[ALBUM] Pi1 SHODOUKAN, Reflection (Odyssey)

Après Question, découvrez Reflection, act II de l’Odyssée de Pi1 Shodoukan.

Le temps des questions est passé. Il est maintenant l’heure de la réflexion. Pi1 Shodoukan poursuit son évolution et pose l’acte II de celle-ci. Reflection, renfermant 4 titres (Curiosity, Study, Logic, Legitimacy), nous propose de poursuivre le voyage initiatique de cette entité virtuelle, plus vivante que jamais.

Toujours instrumental.

Pour ceux qui croient que la musique instrumentale est muette, nous leur conseillons vivement de se plonger dans l’univers de Pi1. Une nouvelle fois, avec Reflection, le duo Toulousain nous démontre que l’émotion dégagée par la musique est aussi, voire plus, brûlante que celle transmise par des paroles. Le pouvoir évocateur de quelques notes de musique possède en effet cet art, contrairement aux mots (enfin dans une certaine mesure), de générer des images très personnelles et, par voie de conséquence, des ressentis uniques.

Mais, nous direz-vous, comment exprimer la réflexion. Vaste question, en effet. L’album s’ouvre ici sur Curiosity. Musicalement, l’entame du titre est légère, presque cartoonesque (un peu à la manière d’un Tom & Jerry, lorsque la souris s’approche d’un Tom assoupi d’un pas à la fois léger et inquisiteur). Bien sûr, le morceau et le reste de l’album ne restent pas en vol stationnaire sur ce début de thème, mais la tonalité est donnée. Qui dit curiosité dit étude, pour répondre à ces interrogations. Ainsi se forme un esprit logique, un esprit réfléchi, capable de trier et d’organiser sa pensée. Cela conduit à la légitimité, en un domaine spécifique ou en tant qu’être humain (ou, une nouvelle fois, comme nous l’évoquions dans l’article relatif à Question, dans l’humanisation d’une intelligence artificielle).

Musicalement, ça donne quoi ?

En environ 80 minutes, soit 20 minutes par titre, Pi1 nous entraîne dans son rock progressif et spatial. Si Question nous évoquait fortement le Pink Floyd s’étendant de la période Meddle à celle d’Animals, Reflection s’émancipe un peu du groupe Britannique pour un rock légèrement plus lourd. Ne vous inquiétez pas, vous qui aimez les longues plages planantes, vous en aurez pour votre argent! Le côté pop atmosphérique est ici bel et bien présent, mais il trouve un contrepoint dans des attaques de guitares plus mordantes.

Cela se prête à merveille au thème de la réflexion. Bien évidemment, quand on se pose des questions, comme sur l’acte I de l’odyssée de Pi1, nous nous heurtons parfois à l’incompréhension (celle-ci était caractérisée par des passages très metal, en fin d’album notamment). Il en est de même dans la réflexion. La différence est que, justement, elle est en partie amoindrie par la connaissance. Le côté metal est moins présent, optant juste pour un côté heavy, en filigrane sur l’ensemble de l’album, même si…

Plus de piano.

Le piano prend ici une dimension plus palpable. Remplaçant les claviers par moments, il délivre quelques notes… de sagesse. Oui, nous pourrions décrire cela ainsi. Une sagesse ou une forme d’apaisement, combien même Reflection s’avère euphorique par instants. Il nous donne en effet l’impression d’un enfant s’émerveillant d’un vol de papillon, d’un enfant qui vit pour la première fois un sentiment d’exaltation, de joie intense (ou de colère, ou de tristesse sur les parties plus sombres de Reflection). Ces sentiments s’expriment ici par une musique plus enlevée (dans la globalité du disque), voire par des passages électros plus dansants.

Le fruit du savoir apporte à l’entité Pi1 Shodoukan une personnalité plus en phase avec la réalité d’un enfant sortant de l’adolescence pour entrer dans l’âge adulte, et en progressant logiquement dans celui-ci. Le propos est une nouvelle fois métaphysique, fort heureusement, Pi1 n’est jamais chiant. Le groupe interroge, mais offre à chacun des réponses qui lui sont personnelles (personnelles à qui écoute, le groupe se contentant d’offrir le terreau de la réflexion). Cela concourt à rendre l’aspect métaphysique non pas divertissant (cela signifierait que la musique du groupe ne s’écoute plus véritablement) mais plus concret dans ses ramifications. Reflection ouvre ainsi une brèche vers le doute (et ce sera l’acte III sur lequel nous reviendrons la semaine prochaine).

La force en douceur.

Avec ce deuxième acte de l’évolution de Pi1 Shodoukan, le duo confirme (même si l’acte II est sorti avant l’acte I, ce qui fort heureusement ne nuit en rien à l’impact et à la cohérence globale du projet) tout le bien que nous pensons de lui. Une nouvelle fois techniquement irréprochable, Reflection possède un pouvoir immersif tout aussi incroyable que Question. Le côté épique de ce dernier laisse cependant place à un sentiment autre, un peu plus blasé. Cela ne veut pas dire que la musique de Pi1 lasse, bien au contraire, cela signifie simplement que son entité n’est plus totalement béate d’un petit rien puisqu’elle intègre des connaissances qui lui permettent de relativiser ses premières fois (sans en ôter le caractère magique pour autant).

Plus que jamais, la musique de Pi1 ressemble à l’être humain, une nouvelle fois avec une économie de mots (seuls quelques passages copiés-collés d’émissions ou de films, en anglais, ponctuent les morceaux). Le travail de Pi1est d’une justesse dingue, où l’émotion reste vibrante du début à la fin. Nous pensons que la musique du groupe représente à merveille son propos, qu’elle intrigue et révèle des secrets qui nous sont intimes, tout en s’inscrivant dans une réalité plus vaste, universelle. Cette intelligence n’entrave en rien le côté intuitif et sensitif de la musique, et si réflexion il y a, elle n’est en rien antinomique avec le plaisir d’écoute.

Un juste équilibre qui ne peut que nous enthousiasmer et nous rendre, purement et simplement, heureux.

Pi1 shodoukan reflection

 

Relire la chronique de Question.

Relire l’article relatif à Odyssey, the evolution of Pi1 Shodoukan

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