JAMES ELEGANZ The only one

james eleganz the only one chroniqueJames Eleganz, nouvel album The only one (sortie le 12/04 chez ZRP)

Pari risqué du pseudo.

Quand on choisit pour pseudo James Eleganz (vous pouvez le suivre ICI), il faut l’assumer. Parce que, dans un cas, cela peut paraître mensonger, dans l’autre signe d’un melon digne d’un John Legend (qui n’en est pas une du tout). Donc, quand nous recevons le disque, nous nous demandons si le gus est vraiment élégant ou s’il s’agit d’une posture. Pourtant, dès le premier titre, Lasso the moon, les doutes se dissipent dans un nuage de poussière, en provenance directe du studio Rancho De La Luna aux États-Unis et du désert de Joshua Tree.

Il faut savoir que James Eleganz, rennais d’origine, est le premier artiste français à enregistrer dans ce fameux studio. Cet endroit a vu défiler de minuscules artistes ou groupes, dont Queen of the stone ages, Artic Monkeys ou bien encore Mark Lanegan. Excusez du peu. Il n’est dès lors pas étonnant de ressentir, dès les premières mesures de The only one, un profond décalage horaire avec cette americana pure jus, forcément élégante parce qu’en prise directe avec l’esprit des lieux.

Mais cela ne fait pas tout.

S’il n’y avait que l’ambiance des lieux pour jouer sur le souffle de l’album, l’ensemble pourrait vite retomber comme un soufflet si d’autres ingrédients ne s’y mélangeaient pas. Le premier concerne le travail de composition de James Eleganz. Les titres composés par le musicien (et ceux composés à plusieurs mains, ainsi que les deux reprises) sont superbement mis en valeur, sont très cohérents, avec cette empreinte americana marquée mais aussi par un soupçon, un je-ne-sais-quoi légèrement, non totalement punk dans l’esprit.

Il se traduit par une voix dépouillée de tout artifice, pure, légèrement imparfaite (ce que, nous ne vous apprenons rien, est synonyme pour nous de supplément d’âme), elle nous fait penser, sur un titre comme Hide away, à celle de Lou Reed. Imparable en matière d’élégance et de bon goût. Musicalement, l’ensemble se veut également relativement exempt d’effets de manche. La production est sobre, ne joue pas la surenchère, mais sait mettre en valeur les guitares et le piano, et la pedal steel qui sonne tout sauf ringarde ou typée « bouseux ».

Les percussions nous réfèrent, elles aussi, à quelque chose qui sent bon la poussière, les abords du Mexique, ou du Texas, avec ses sonorités assez sèches, mais pas arides. Le tout confère au disque une aura magnifique de grands espaces à perte de vue, ou l’isolement, pouvant conduire à la folie, se trouve ici source d’un réconfort de se trouver à la bonne place.

Points de convergences.

Pourtant, il existe aussi un côté « cabaret » dans ce disque. Nous nous expliquons. Pour qui connaissent le Berlin de Lou Reed, nous ressentons parfois certaines accointances entre les deux disques. Celle-ci réside plus que probablement dans le fait que James Eleganz a été très bien entouré pour The only one. En guise de réalisateur artistique (producteur quoi), il est accompagné par Toby Dammit (clavier des Bad seeds et longtemps batteur auprès d’Iggy Pop), Celui-ci propose à James Eleganz d’arranger certains disque dans l’esprit Outlaw de Nashville. Il lui propose aussi, pour européaniser le son de l’album, de le mixer à Berlin.

Tout cela donne une saveur toute particulière à l’album, un petit quelque chose d’unique mais qui évoque cependant des grandes œuvres enregistrées par là-bas (dont le fameux album de Lou Reed). En ce sens, on adore le côté déglingué de certains pianos, free, qui tombe à point nommé pour enrayer un début de ronronnement (qui ne survient donc jamais). Il existe aussi cette saveur particulière relative à la capitale allemande qui, dans une autre mesure, correspond à celle du studio Rancho de la luna, à savoir une empreinte sonore distincte. Pourtant, les deux personnalités se marient à la perfection et apporte une patte unique à l’ensemble.

Au final, The only one s’avère un disque plus qu’addictif. Nous retrouvons des éclairs rocks certains, un certain esprit punk, une americana européenne qui ne vire jamais aux codes country que parfois nous ne maîtrisons pas, un chanteur impliqué, pour ne pas dire habité (notamment sur un Wedding song qui clôt l’album de façon, à notre goût, magistrale). Aucune faute de goût, aucune longueur pour ce disque qui nourrit notre fantasme des states. Sans oublier l’élégance…

Le pseudo choisi est donc validé, haut la main. James Eleganz a la classe. Point final.

Si vous aimez les sonorités americana fantasmées, Baptiste W.Hamon est fait pour vous

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