[ DOSSIER ] PI1 SHODOUKAN, Odyssey, the evolution, disque 1
Nous bouclons (presque) notre dossier spécial consacré à PI1 shodoukan, Odyssey, The evolution
Il est temps de finir ce dossier spécial consacré à PI1 Shodoukan et à son évolution. Étrangement, nous terminons les chroniques des disques de cette odyssée par le premier paru (répondant au nom complet de Odyssey, the evolution of Pi1 shodoukan), le disque mère, celui d’où tout est parti. Il ne nous restera plus qu’à vous dévoiler l’interview du duo et nous pourrons refermer ce dossier l’esprit tranquille, sachant d’autant plus que deux disques nous permettront de revenir sur le travail de PI1.
Odyssey, The evolution of Pi1 Shodoukan.
Tel un saumon frayant dans les eaux tumultueuses d’un torrent, nous remontons le fil du temps pour nous plonger, tête baissée, dans le disque d’où tout est parti. Pourquoi revenir vers le général alors que nous sommes déjà passé par le détail ? Effectivement, ce cheminement n’a rien de logique. Néanmoins, il nous démontre tout de même deux choses. La première, c’est que la matière « ramassée » de ce premier opus est à la fois radicalement différente de ses suites, même si elle reste trempée dans le même bain d’influences. Celles-ci courent, faut-il le répéter, de Pink Floyd à Meshuggah passant par le space rock progressif en vogue dans les années 70. La deuxième chose c’est que le terreau fertile du duo toulousain ne nous laisse pas présager une fin imminente, et c’est tant mieux !
Dans ce premier opus du concept Odyssey, the evolution…, les idées sont foisonnantes, regroupées en 5 titres distincts. Chaque titre donnera, doit-on le redire, 5 albums développant l’idée inhérente à chaque mot (Question, Reflection, Doubt, Experience et Acceptation). Il faut donc voir l’album et ses 5 titres comme un lot d’idées à isoler les unes des autres pour ainsi pouvoir créer un disque plus aéré (cas déjà avéré pour Question, reflection et Doubt).
Car en effet, sur ce disque « fourre-tout » (qui n’est pas péjoratif tant musicalement ça tient joliment le pavé), les idées se bousculent au portillon, allant parfois même jusqu’à se superposer les unes aux autres. Le résultat pourrait virer à la cacophonie, heureusement il n’en est rien. Le duo maîtrise sa bête, et c’est tant mieux.
Des samples, des détournements.
Plus que sur les 3 disques déjà chroniqués en ces pages, Odyssey, The evolution utilise des samples « identifiables », comme Hey you des Floyd, ou Bonobo, et d’autres dont on ne parvient plus à remettre le nom dessus. Mixés dans les titres, ils apparaissent sous un nouveau jour, parfois inquiétant ou angoissant (Hey you) ou plus aérien (le prélude de l’album Black sand de Bonobo). Quoi qu’il en soit, il n’y a aucunement vol puisque les titres servent à un dessein tout autre, illustrent une émotion, un état. La musique classique est également de la partie (principalement au piano et par touches très légères), ou du moins une certaine idée que l’on se fait d’elle. On se demande alors si l’évolution de PI1 n’est-elle pas également celle de la musique, depuis ses balbutiements troglodytes jusqu’à aujourd’hui ?
Pour le reste, nous retrouvons la patte PI1 shodoukan, avec des extraits de discours dont la pertinence nous hérisse le poil. Posé sur la musique, véhiculant une pensée très forte (chaque suicidé est un Christ, chaque baignoire un Graal… Mais qui a dit ça?) et décuple le pouvoir seul de la musique. Nous nous retrouvons alors, sans l’avoir prémédité (même si nous retournons vers l’album dès que le temps nous le permet), en plein voyage introspectif, réveillant chacun des piliers de l’Odyssey. Les questions et les doutes affleurent, la réflexion et l’acceptation nous rassurent, restent les expériences qu’il nous faut vivre pour les comprendre et apprendre à nous connaître.
La vie, la maturité.
Nous en avions parlé dans la chronique de l’un des trois albums, mais il apparaît clairement que la musique d’Arthur Lobert et Xavier Morel possède une maturité incroyable. Celle de ceux qui grandissent chaque jour dans leur vie, qui savent se remettre en question, avancer quand il le faut, se poser quand il se doit. Bizarrement, ils ont commencé, suite à ce disque mère, par la case doubt, peut-être celle, justement, qui nous assaille au début de l’âge adulte et nous ne quitte plus vraiment dès lors que nous entreprenons un virage dans notre existence.
Pourtant, nous devons l’avouer, nous ne savons pas si tous les groupes possèdent cette maturité, cette quête métaphysique du qui suis-je ? Où vais-Je et comment y vais-je ? Leur idée révèle du génie, mais pas de celui qui écrase tout, mais de celui qui pose les fondements de l’être humain. Ce disque étalon en est une preuve indéniable puisqu’il place le concept face à ses responsabilités, ici toutes assumées. L’oeuvre est impressionnante à la fois de maîtrise technique, d’humilité (parce que nous ne voyons jamais dans l’Odyssey une quelconque forme de morale) et d’inventivité.
Crions-nous dès lors au chef-d’oeuvre conceptuel ? Nous ne voulons pas faire nos fans mais nous pensons que nous ne sommes pas loin de nous en approcher. Ce(s) disque(s) d’un autre âge, celui où la musique n’était pas un bien de consommation mais un instrument pouvant changer le monde (ne serait-ce que le notre propre). Il faut prendre le temps d’appréhender chaque disque, chaque morceau, mais cela transforme notre perception du monde, fait évoluer notre philosophie de vie.
Impressionnant et beau, simplement.