SERAPHIN, 7665 (déjà disponible chez Single Bel)

Seraphin 7665Quelle est la signification de ce nombre mystérieux ? Et qui est Seraphin ? Si nos questions ne trouvent pas aisément les réponses, la musique qui émane de cet album, elle, s’avère un véritable coup de cœur, celui qui ne nous arrive qu’en présence d’un vrai bon disque.

Sans âge.

L’évidence est criante. Et si elle l’est, c’est parce qu’il apparaît, dès Aniouchka, premier titre de 7665, qu’une vérité sans âge habite l’âme de Seraphin. Celle-ci se nourrit de blues, de rock, d’énergie, et prolonge, sans la copier, l’âme des bluesmen et des grands noms de la musique populaire. Intime autant qu’universel, ce disque se fiche carrément des modes, des diktats, et s’impose, sans écraser quiconque, de manière éclatante. Il prouve, une fois encore, que le talent n’attend pas le nombre des années.

7665, c’est un point de bascule, le moment où une réponse apparaît. Elle est propre à chacun d’entre nous, elle est ce déclic qui nous pousse à agir pour nous, pour une cause, tout comme elle est cet éveil à la vie. Ce point de bascule prend la forme d’un album composé de 13 titres, dont aucun n’est à jeter à la poubelle. Qu’il s’agisse d’un pur son rock n’ roll, bien velu, d’une ballade poétique poignante, tout est ici habité par un souffle quasi divin, ou du moins qui nous prouve que le rock n’est pas totalement mort, et que, venant d’un français, c’en est presque un exploit surhumain.

soutenir litzic

Pour faire en sorte que litzic reste gratuit et puisse continuer à soutenir la culture

Beauté solaire et lunaire.

Tout concourt à notre mettre dans d’excellentes dispositions. Aniouchka plante le décor : une voix grave, légèrement éraillée, un piano à la mélodie imparable, des guitares expressives, une rythmique étendue entre groove sensuel et explosion démentielle, tout est réuni pour que l’amateur de sensation rock se sente chez lui. On pense vite fait Lou Reed, Nick Cave, parfois David Bowie, et des gens moins connus, mais tout aussi excellents (on pense à James Eleganz ou Sol Hess) ainsi que toute une ribambelle de légendes ayant construit notre imaginaire collectif et individuel.

Le chant en anglais est parfait, parfois rehaussé de choeurs célestes, d’une rare pertinence, et est porté par ce premier titre ambitieux de plus de cinq minutes, mais qui ne lasse jamais tant son architecture semble épouser les contours de nos envies les plus profondément enfouies dans notre subconscient. Ce titre, à lui seul, pourrait nous dire que nous touchons au chef-d’œuvre immédiat, statut qu’il acquiert grâce aux titres suivants.

Il y a, chez Seraphin, quelque chose de terriblement sexy, de glam, de rock, émanant d’une mise à nu pleine de pudeur et d’intelligence. Sans doute cela provient-il du fait que Séraphin Morland qui compose textes et musiques sait s’entourer. Il serait vain de nier que les musiciens qui l’accompagnent ont leur part de responsabilité dans la réussite de cet album. En effet, Mayeul Giraud (chœur, piano, guitare et claviers), Camille Arnold (chœur), Tristan Chauvière (basse), Aurélien Debray (batterie, percussions), musicien.ne.s qui reviennent sur une grosse partie des titres, semblent avoir une âme directement connectée à celle du chef d’orchestre. Il en est de même pour les musicien.ne.s additionnel.le.s. Toutes et tous participent à la perfection de l’objet.

Une maturité éclatante.

Nous l’avons déjà dit, ce disque est une mise à nu, pudique, dont les thèmes touchent un peu à tout ce qui fait la vie (amours, temps qui passe, oublie de soi dans des leurres divers, etc.). Avec une acuité rare, et un sens de la mise en scène, Seraphin crée un voyage sensoriel intense, magique, sans oublier d’y mettre les formes. Chaque titre possède sa propre sensualité, sa propre énergie. Si les aspects rock sont les plus aisément décelables, avec une assise « classique » guitare basse batterie, les cordes apportent une dimension sensible plus prégnante.

On lorgne, sur certains titres, une vague idée cabaret (que l’on retrouvait sur le chef-d’oeuvre, lui aussi, de Lou Reed, Berlin) avec un piano acoustique inspiré, des saxophones sexy et des rythmiques bien marquées. Les aspects pop ne sont pas oubliés et résident principalement en arrière-plan par l’évidence criante des mélodies (musicales ou chantées). Le gros son bien velu n’est jamais bien loin lui non plus puisqu’on sent parfois rôder le fantôme de Led Zeppelin aux abords de compositions plus hargneuses.
Séraphin Morland
Plaisir(s).

Seraphin semble s’être grandement fait plaisir sur ce disque (en témoigne l’entame d’Ulysses). Est-ce la condition sine qua none pour pondre un grand disque ? Sans doute que cela y contribue grandement, mais cela ne fait pas tout. Dans 7665, tout s’emboîte à merveille : compositions inspirées, réalisation bien sentie, production typée (elle dégage un je-ne-sais-quoi avec son petit grain sur la voix, une esthétique old school pourtant parsemée d’éléments ultra modernes), interprétation investie, tout y est, y compris un artwork au diapason.

C’est donc une incroyable surprise que ce très grand disque. Inattendu, inespéré, il nous prouve simplement que l’on peut encore produire un disque de rock parfait, dans l’éthique et l’esthétique, avec une âme immaculée, non pervertie par l’envie de vendre ou de faire parler de soi, mais simplement par l’envie de s’exprimer tel que l’on est, au plus profond de soi (en un mot : humble). Seraphin parvient donc, avec maestria et sensibilité, a réunir fond et forme dans un objet que l’on chérira très longtemps. Incontournable.

LE titre de 7665.

Aniouchka, It’s just a melody (et son penchant français C’est juste une mélodie), Carolina lunch time, Fifty miles away for six feet under, The end is going on, Thursday Game, Ulysses, tous se tirent une bourre monumentale. Notre préférence se porte sur Carolina Lunch Time. Pourquoi ? Parce que c’est très subjectif, l’art, et que l’on n’a pas toujours à se justifier.

soutenir litzic

Pour faire en sorte que litzic reste gratuit et puisse continuer à soutenir la culture

Nous retrouver sur FB, instagram, twitter

 

Ajoutez un commentaire