[EP] FISHTALK, Shutdown // nerveusement aérien.

Shutdown, premier EP de Fishtalk, disponible le 14/01 (Petite biche records).

L’année redémarre de la plus belle des manières. Malgré la sinistrose ambiante, des groupes parviennent à sortir des premiers efforts incroyables de maturité. C’est le cas de ce Shutdown, premier EP de Fishtalk qui nous séduit dès les premières notes qui heurtent doucement nos tympans.

Celles-ci semblent suspendues au-dessus du vide. Détachées les unes des autres sur l’entame du premier titre Limp, elles sont dispersées dans un grain qui leur donne une présence folle. Ce premier côté, aérien, porté par un vent sépia, se trouve vite complété par une rythmique plus nerveuse, tandis que la voix se fait caressante. En alternant les passages où les blancs sont expressifs et très présents à des parties plus charnelles, le quatuor normand (mais installé à Paris), se veut aussi atmosphérique que nerveux, terrien.

Des qualités de composition et de production affirmées.

Nous ne savons pas pourquoi, mais quelque chose nous dit que la patte Fishtalk pourrait bien être de celles que nous reconnaissons d’instinct. Tout repose sur une électricité vaporeuse, une présence sensuelle, pleine d’une douceur ouatée, rassurante. Si une légère nostalgie flirte avec les contours de la musique du groupe, elle ne la plombe pas du tout. Pour nous, Shutdown porte une sorte de sentiment épique gorgé d’espoir, un élément réjouissant qui s’extrait par la grâce de compositions à la fois classiques et progressives.

Si la batterie sur Limp s’avère très inventive, osant presque le copinage avec le math rock, la fluidité du titre apparaît presque pop. Le plus impactant Sinusoïd (le plus doucement violent) porte bien son nom, en évoquant des monts et vallées à l’émotion férocement palpable. Là aussi, la rythmique s’avère un des points forts du titre. Les sonorités de claviers sont typées, porte l’empreinte du groupe, car toujours baignée dans cette atmosphère étrangement cotonneuse. La voix, sur ce titre comme sur les 4 de l’EP fait des merveilles, en anglais.

Les guitares peuvent se permettre de rivaliser avec les autres instruments en tissant des motifs cérébraux qui n’oublient jamais de caresser celui qui écoute dans le sens du poil. C’est-à-dire qu’elles possèdent une fluidité telle que la virtuosité technique ne se trouve pas à la fois écrasante et vide d’âme. Le tour est admirablement joué, sachant rester pop et exigeant dans son expression.

Une âme et un corps d’esthète.

Le tout repose sur une production aux petits oignons, chaude, dégageant un parfum romantique certain. Bref, nous ne pouvons que constater l’excellence qui règne de bout en bout. Le très beau Hummingbirds nous donne presque envie de pleurer, tandis que Générique boucle la boucle comme elle a commencé, de façon superbement épurée.

Si vous voulez notre avis (mais vous le voulez, sinon pourquoi nous liriez-vous?), Fishtalk possède tous les ingrédients pour devenir un futur grand groupe, de ceux qui savent être à la fois séducteurs et pointus musicalement, exigeant dans ses intentions et facile à l’écoute (et nous pouvons vous assurer que cela n’est pas donné à tout le monde). Les Normands nous font forte impression et nous espérons de tout cœur que ce premier EP sera suivi d’autres disques du même acabit.

Enfin notons tout de même que si elles sont noyées dans les différentes compositions, les références du groupe démontrent déjà toute son intelligence, puisqu’il cite pêle-mêle Blonde Redhead, PJ Harvey, Slowdive, Cocteau Twins et Talk Talk, preuve d’un bon goût indéniable !

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