OXMO PUCCINO 140 piles

Le dossier du mois de juillet, et celui du mois d’août, sera exclusivement basé sur des ouvrages parus aux Éditions Au Diable Vauvert.

Plus ou moins récents, tous sont très différents. Vous allez donc découvrir l’univers de cette maison d’éditions originale.

Il est plus connu comme le chanteur/rappeur qu’il est, salué pour son élégance, sa culture musicale et son ouverture d’esprit à même de transcender les frontières entre les genres. Si ses succès ne sont plus à compter niveau musique, que ce soit avec son Lipopette bar, ses Larmes de paix ou ses Cactus de Sibérie, Oxmo Puccino écrit aussi sur le web. 140 Piles est le recueil de son passage laissé sur twitter, dont le nombre de caractères, il y a encore peu, ne devait excéder 140 signes maximum.

Exercice de style ?

Ce qui nous marque d’entrée, c’est que ce recueil sonne presque comme une autobiographie dans laquelle l’artiste nous dit peu et beaucoup, à la fois, sur qui il est, sur ce qui le façonne. Sans déblatérer sans cesse du style « moi je », Oxmo Puccino parle de ce qui lui passe par la tête au moment M.

Il faut le savoir, les mo d’Oxmots frappent, sans désir de blesser. Ils sont emplis de chaleur, de celle qui ne brûle pas mais réchauffe les cœurs. Dans ses courtes sentences, Oxmo Puccino ne distille que respect, témoignage d’affection, une communication toute en courbes, sans arrêtes vives où qui s’y frotte s’y pique, non ! Ici tout est doux, à l’avenant d’un homme que nous imaginons toujours proche de ses racines, sachant d’où il vient, en ne reniant rien.

Ici et là pourtant surgissent les mo d’Oxmaux. Un passé qui est désormais derrière lui, mais nous sentons quelques larmes salées d’une tristesse digérées, mais dont le souvenir reste ancré en lui. Il a son histoire comme nous avons la nôtre, pourtant rien ne prédestinait à ce qu’elles se croisent, à travers son parcours ou au travers du nôtre. Il existe pourtant une résonance, comme un écho, entre des vies au demeurant bien différentes.

Jamais vulgaire, ses remarquent amènent à réfléchir, en nuances, avec une légère pointe d’humour. Puccino est et reste toujours le même à travers ces pages et ces 140 signes maximum. Humain, n’oubliant pas qui le fait en tant qu’artiste, il respecte le public (pas son public au fameux moment M, celui au sens large, qui pourrait un jour adhérer à son art) et remercie les villes qui l’accueillent.

Gentleman ?

Assurément.

Certes, tous les mots qu’il utilise bricole traficote ne sont pas de lui, il cite à raison et à travers ceux d’autrui, ceux qui le touchent, La Rochefoucauld, Confucius, Sacha Guitry etc… Les mots d’un peu tout le monde au final, même si ce tout le monde n’est pas n’importe qui. Ces citations proviennent de sa propre culture mais aussi de rencontres fortuites qui ont mis la puce à l’oreille de l’auteur de rap, lui permettant de partager sa philosophie de vie et d’augmenter son répertoire artistique.

Les mots d’Oxmo s’imbriquent comme les pièces d’un tétris sur l’échiquier noir et blanc de la vie et des idées. Sans cesse écrire pour perfectionner son art, sans cesse partager, aimer, recevoir et donner, car on peut perdre et gagner, comme une triste mariée.

Avec ce recueil, nous approchons un homme bon et généreux, un homme posé, un rappeur/chanteur sobre, élégant, classe, mais nous savions déjà un peu tout cela grâce à ses albums et ses collaborations. Il n’empêche, Oxmo Puccino nous touche autrement, différemment qu’avec sa musique, ailleurs que sur scène, à travers la page blanche twitter qui se répercute sur la page de nos idées en jachère.

140 piles, mais tellement plus hors cadre.

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