savoir si un personnage entend bruit de vitre qui se casse, un chute. On perçoit également, avec un paf, plus ou moins gros, s’il reçoit une gifle ou un coup de poing en plein visage.

Nous découvrons aussi des grands noms de cet art multiple, cette envie d’indépendance qui permet à chacun de s’exprimer de la façon la plus libre qui soit. Enfin, nous avons confirmation que peu importe la manière de procéder, qu’il s’agisse d’une bande comportant 3 cases ou d’un roman graphique comportant 200 pages, chaque élément raconte déjà sa petite histoire. Le poids des détails n’est jamais anodin, qu’il s’agisse du trait, du lettrage, ou du contenu du texte. Tout cela servant au lecteur une immersion la plus totale dans un univers captivant, qui se lit et se relit, de l’enfance jusqu’à la fin de l’enfance, vers 90 ans ou un truc comme ça.

Passionnant de bout en bout, ces 3 minutes pour comprendre 50 moments-clés de l’histoire de la bande dessinée est donc une excellente façon de rattraper deux siècles d’histoire de la bande dessinée en s’amusant. Comme quoi, pour bien apprendre, il suffit juste quelques bulles et d’explications bien senties.

NOTA : vous pouvez retrouver d’autres ouvrages dans cette collection 3 minutes pour comprendre…allant de la philosophie au jazz, en passant par l’astronomie ou bien encore le whisky. A découvrir sur le site de l’éditeur

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