FISHTALK, ALT # 46

Fishtalk, #46Nouveau single disponible sur ALT-DSL

Fishtalk, que nous avions découvert avec son premier EP Shutdown paru début 2021, se rappelle à notre souvenir avec un nouveau single, disponible aujourd’hui même (en soirée) sur la plateforme numérique ALT-DSL à qui l’on doit l’émergence d’une certaine scène rouennaise (allant de We hate you please die à MNNQNS, il y a pire comme CV). Le groupe présente donc Alt # 46 comportant 2 titres viscéraux, nommés respectivement Men are dead et Statues, tout deux enregistré au studio 106 (Rouen).

Nous y retrouvons toute la singularité du combo, restituant, par un choix de production taillé à la serpe, l’aspect d’une prestation live. Pour autant, le groupe ne perd pas ses aspects planants, nous rapprochant d’un post rock contemplatif, tout comme il ne perd jamais son mordant et sa nervosité. Les mélodies nous attrapent par le col et nous plaquent au sol sans autre forme de procès. Il existe, dans ces deux titres, une forme d’évidence. La beauté peut surgir de partout, vous submerger, tout comme vous faire prendre conscience de votre propre insignifiance.

Partant de ce postulat, tout est possible. Vous pouvez soit vous résigner, soit vous rebeller. Quoi qu’il en soit, rien n’empêche vos sentiments de bouillonner ni votre personnalité de s’exprimer telle qu’elle est, en vous fichant bien des regards courroucés qui ne manquent jamais de vous égratigner. Ainsi, nous sentons dans ces deux titres une force venant du sol et s’élevant vers le ciel, comme un éclair électrique ascendant qui nous propulserait un peu plus près des étoiles.

Un très grand groupe !

Les guitares louvoient entre aspects presque dreampop et mur du son dont jamais nous ne percevons le sommet. Les rythmiques semblent se jouer de nous comme le groupe semble se jouer des codes et proposer une musique qui ne ressemble qu’à lui. La voix, entre chanté et parlé, procure son lot de frissons, ajoute une théâtralité contenue et fébrile dont nous sentons tout l’impact, directement dans les intestins. Le côté viscéral de cette musique, de ces mélodies, de cette voix n’est pas à démontrer, il se ressent avec l’intensité du désespoir (ou de l’espoir, celui qui existe tant qu’il y a de la vie).

Ici, rien n’est terne, plombant, mais au contraire lumineux. Certes, cette lumière peut paraître infime, un petit point dans les ténèbres, mais cette étoile du berger infinitésimale permet malgré tout de guider nos pas vers une porte de sortie salutaire. Nos émotions sont mises à contribution, nos perceptions également. Le traitement sur la batterie de Men are Dead, prolongé sur les guitares et parfois aussi sur la voix, sorte de son crunchy un peu sale, permet à notre fil sensible de vibrer d’un éclat inédit. Les changements rythmiques ajoutent à la dramaturgie et l’explosion finale, allant crescendo nous mettent simplement à genoux, nous terrassent, comme pour mieux, avec Statues, nous réconforter.

Ce deuxième morceau s’avère, presque, plus pop. Le son se mue en une forme de shoegaze aérien, ou liquide. L’aspect planant s’impose par un petit effet répétitif et une base rythmique mi tempo des plus plaisante. Les effets et nappes de claviers s’orientent là aussi dans un mouvement ascendant, comme pour nous rapprocher des nuages. Le son, moins crunchy, lorgne plus des standards dreampop, mais avec néanmoins une véritable personnalité faisant que, décidément, ce groupe ne ressemble à aucun autre. On pense étrangement à Archive, ou à Full Moon Little House (sur un titre comme Gaïa).

Là aussi, les arrangements sont subtilement aménagés, prouvant que rien de tout ceci n’est dû au hasard. La densité émotionnelle ne retombe jamais, en partie grâce à cette voix véhiculant une force emplie de douceur, de spleen mais également de ce caractère rayonnant qui fait la différence. Bref, ces deux titres nous retournent la tête, et c’est là toute la preuve que Fishtalk a tout d’un (très) grand groupe !

Patrick Béguinel

 

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